Puella magi madoka magica rebellion : l'équilibre de l'âge adulte
La trilogie réalisée par Gen Urobuchi a fait exploser le traitement classique des magical girls. Pour ce troisième volet, le réalisateur propose une histoire originale prenant place après les événements narrés dans la série. L'histoire nécessite néanmoins d'avoir vu les deux premiers épisodes pour comprendre l'ampleur des enjeux. Coupons net à tous suspens le film est à nouveau une réussite et hisse la série au rang de chef d'oeuvre de l'animation formellement mais surtout pour ses thématiques
L'histoire nous plonge dans l'univers d'une ville où nos magical girls sont en vie y compris Madoka, à nouveau réunies et continuent à combattre des forces sombres. Mais les sorcières ont été replacées par des créatures éthérées dont les magical girls sortent facilement vainqueurs. Tout va bien dans ce monde idyllique mais Homura a la sensation que quelque chose de tourne pas rond. Le film prend le parti de nous immerger tout de suite dans un univers complexe où pendant 30 mn le spectateur même averti est perdu car tout a changé. Madoka est heureuse et ne pleure plus, les magical girls ne s'opposent plus, les adversaires semblent moins dangereuses et une nouvelle créature les accompagne. Ce qui frappe dans ce 3è film, c'est que visuellement le réalisateur a pris le pari de proposer un univers complètement différent. Désormais le monde de la magie, les créatures mystiques ressemblent à des marionnettes articulées extrêmement colorées. L'effet est saisissant car si les magical girls sont en 3D, leurs adversaires sont dessinés en 2D, de profil. La rencontre visuelle est somptueuse d'autant que l'univers lorgne par moment sur l'imaginaire d'Alice au pays des Merveilles. Cette double inspiration Alice/marionnettes accentue ce sentiment d'étrangeté: quelque chose ne tourna pas rond dans ce monde. Côté combat c'est toujours du travail d'orfèvre : très bien animé, époustouflant de rythme e d'originalité, osées aussi lors de la scène du combat. Le film réussit à proposer des scènes de plus en plus réussies et nouvelles et ce malgré le niveau très haut des deux premiers.
L'autre force de cette série c'est le lien qui la lie au monde de la Science Fiction. Les deux premiers opus lorgnaient du côté de Matrix, L'effet papillon ou un jour sans fin. Celui ci s'inspire cette fois-ci du remarquable Dark City d'Alex Proyas. Car sans trop spoiler, le monde où vivent les magical est une illusion, la ville une cloche dont on ne peut sortir et la scène du bus rappelle énormément l'énigmatique shell Beach de dark city. Cet emprunt n'est pas une simple référence il s'intègre parfaitement dans une intrigue qui monte lentement.
C'est d'ailleurs la force de ce film, la progression des enjeux, la découverte des secrets jusqu'à une fin étonnante et surprenante. Car rébellion est une vraie oeuvre d'auteur. En se centrant sur la relation Homura/Madoka, il explore leur sentiment, leur amour qui est plus qu'une simple évocation. L'ambiguïté de leur relation est ici évacuée sans tomber dans le cliché. Le film explore ce passage de l'adolescence à l'âge adulte et ose ici parler (sans les montrer) de d'amour entre filles. De même que Sayaka et Kyouko sont en couple, habitent ensemble, se tiennent par la main souvent, Homura aime Madoka d'un amour d'adulte. C'est très beau, très fort surtout dans un genre qui jusque là était marqué par la simplicité. L'intrigue se double en outre d'une mise au clair du projet des incubateurs ce qui justifie le titre du film. Les magical girls ne sont plus leur cobaye mais leur libération suppose un sacrifice, celui d'Homura qui accepte ce cycle de souffrance, ce passage à l'âge adulte signifiant la fin des rêves, de vivre avec des désirs, des frustrations et de risquer de sombrer du mauvais côté. La scène "post générique" symbolise le chemin parcouru par Homura. Elle est seule dans un champ de fleurs mortes au bord d'une falaise. Au-dessus d'elle, la lune coupée en deux. A quelques mètres gît la dépouille de Kyuubey. Elle fait quelques pas vers le gouffre qui s'étale sous ses yeux. Homura s'arrête, se penche. Tombe, dans ce gouffre sans fond. Et si vous ajoutez à cette narration une bande son à nouveau de haute volée, vous vous trouvez devant un film de très haute volée qui agite vos neurones bien après la fin du visionnage.
Puella magi madoka magica rébellion clôt magistralement une série qui fera date. En osant déconstruire les codes du genre, Gen Urobuchi le fait entrer dans l'âge adulte. Le pari était risqué, le résultat époustouflant.
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