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Pourquoi Mao a remporté la guerre civile chinoise (et son corollaire pourquoi Jiang Jeshi fut vaincu) ?

Pourquoi Mao a remporté la guerre civile chinoise (et son corollaire pourquoi Jiang Jeshi fut vaincu) ?

C'est une question qui hante l'histoire chinoise du XXè siècle. Comment les communistes ont réussi à conquérir la Chine face à un adversaire plus puissant, mieux armé et qui contrôlait les zones les plus développées. L'histoire officielle chinoise nous répond d'une façon simple : Mao était un génie visionnaire, son idéologie meilleure, le peuple acquis à sa cause. Il faut néanmoins faire pièce aux thuriféraires du petit timonier. La réalité est plus complexe et si ce sont les vainqueurs qui réécrivent l'histoire, ce sont les historiens qui la révèlent qui à écorner certains mythe. Tentative de réponse à cette énigme.


Le rôle de Mao

La déconstruction du personnage mené par exemple par l'historien anglo-saxon Jon Halliday apporte un nouvel éclairage sur l'homme. Mais il ne faut pas tomber dans l'excès. Si la longue marche fut en réalité une défaite flagrante, si les épisodes de victoire contre des armées nationalistes innombrables sont de la propagande, si la survie de Mao lors de la longue marche doit autant à une stratégie de Jiang Jieshi qu'à la vision de Mao, il ne faut pas enterrer le sens tactique du leader maoïste. Dans cette guerre civile où deux chefs d'affrontement, Mao fait preuve d'un incontestable sens militaire. Il sait saisir les opportunités (conquête d'une base sûre en Mandchourie, le tournant de la guerre). En joueur de Go il met en place une intelligente stratégie d'encerclement des villes, il mise sur la campagne, la chine profonde quand Jiang mise sur les villes. Mao est surtout quelqu'un de résolu qui ne veut que la victoire totale. Quand Jiang perd du temps à satisfaire les Russes et surtout son allié américain, Mao met sur pied une redoutable armée. C'est à la fin 1946 que la guerre a déjà basculé lorsque la base rouge de Mandchourie a été consolidée et est devenue inexpugnable.

L'autre qualité de Mao concerne le choix des hommes. Alors que Jiang Jieshi se trompe, est aveugle et trahi, Mao a constitué un cercle de fidèles, compétents qui vont mener l'essentiel de la guerre : Peng Dehuai, Lin Biao. De même à Yan'an pendant toute la période de la guerre contre le Japon, Mao mène une purge terrible au sein de son parti. Il en ressort comme l'unique chef et forge le futur parti et la future armée en menant une campagne de rectification idéologique. De même Mao saura récupérer des officiers japonais, des soldats de l'armée collaborationniste et aussi des officiers proches de Jiang Jieshi.

Mao connait-il mieux la Chine que Jiang Jeshi ? c'est une thèse défendu par l'histoire officielle. Sans tomber l'excès une chose est sûre : en se basant sur la campagne, en définissant une voie socialiste non pas ouvrière mais rurale, Mao s'appuie sur les forces vives de la Chine. Mais attention la vie rurale dans la zone communiste fut très dure. La seule différence ; les communistes partagèrent une partie de cette existence et menèrent des réformes de partage qui contribuèrent à leur bonne image.

Autre différence. La résolution. Mao ne doute pas de la légitimité de la violence. Les purges au sein du PCC en témoignent. A l'inverse Jiang Jieshi est plus mesuré. Un de ces conseillers lui dit un jour : "faites donc comme Franco en Espagne ; si vous voulez combattre le communisme allez jusqu'au bout  (....) ça ne rime à rien d'ouvrir le feu puis de de cesser puis de l'ouvrir à nouveau".

