A redécouvrir

biri girls

Biri Girls A.K.A Flying colors



Si vous n'avez pas le moral, voici le film qui le vous redonnera. Biri Girls  est une petite sucrerie japonais, merveilleuse histoire scolaire, conte optimiste sur l'adulte et l'adolescent. 

Rencontre du troisième type

S'inspirant librement de la vie du professeur Tsubota, le film nous présente Sayaka Kudo, une jeune fille japonaise qui vit avec sa sœur et son frère en banlieue de Tokyo. Son père s'occupe de son fils qu'il voit promis à un brillant avenir de joueur de baseball et c'est sa mère qui s'occupe du cursus scolaire de ses deux filles. Si tout va bien pour sa sœur, Sayaka est à la  dérive. Dès l'école primaire, l'élève sérieuse est isolée et ne trouve aucun soutien parmi les enseignants qui la laisse dans son coin subir les vexations et l'ennui. Ce quotidien est insupportable à sa mère qui décide de la changer d'école et d'intégrer une prestigieuse institution.

Et là tout change ou presque. Sayaka se fait des amies et la timide devient une fashion victime, une biri girl (expression désignant les lycéenne en mini-jupe) plus préoccupée par son look, les sorties entre amies que les études. Bonne dernière de sa classe, elle continue d'être ignorée par les enseignants qui la qualifie de « déchet » et considère qu'elle porte du tort à l'image de l'école. C'est alors qu'envoyée en tutorat dans une institution indépendante elle rencontre le professeur Tsubota, une jeune enseignant au méthode peu orthodoxe, foncièrement optimiste et qui décide de l'aider à intégrer la prestigieuse université de Keio. 


Une Comédie scolaire, éloge de l'humain

Biri Girls c'est d'abord une formidable comédie. Sayaka c'est un peu Nabila qui voudrait intégrée Normal Sup. Incarnée par la sublime Arimura Kasumi, Sayaka n'est pas une lumière. Elle confond Nobunaga, Hideyoski et Tokugawa avec une comptine, ignore l'existence du Nord et du Sud ou découvre que le Japon n'est pas gouverné par un président. On rit énormément dans la première partie du film devant l'ampleur de son inculture obligeant son enseignant à lui réapprendre les bases de primaire. D'ailleurs le face à face avec sa petite sœur qui en sait plus est jouissif. Et le film maintient sa force comique en faisant dériver la farce sur les autres personnages : son professeur du lycée et son pari stupide. L'émotion de Tsubata et des autres étudiants ; le président/balayeur ; le gant troué...Le film distille de subtiles pointes d'humour qui culmine avec l'examen et les problèmes de canette (je n'en dis pas plus mais c'est à mourir de rire). 

Le film garde ainsi son équilibre. Car évidemment c'est aussi une histoire amère. Le film pointe du doigt les dérives de la compétition, des cours particuliers pour intégrer les facultés réputées. Comme dans la série G.T.O il centre son propos sur le rôle essentiel du professeur. C'est une superbe relation qui se tisse entre M. Tsubata, ancien cancre et un groupe d'élèves ne perdition. Tsubata a confiance en eux et centre son projet sur cette idée. Tout en étant exigeant il explore les secrets du mental démontrant l'inefficacité de l'humiliation et des brimades. Par contraste le fonctionnement du lycée est dénoncé : seules comptent les statistiques. 


Une Satyre familiale portée par des acteurs incroyables

Le plus intéressant dans la partie dramatique ne réside pourtant pas dans cette « critique » scolaire mais dans l'immersion dans la famille de Sayaka, entre le père vivant par procuration ses espoirs de carrière sportive en mettant une pression folle sur son fils, entre l'absence de dialogues et de compréhension entre Sayaka et ce père jusqu'à un final touchant et beau, rédemption subtilement amenée. Ce film se permet en plus quelques effets de mise en scène symbolique intéressants : les passages éclairs du shinkansen, métaphore du destin que Sayaka regarde partir jusqu'au moment où elle décide de le prendre (et le train est à la fin filmé circulant dans l'autre sens) ; les incrustations permettant de jouer sur les erreurs de traduction de Sayaka. 

Un mot encore sur les acteurs. Comme le montre le générique de fin (à ne manquer sous aucun prétexte) ils se sont éclatés et cela se voit. La jeune Arimura Kasumi est sublime ; Ito Atsushi le geek amoureux de densha Otoko utilise tout son talent  pour donner corps à Tsubata (il nous arrache même des larmes à la fin) ; que dire de la prestation de Yo Yoshida et Tetsushi Tanaka (habitué des rôles de gansters), les parents de la jeune Sayaka qui nous font ressentir toute l'évolution de cette famille en perdition et qui se reconstruit.

Une douceur nippone donc qui transcende son propos classique pour nous faire ressentir de belles émotions.


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