A redécouvrir

Ong Bak influence

A l'Est toujours du Nouveau.

En 2003 débarque sur les écrans du monde entier un film d'action venu de Thaïlande un pays encore peu connu du public des salles de cinéma : Ong Bak. Le contexte de ces années 2000 est une ouverture sans précédent des salles et du public occidental aux films asiatiques. L'effet Bruce Lee, Jackie Chan et Jet Li se fait sentir. L'arrivée à Hollywood de la génération dorée de Hong Kong - Tsui Hark, John Woo et Ringo Lam - a propulsé la vague du style made in Hong Kong. Il y a surtout l'effet Matrix sorti en 1999 et Kill Bill en 2003 qui ont imposé les codes de montage, de chorégraphie aux films de genre. Plan serré, ralenti, cascades avec filin, combat orchestré comme un opéra, les combats ne sont plus des affrontements lourds mais des chevauchée poétique. Matrix première synthèse réussie entre la SF et le style Hong Kong ouvre les vannes. Kill Bill en 2003 de Tarantino popularise le film de sabre sanglant inspiré du chanbara japonais. Les films occidentaux copient les films de Hong Kong. Les acteurs asiatiques sont de plus en plus présents dans les productions hollywoodiennes. Pour le public Hong Kongais très exigeant un risque de lassitude semble poindre.



Lorsque Prachya Pinkaew tourne Ong Bak il reprend une tradition propre aux films du regretté Bruce Lee. Un histoire simple de vengeance sert de justification à une mise en perspective d'un art martial ancien mais maltraité par le cinéma occidental : le Muay Thai ou boxe thaïlandaise. Le filiation avec Bruce Lee n'est pas qu'un effet marketing. Ong Bak s'appuie sur les talents de son acteur/combattant principal Tony Jaa et de cascadeurs. Le premier se forme quatre ans au Muay Boran une forme plus violente de boxe et sort du tournage avec une entorse, de nombreux hématomes et manque même de ce noyer. Les cascadeurs eux mêmes dans la pure tradition de hong kongais sont allés au bout de leurs ressources physiques et les ont mêmes parfois dépassées. Le Muay Thaï est la véritable star du film. Cet art très puissant se fonde sur un esprit : développer des techniques permettant de frapper l'adversaire avec le coude ou genou, deux coups très spectaculaires. Ainsi un peu comme Bruce Lee dans son projet inachevé du Jeu de la mort, Ong Bak permettra de confronter le style. C'est tout l'enjeu de la scène de combats dans le bar où le Muay Thaï se confronte à un boxeur/lutteur, à un karatéka/Taekwondoka.


Prachy Pinkaew veut offrir un écrin nouveau pour donner une nouvelle image de la boxe thaïlandaise. Très influencé par le cinéma de Hong Kong, par les films de Spielberg et de Besson, il décide pourtant de renouveler le style habituel. Les scènes de combats seront plus réelles, plus violentes. Les visages seront marqués par les coups, il y aura du sang. 

Le film sorti en 2003 est un succès d'abord en Thaïlande puis en Asie et dans le monde. Véritable bombe, il "ringardise" certaines productions se contentant de copier la chorégraphie made in 90. Le public de Hong Kong adhère à cette nouvelle forme de violence filmée. Le résultat est quasi immédiat. Les studios lâchent la bride aux réalisateurs qui vont alors confier à leur chorégraphe une double mission. Plus de réalisme mais aussi plus de nouveauté, de mélange de style. Comme Ong Bak avait popularisé le Muay Thai, leurs productions doivent emprunter à la boxe chinoise, au JJB, au Krav Maga, au Ju Jitsu, multiplier les combats avec armes. Sammo Hung vétéran de la bande de Jackie Chan se voit offrir des scènes beaucoup plus âpres dans SPL, un rôle crépusculaire et fort.



Le jeune et talentueux Jing Wu  excelle lors des combats à l'arme blanche. C'est surtout Donnie Yen, 51  ans en 2015 qui est propulsé au devant de la scène. Acteur chevronné, on lui doit un mémorable face à face avec Jet Li dans Once upon in China 2 (la meilleure scènee de combat de tous les temps peut être). Ses capacités hors norme vont lui permettre dans SPL, Flash Point ou IP Man de développer différents styles.  Et le succès est au rendez vous. Tout en gardant le style vertigineux des années 90 la nouvelle vague multiplie les face à face dantesques comme celui de flashpoint. Le combat final est un must : mélange total de style, sorte de MMA ultime magnifié par Donnie Yen et Colin Chou 




Et la vague se perpétue car récemment c'est l'Indonésie qui a frappé un grand coup avec The Raid, film de genre à l'histoire minimaliste mais transcendé par la formidable chorégraphie des combats à la gloire du Penchak Silat. Et les combats de la série taïwanaise Black and White explorent encore la richesse du nouveau style.










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