La dernière qualité de Mao concerne sa gestion des médias. Il a eu la capacité de manipuler les opinion occidentales. Dès les années 1930 en accueillant les journalistes Agnès Smedley et Edgar Snow, il va diffuser en Amérique une image positive de sa révolution contrastant l'image corrompue et répressive du gouvernement de Jiang Jieshi. De même il arrivera à totalement influencer la mission dixie au point que dans leur  rapport les officiers américains déclareront : "des impressionnantes qualités personnelles des dirigeants communistes, leur sincérité apparente, et la cohérence et la nature logique de leur programme (...) Mao et ses alliés n'étaient que des réformateurs agraires socialistes et que sous leur domination la Chine ne suivrait pas la voie violente de la Russie communiste". Un pareil aveuglement témoigne du sens tactique de Mao qui parviendra pendant la guerre à non seulement obtenir une aide massive des russes mais une attitude bienveillante des USA qui limiteront les ventes d'armes à Jiang Jieshi et l'empêcheront même en 1946 de conquérir la Mandchourie et de peut être gagner la guerre.

Le rôle des Etats-Unis et de l'URSS

Toutes ses qualité n'auraient pas suffi à Mao pour remporter la donner. Une des raison primordiales concernent l'attitude des deux super grands qui curieusement vont à  leur façon contribuer à la victoire du communisme. Un chiffre explique l'attitude des USA. En 1946, un sondage explique que 13 %  de la population américaine estime que son gouvernement devait aider la Chine nationaliste, 50 % qu'il devait rester en dehors du conflit. La position de Truman est claire : il milite pour un règlement pacifique de la guerre en Chine. Ainsi en 1946 son envoyé Marshall menace Jiang de ne plus transporter ses troupes au Nord si celui-ci continue à poursuivre les rouges. Il impose un trêve à Jiang Jeshi qui fut une bénédiction pour Mao. Car Marshall imposa une trêve de quatre mois qui permit aux rouges d'installer une base solide frontalière avec l'URSS.
 Pourquoi cette attitude des Américains ? d'abord un déséquilibre médiatique. En zone nationaliste, les exécutions de militants communistes ou d'opposants politiques sont couverts par la presse occidentale qui diffusent l'image d'un régime dictatorial. En revanche les purges en zone communiste sont ignorées. Ensuite pour Truman le front principal c'est l'Europe, Berlin surtout. L'Asie ne compte pas alors il faut imposer un accord entre les deux parties, voire une division de la Chine. Or Jiang Jieshi est dépendant des Etats Unis et des 3 milliards de dollars d'aide.

L'URSS, elle, n'a pas failli dans on soutien envers Mao. Grâce à la longue frontière commune en Mandchourie, elle fait passer d'énormes quantités d'artillerie lourde. Elle ouvre 16 écoles militaires, forment dans ses enclaves de Port Arthur et Dairen les officiers rouges. De plus depuis les dépôts de l'armée japonaise capturés en Mandchourie mais surtout en Corée du Nord, elle va livrer 900 avions, 700 chars, des milliers d'armes chargés sur plus de 2 000 wagons. Des armes allemandes et russes transiteront depuis l'Ouest et la Mongolie. Plus importantes fut la livraison de dizaines de milliers de prisonniers japonais qui enseignèrent l'usage de leurs armes aux communistes, transformèrent les bandes disparates en machine de guerre, formèrent l'armée de l'air communiste, le service de santé et même combattirent aux côtés des rouges sans oublier que de Corée vinrent aussi 200 000 soldats coréens formés par les Japonais. De plus les rouges trouvèrent en Corée du Nord et en URSS une zone de repli sûre. Sans oublier la remise en état de l'infrastructure de transports. Une aide russe massive qui se paya au prix fort : les communistes durent en effet envoyer en URSS un million de tonnes de produits alimentaires ce qui produisit ponctuellement des famines.

à suivre...
 

Commentaires

  1. ...ce sont aussi pour l'essentiel les troupes de Tchang Kaï-Chek qui se sont éreintées face aux japonais. Pas d'invasion japonaise et peut-être pas de Mao. Tchang était brutal et impitoyable mais pas sûr que le nettoyage anti-communiste aurait fait autant de victimes que les politiques assassines de Mao (Grand Bond en avant + Révolution Culturelle) et peut-être que la Chine serait bien plus rapidement devenue une grande puissance ...mais bon avec des "si"...

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  2. tu anticipes sur la suite !!! bien vu

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