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Cold War critique

Un coup d'essai magistral


Sunny Luk et Lok Man Leung sont deux jeunes réalisateurs et scénaristes hong kongais dont il va falloir suivre la carrière. Amateurs de film policier, c'est ce genre qu'ils choisissent pour réaliser leur premier film Cold War et renouveler un genre passionnant qui fait les beaux jours des salles de cinémas de Hong Kong. 


Une ville sous tensions

L'histoire nous transporte dans la ville considérée comme la plus sûre du monde avec ses caméras partout, ses policiers triés sur le volet, ses patrouilles fréquentes. Alors que le chef de la police se rend à l'étranger participer à une conférence, une explosion frappe le quartier de Mongkok tanquis qu'un camion de police et ses cinq occupants sont enlevés malgré tout l'arsenal de surveillance. Dans la ville c'est la stupeur et au sein de la police c'est le scandale. Tout va être tenté pour retrouver les otages sans informer la population des failles du système mais les passions et les intérêts personnels vont tout faire dérailler.

Ce film est un drôle de polar. Ne cherchez pas des gun fights de malade dans le style John Woo, une mise en scène stylisée chère à Tsui Hark, un style épuré à la Johnnie To, Cold War c'est un peu de cela et surtout une idée de scénario développée par un sens inné de la mise en scène. Ce qui frappe en effet dans le film c'est la qualité technique du film. L'une des marques de fabrique des deux créateurs (repérée dans le film suivant Hélios) ce sont les long travelings de la ville vue du ciel. Une beauté qui renforce le propos du film sur la surveillance et qui fonctionne comme une déclaration d'amour à cette métropole blottie au pied du Pic Victoria. Cette mise en scène s'appuie sur une photographie exceptionnelle que ce soit de jour ou de nuit. A nouveau les plans sur la vile sont somptueux à la fois épurés et riches par leur couleur, le jeu des lumières. Ce talent permet aux réalisateurs de parfaitement maîtriser le rythme entre les quelques scènes d'action magistralement orchestrées, courtes mais intenses (gunfight sur l'autoroute) et scènes de dialogue/d'analyse où se nouent la terrible lutte de pouvoir au sein de la police.

Une scénario brillant

Le film est très original dans sa construction. En première partie il décrit la course contre la montre de la police pour récupérer ses hommes sains et saufs. Dans ce premier acte, l'enquête, le jeu de pistes, la paranoïa fonctionnent à fond. Et pourtant cette partie quoique efficace reste classique. C'est le second acte qui permet au film de prend son envol. Celui-ci nous plonge dans le cœur des forces de police de Hong Kong où la quête de pouvoir, les luttes d'ego font rage. Et le titre prend ici tout son sens à travers la lutte entre Tony Leung Ka-Fai toujours aussi classe malgré les années et Aaron Kwok. Mais gare aux apparences car la marque de fabrique des deux réalisateurs c'est de nous nouer des intrigues très complexes et ici ils font fort. 

Avec un sens inné du suspens, ils nous tiennent en haleine pendant 1 h 50 ménageant les révélations, exploitant les ressources du casting cinq étoiles Gordon Lam, Andy On ou Andy Lau. Toutes ses stars ne sont pas là pour faire des caméos. Elles sont des pièces d'une terrible machination qui emporte la police, les affaires internes et brise toutes les certitudes. D'autant plus que les deux réalisateurs nous ménagent une surprise en toute fin de film, comme dans leur film suivant Hélios, faisant de Cold War le premier volet d'une saga !!! Et c'est ce qui fascine à travers leur courte filmographie : des films feuilletonnant s'inspirant de la construction des séries. Parti pris audacieux et qui fonctionne. Carton au box office, la suite est prévue en 2016 avec l'arrivée au casting de Chow Yun Fat.


Premier film, grosse prise de risque, grosse réussite, Cold War lance idéalement la carrière de ces deux jeunes réalisateurs pétris de talents et d'idées. Un très bon polar surprenant donc on a hâte de voir la suite/les suites/


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