Fin des années 1980 Hu Bayi, Wang
Kaixuan et Shirley Yang forment un trio de mojin, des pilleurs de
tombes légendaires dont l'art ancestral remonte au premier temps de
l'empire. Mais après une exploration qui faillit mal se terminer, Hu
Bayi le leader a décidé de raccrocher et de vivre à New York
comment vendeur ambulant de faux objets d'arts chinois. Mais voilà
qu'un mystérieux commanditaire contacte Wang Kaixuan pour qu'il
retrouve la fleur d'équinoxe, une relique au pouvoir étrange cachée dans le tombe de princesse Aogu de Khitan au cœur de la Mongolie.
L'ancien voleur réticent malgré la colossale prime se lance à
l'aventure pour des raisons secrètes liées à un épisode
douloureux du passé des deux voleurs. Ses amis décident de l'épauler.
Mojin film chinois va en surprendre
plus d'un. Production ambitieuse nourrie aux influences d'Indiana
Jones, de La Momie, de Benjamin Gates et d'Armour of Gods de Jackie
Chan, son nom d'origine The Gouls a été modifié à
l'internationale pour ne pas trahir l'esprit du film. Car s'il y a du
fantastique, c'est aussi un grand film d'aventure et une comédie
réussie. Le film fonctionne très bien par son écriture qui alterne
les scènes d'actions pures (acrobatie, combat, énigmes) dans des
décors audacieux et beaux (la base souterraine, le tombeau..) ;
les scènes de comédie jouissives portées par un Wang Kaixuan en état
de grâce multipliant les gaffes (la scène de la porte cachée, les
jeux sur l'homosexualité...) et des moments tristes, nostalgiques
transportant les deux héros masculins dans leur passé de jeunes
gardes rouges (un élément dont nous reparlerons). Pendant deux
heures le réalisateur Wuershan nous transporte de New York en
Mongolie, sous terre, sous les eaux avec brio. Son film est traversé
d'hommages au cinéma d'aventure. Indiana Jones avec le pont
suspendu, les portes piégés, le fouet ; Benjamin Gates et les
plans en plongée sur des escaliers monumentaux, la Momie et surtout
la série des Armours of Gods : pêle mêle la secte d'illuminés
aux capes noires (bienvenue Armour of Gof I), la coupe de cheveux et
les mimiques de Wang Kaixuan référence astucieuse à Jackie Chan.
Le film ne limite pas à de la citation. Ces références sont mises au service d'une chasse au trésor qui est servie par de magnifiques
décors, des effets visuels bons voire très bons pour une production
chinoise (quelques effets numériques à améliorer pour le ciel et
l'eau sur la fin), des scènes de combat bien rythmées contre les
soldats momifiés, contre Yuko la tueuse au piolet. Sans oublier une
forte dose de fantastique voire d'horreur pure. Le tout profite d'une
bonne dose d'humour très asiatique : quiproquos, engueulades
d'amoureux en pleine scène d'éxcécution (classique mais toujours
efficace) des gags en pagaille servis par le duo Wang et Grill
(sidekick au sommet de sa forme humoristique). En tant que film
d'aventure classique Mojin a déjà parfaitement tenu son rôle.
Le film pourtant va plus loin que le
simple divertissement en offrant une dose d'émotion pure autour du
souvenir de la jeune Ding et sa disparition (?) tragique. Il explore
surtout une zone totalement inédite en évoquant et critiquant
(subtilement) la période de la révolution culturelle. Le retour sur
le passé de deux des pilleurs de tombes permet à Wuershan de
décrire les affres de cette période sombre, l'embrigadement aveugle
des gardes rouges citant des passages du petit livre rouge et
détruisant des trésors culturels au nom de la révolution
prolétarienne. Le sort qui attend la brigade de jeunes fanatisés
est d'ailleurs une dénonciation très audacieuse et même une
sanction quasi naturelle.
Niveau acteur, le casting est 5
étoiles ; Qi Shu révélée en Occident par le Transporteur 1
et figure incontournable du cinéma chinois d'action (Chinese zodiac)
aussi sexy que douée pour la comédie ; Kun Chen vu dans
Detective Dee et surtout dans Balzac et la petite tailleuse
chinoise ; Huang Bo le génial magouilleur de Black and White
The Dawn Of an assault ; Angelababy croisée également dans le
premier opus de Black and White, autre figure féminine envoûtante.
Que manque-t-il à ce film pour
atteindre le rang de classique ? Quelques effets spéciaux mieux
ciselés encore plus d'audaces dans la narration. Mais ne boudons pas
notre plaisir, Mojin est assurément la surprise du cinéma de
divertissement chinois de 2015. Bien réalisé, bien joué, bien
écrit, il mériterait de trouver un distributeur en France.
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