L'un des axiomes de l'architecture hypermoderne vise la fusion du bâtiment et de son milieu. Cette volonté tranche avec les construction post 1950 à travers cette démarche constante d'intégrer l'objet et son environnement. Cette symbiose entre l'oeuvre et son environnement réinterprète la place de l'architecte. Son talent ne s'exprime pas dans l'occupation massive presque outrageuse du paysage mais dans sa capacité à s'insérer humblement dans un ensemble. Les trésors qu'il déploie pour obéir à cette logique de fusion constitue le nouveau périmètre d'expérimentation de son art. En Autriche, le cabinet Hope of Glory a poussé cette volonté presque à l'extrême.
C'est au centre ville historique de la ville de Graz qu'a été construit un nouveau bâtiment résidentiel. Le quartier est très marqué par l'urbanisme du 19è siècle : larges fenêtres, symétrie, moulures, corniches. C'est dans un vide entre deux immeubles que le cabinet a décidé de réaliser un bâtiment hommage au paysage historique et typique du langage contemporain. Dans sa forme l'immeuble tranche avec les standards du 19è siècle. Le bâtiment est incliné au sommet et sa façade se décompose en surfaces triangulaires. Ce choix permet de lier symboliquement les deux bâtiments voisins de taille différente. Les lignes des triangles relient en effet les corniches voisines. Pour complexifier l'effet recherché, le nouveau bâtiment organise sur 4 niveau des rangées de fenêtres parfaitement symétriques mais plus petites que les bâtiments voisins. Ainsi tout en reprenant des éléments du quartier, ce complexe s'en détache par l'adoption de formes propres et d'une organisation en façade décalée. L'arrière, invisible depuis la rue, est totalement déstructuré et offre à chaque appartement un balcon décalé des voisins pour offrir un ensoleillement maximum. De petites cours discrètes ont été dessinées tranchant totalement avec le style de la rue.
Pourtant le résultat de l'ensemble se fond totalement dans le quartier par le choix audacieux d'une façade miroir faite en acier inoxydable poli, un matériau ultra moderne, solide et qui apparaît aussi lisse, pur et solide que le verre. Nous avons déjà observé les potentialités de cette nouvelle texture de surface (voir l'exemple de ce
café au Japon ou du château de
Rentilly en France). Ici l'expérimentation va plus loin car le procédé est employé au coeur d'une centre ville historique. Les architectes ont décidé de jouer de la plasticité de cette surface et de profiter des jeux d'ombres et de lumières, des reflets des façades, de la lumières du jour pour jouer avec nos sens. Via la réflexion, ce complexe représente les façades opposées subtilement, légèrement déformée par l'inclinaison de la façade.
Il en résulte une impression de kaléidoscope, d'image flottante qui réussit le pari à la fois d'inscrire durablement ce bâtiment dans la rue tout en le dématérialisant.
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