A redécouvrir

émeutes de 2014 au Vietnam

Les îles de la discorde


L'information est passée très vite sur les médias occidentaux. Le Vietnam a été le théâtre de violentes émeutes dites anti-chinoises, les plus violentes depuis la guerre de 1979. 22 provinces sur 63 ont été touchées, une centaine de blessés, un nombre de morts flou (entre 1 et 20), 400 entreprises visées, 600 arrestations et 3 000 ressortissants chinois évacués. Les causes de cette flambée sont multiples. L'étincelle vient à nouveau des conflits en mer de Chine, autour des îles Paracels, occupées par la Chine depuis 1974 mais revendiquées par le Vietnam. Une bataille navale opposa d'ailleurs les deux anciens alliés en 1974. Depuis les tensions ne se sont pas apaisées et l'installation d'une plateforme pétrolière par la Chine en 2014, le bombardement au canon à eau d'un navire vietnamien,  la construction d'îles artificielles ont mis le feu aux poudres. Ces îlots recèlent en effet des ressources pétrolière, halieutiques convoitées. Cette crise rappelle que contrairement à une idée reçue Chinois et Vietnamiens entretiennent des relations tendues depuis le Moyen Âge, le Vietnam ayant dû lutte contre l'impérialisme chinois. L'alliance entre les nations contre les colonisateurs occidentaux ne fut qu'un intermède interrompu en 1974 mais surtout en 1979 lorsque la Chine envahit le Vietnam pour protester contre l'intervention de Hanoï contre les Khmers Rouges du Cambodge. La crise de 2014 illustre la flambée du nationalisme en Asie du Sud-Est, orchestrée par les pouvoirs locaux et exacerbé par la diplomatie maladroite et brutale que Pékin. Et celle-ci n'en finit pas de renaître comme l'illustre en janvier 2016 les protestations vietnamiennes suite à l'atterrissage d'un avions civil chinois dans les îles de la discorde.


Mais ces émeutes vont au-delà de la simple contestation/manipulation nationaliste. Les entreprises saccagées ne sont pas que chinoises : sud-coréennes, taïwanaises. Le mouvement s'est en effet transformé en contestations sociales dont les firmes asiatiques étrangères, accusées d'employer davantage leurs ressortissants que les locaux furent les cibles. D'où le débordement des pouvoirs politiques dépassés par un mouvement incontrôlable et dangereux pour un pays dont l'économie dépend des firmes étrangères : pèsent 100 milliards d'euros dans l'économie locale, emploient 2,1 millions de vietnamiens et représentent 1/3 des exportations vietnamiennes via la sous-traitance notamment.

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