Grosse attente que la sortie de ce
nouveau long métrage de la série Ghost in the Shell sur grand écran. Ce nouvel opus est un produit multiple, origin story,
remake astucieux du premier film surtout conclusion de l'arc ghost
in the shell arise. Une mise en garde ce film peut perdre les néophytes étant donné qu'il a été conçu comme le
dénouement sublime de la série de 10 épisodes .
Quand on parle de Ghost in the Shell
il faut toujours rappeler l'histoire et la genèse d'une série
mythique qui a su s'adapter aux différents médias (manga originel
de Shirow, nouvelle série papier, longs métrages d'Oshii, série,
O.A.V) sans dénaturer le matériau d'origine ni en trahir l'esprit
(en attendant la future adaptation d'Hollywood...). Ghost in the
Shell propose une plongée dans un futur pas si lointain où
l'Intelligence artificielle, la bio-mécanique ont permis d'optimiser
l'être humain. Cyborgs, I.A, être humain optimisé se côtoient. Et
bien sûr la criminalité s'est adaptée en exploitant les capacités
de détourner, pirater les cerveaux humains, les ghosts. Face à ce
danger redoutable, le gouvernement a mis en place une unité spéciale
la section 9 chargée de lutter, de traquer les pirates et autres hackers de
la pensée. A sa tête le major Makoto, Kusanagi, une humaine améliorée (corps cybernétiques, cerveau cybernétique, seuls ses souvenirs
sont identiques) et une équipe d'élite recrutée dans différents
services. La série Arise se penche sur la formation de cette épique
et sa lutte face à un terroriste capable de pirater plusieurs
ghosts simultanément et de leur implanter de faux souvenirs : le Fire
Starter. Le long métrage reprend là où la série s'est arrêtée
c'est à dire la mise hors service supposée du hacker responsable du
fire starter.
Sans dévoiler l'intrigue le film
commence fort. Alors qu'une prise d'otages se déclenche dans une
ambassade, le premier ministre japonais et l'ancienne chef du major
sont assassinées dans un attentat. Pour la section 9 l'enquête qui
débute les confronte à une lutte féroce dans les hautes sphères
sur fond d'intrigue politico-cybernétique, de lutte pour le contrôle
du marché de la cybernétique et plongée dans le passé du major.
Il ne faut pas en dire plus sans risquer de dévoiler et de gâcher
la richesse de l'histoire. Car la première qualité de ce film c'est
de faire honneur à l'ambition scénaristique de la saga. S'il
n'atteint pas la profondeur philosophique des films de Oshii (surtout
le second), le film tient la route. L'intrigue est dense et nécessite
de bien la suivre pour ne pas être décroché. Tout est complexe :
la lutte politique, les trahisons et surtout les applications de la
cybernétique sur le monde du futur. Les pièces s'imbriquent jusqu'à
un final qui va en surprendre plus d'un. Comme pour le film originel,
on lit à travers ce conte futuriste une analyse parfois sans
concession du Japon moderne où affairisme, collusion public-privé,
entrisme gangrènent le système et aussi espoir de formation de sphère asiatique économique. Le film permet aussi d'approfondir
l'explication du ghost, élément central de la saga qui est toujours
resté un peu flou. La seconde qualité du long métrnge c''est
l'animation. Le travail du studio Production I.G est encore
exemplaire. Superbes plans 3D, une fluidité des séquences et une
lisibilité sans failles des scènes d'action. Notons la créativité
des scènes de combat, le cadrage qui permettent encore de renouveler les
potentialité des corps cybernétiques. Ce qui est intéressant
c'est que le film fonctionne à la fois comme conclusion de la série
et comme film à part entière. Si les références sont nombreuses,
le film n'en garde pas moins une identité, un rythme propre. La
troisième qualité c'est l'humanité qui se dégage de ces
personnages chez qui pourtant la part d'humain se réduit. Tout un
pan de l'intrigue tourne que ce questionnement existentiel autour de
l'âme humaine. C'est une des forces du studio que de donner de la
chair à ces corps lisses presque parfaits en jouant sur la musique,
les regards, les ambiances. Dernier point fort, cet oeuvre réussit à rendre hommage
au film de 1995 sans tomber dans la copies lourde. L'une des
dernières scènes du film où l'on voit le major en contre-plongée
fonctionne à plein pour réunir ces deux œuvres distantes de 20 ans
d'intervalles.
Il y avait grand risque que ce nouveau
ghost in the shell échoue à réactualiser l'univers de la section
9. Une nouvelle fois les scénaristes sont parvenus à construire une
origin story ambitieuse complexe et qui ne prend pas le spectateur
pour un imbécile. Il risque donc par son ambition de rebuter un
certain public habitué aux films qui vous prennent par la main,
pourtant il serait dommage de passer à côté d'un œuvre aussi
vivifiante.
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