Les mystères de Tian'Amen : les émeutes de Lhassa 1989
Depuis le 27 septembre 1987 la province du Tibet est agitée par des troubles. Les causes sont nombreuses. D'abord internes aux Tibet : propagande chinoise, répressions des opposants, internationalisation de la cause tibétaine et aussi paradoxalement l'assouplissement de la politique chinoise autorisant par exemple en 1986 la Fête de la Grande Prière qui fait craindre aux indépendantistes une normalisation entre Pékin et les élites tibétaines. Ensuite externes avec en 1987 l'éviction du réformateur chinois Hu Yao bang. Il en résulte une première phase de manifestations violemment réprimées par les forces de sécurité.
En 1989 la situation toujours fragile va empirer et déboucher sur la vague de violence la plus importante depuis la Révolution Culturelle. La mécanique annonce les futurs troubles de Pékin. Comme pour les événements de Tiananmen, tout part d'un décès. En effet le 28 janvier 1989, quelques jours après un discours historique critique envers la
politique chinoise où il constate que le progrès apporté au Tibet par la Chine ne saurait compenser la
somme de destructions et de souffrance infligée au peuple tibétain et où il affirme sa loyauté envers le 14è Dalaï Lama, le
10è panchen-lama décède d'une crise cardiaque à
Shigatse, à l'age de 50 ans. Des soupçons jamais confirmés d'empoisonnement circulent au Tibet. Au même moment, Hu Jintao arriva à Lhassa
en janvier 1989, suite à sa nomination de Secrétaire de la Région
“autonome” du Tibet. Cet
ambitieux personnage joue sa carrière future.
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Le panchen-lama (à gauche) et Hu Jintao à sa gauche |
Or du 5 au 7 mars des manifestations secouent Lhassa commémorant le départ en exil du dalaï-lama. Dès le premier jour la police fait preuve de violence, lançant bouteilles, grenades lacrymogènes sur les cortèges avant de tirer sur la foule. Dans leur repli les manifestants saccagent les magasins chinois. Le lendemain les violences reprennent : magasins et bâtiments officiels sont incendiés tandis que la police mène une chasse à l'homme, frappant les civils et abattant plusieurs dizaines de suspects. Pourtant le mouvement prend de l'ampleur et le 7 mars le centre de Lhassa est aux mains des manifestants. Pour une courte durée car pendant la nuit du 7 au 8, Hu Jintao et les membres du gouvernements de la région autonome ont décrété la loi martiale. Des milliers de policiers renforcés par des militaires prennent position autour du centre, les journalistes occidentaux sont expulsés de Lhassa, les rassemblements sont interdits, un couvre-feu est imposé et les forces de l'ordre ont carte blanche pour arrêter toute personne suspecte. A Partir du 8 les troupes entrent dans la ville. La répression en particulier dans le quartier tibétain est féroce et le bilan de la reprise en main est encore vague. 500 morts au minimum plusieurs milliers de blessés et 3000 emprisonnements. Plus importante est la découverte dans les années suivantes du fait que les autorités chinoises envoyèrent des policiers et des agents infiltrés le mouvement d'opposition pour provoquer des troubles et justifier la sanglante répression. Une sanglante répétition des événements à venir lors du printemps de Pékin.
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les émeutes |
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après la reprise en main |
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manifestants |
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Hu Jintao saluant les troupes |
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la loi martiale |
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la loi martiale |
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la loi martiale |
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manifestants |
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