En psychiatrie
Une femme, Asuka Sakura se réveille attachée sur un lit d’hôpital, sans savoir ce qu’elle fait là. On lui apprend qu’elle est internée en unité psychiatrique à la suite d’une tentative de suicide dont elle n’a aucun souvenir. Voici le synopsis de ce petit bijou du cinéma japonaise illustration de la vitalité, de l'audace et de l'art de surprendre.
Scènes de vie
Le film par certains côté rappelle Vol au dessus d'un nid de coucou. En effet la situation est identique de prime abord. Une femme, écrivaine pour les journaux, se retrouve enfermée d'abord dans une chambre de confinement puis dans un univers de folles. Elle est la seule à avoir la tête sur ses épaules mais son compagnon et l'institution la jugent dangereuse pour elle-même. La voilà obligée de suivre le traitement standard : nourriture mixée (ce hamburger à la consistance de mucus nasal), rendez vous chez les médecins et observation scrupuleuse des infirmières. C'est pour elle l'occasion d'une plongée dans l'univers des troubles mentaux et l'occasion de franches tranches de rires.
Entre la phobique de la nourriture qui passe sa journée à marcher vite pour éliminer les calories apportées par sa perfusion, celle qui la suit tout le temps, la vieille folle en kimono traditionnel qui se croit en visite, l'ancienne actrice X cleptomane et cruelle, la cosplayeuse, le film brosse un tableau cruellement drôle. De même pour Asuka dont les flashbacks nous font découvrir sa vie là encore décalée : son premier mari qui manque de s'étouffer avec un verre à saké, son compagnon star destroy de la télé, l'appartement véritable bazar digne de las vegas parano sans oublier les scènes autour de l'urne funéraire. Et puis il y a les infirmières, leur chef en particulier insupportable de prime abord. Le film servi par un montagne énergique, parfois lorgnant sur le manga, ose un rire décomplexé pendant 1 H 20.
Mais en même temps cette farce lorgne aussi vers le drame. D'abord il y a l'histoires des filles anorexiques dont l'une est jouée par la merveilleuse Yu Aoi. Le rire laisse place au désarroi, à la compassion. Il y a surtout l'histoire de Asuka. L'itinéraire vers l'accident ou le suicide est décrit lentement à coups de flashback, d'évocations non expliquées tout de suite. Lentement se met en place la mécanique du drame et Asuka l'espiègle devient la déprimante et sans dévoiler le cœur de son histoire le film prend un tour beaucoup plus sérieux. Du coup les personnages des infirmières deviennent aussi éminemment sympathiques et l'on finit par ne pas prendre partie. Sensation renforcée par la fin, un rebondissement comme en raffole les asiatiques pour ne pas tomber dans le mélodrame facile.
Cette construction très intelligente dans son montage s'appuie sur un casting solide. Les actrices s'éclatent à merveille dans un univers gentiment dingue et savent passer de la comédie au drame. Car et c'est là la qualité de ce film, tout est histoire d'émotion. Peu d'effets de style exagérés si ce n'est une très bonne caméra servie par une photographie parfaite et un film qui vous balade du rire aux larmes. Et cela est rendu possible par le jeu exemplaire. L'actrice qui incarne Asuka est merveilleuse incarnant tous les stades de l'incompréhension et de la détresse. Une palme également pour les "anorexiques" dont Yu Aoi méconnaissable. Mention spéciale pour le compagnon d'Asuka, une des rares présences masculines dans cet univers de femmes : il compose un personnage à mi-chemin entre Beat Takeshi (pour ses prestations télé) et les publicistes destroy de 99 francs.
En définitive un très bon film terriblement surprenant, Une parfaite entrée en matière pour celles et ceux qui aimeraient découvrir le cinéma nippon.
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