A redécouvrir

le péril Jaune

Le "Péril Jaune" à travers la pop culture
L'asiatique est devenu en l'espace d'un siècle une figure emblématique de la fiction cinématographique, des comics ou de la littérature. L'une de ses incarnations les plus fréquentes c'est celle de l'adversaire impitoyable, intelligent, sournois qu'une formule aux relents racistes a résumé le péril jaune. A travers ce voyage dans la pop-culture, nous allons redécouvrir l'histoire tumultueuse de l'Occident, ses peurs, sas fantasmes et le rôle de l'Asie agissant comme miroir-déformé de nos propres doutes.

extrait de Red Dawn



 Quand
Certains font remonter l'idée de péril jaune très loin dans le passé dès les Huns d'Attila ou les Mongols des Khans. Idée tentante mais excessive. Les Huns n'ont représenté que la peur des sédentaires face aux peuples nomades. Les Mongols sont restés une menace bien lointaine, menace transformée très vite au travers des mots de Marco Polo en curiosité et fascination.


L'émergence d'une peur vis à vis de l'Asie a lieu en trois temps à partir du milieu du XIXè siècle. Le premier temps est une peur démographique. Elle débute aux Etats-Unis où débarquent 25 000 chinois sur la côte Ouest qui vont réaliser travaux les plus ingrats tels que la construction de voie ferrée (la Central Pacific Railroad en particulier). Une fois les chantiers ferroviaires terminés, les Chinois désœuvrés se dirigent vers San Francisco où ils deviennent des boucs émissaires faciles pour les ouvriers américains lors des crises économiques. Un mouvement anti-chinois animé par Denis Kearney, récent immigrant irlandais, voit même le jour. Lois discriminatoires, caricatures racistes se multiplient jusqu'au début des années 1920 englobant Chinois et Japonais.



Le second temps est plus important car il va prendre une nette dimension politique. Il y a d'abord la révolution des boxers en Chine en 1900 qui conduisit à la mort de quelques centaines d'Européens et au siège des légations étrangères à Pékin. Par rapport à la violence des occidentaux en Chine ce n'est pas grand chose mais la réaction en Europe fut terrible. Les forces qui délivrèrent les assiégés se livrèrent à Pékin à une vengeance violente massacrant plusieurs milliers de civils chinois. La défaite de l'empire russe face au Japon en 1905 sonne comme un coup de tonnerre. Première défaite majeure d'une nation occidentale, émergence d'une puissance industrielle en Asie qui semble capable de fédérer ces masse démographiques en les dotant d'armes modernes. Dès cette période la Maison Blanche prépare des plans pour la future guerre pour la domination du Pacifique.


Le troisième temps c'est évidemment Pearl Harbor et au-delà la guerre d'Asie Pacifique. Outre l'humiliation de surprise, les USA vont développer une propagande raciste sur la fourberie du Japon ajoutée à la violence de la guerre menée par les armées nippones. La victoire sur le Japon n'entamera en rien la force des préjugés raciaux sur l'Asie et le sentiment d'infamie..



Le dernier temps date des années 2000. Avec le retour de la Chine s'opère un basculement géopolitique du monde. Cette Chine puissante, ambitieuse devient l'incarnation de cette Asie menaçant alliant toutes les peurs accumulées depuis un siècle (masse, force, modernisme, l'intelligence).

 Incarnation n ° 1 : l'invasion

La première figure de cette menace jaune intervient dans l'imagination d'une invasion du monde par l'Asie. Ce thème a été inventé par l'écrivain Danrit, Emile Driant de son vrai nom, officier patriote qui devait trouver la mort à la tête de ses hommes dans les premiers jours de la bataille de Verdun. L'auteur doté d'une belle plume quoique très patriote et teintée des stéréotypes de son époque a connu un fort succès d'édition. C'est en 1905 aux lendemains de la victoire japonaise sur les russe qu'il publie l'invasion jaune récit où les forces sino-japonaises battent la meilleure armée d'Europe, l'armée allemande et signet le glas de la domination européenne. 
 Ce livre a influencé de nombreux auteurs pour le meilleur et aussi pour le pire. On peut citer d'abord la 6è colonne de Robert Heinlein écrit aux lendemains de Pearl Harbor. L'auteur militariste, anti-communiste multiplie les stéréotypes sur les asiatiques. Un livre intéressant sur la paranoïa américaine des années 1940 mais loin d'être essentiel.  Dans la même thématique, on peut citer Dette d'honneur de Tom Clancy. Le maître du thriller technologique est aussi très républicain d'où des écrits teintés d'anti-communisme et trop patriotes. Dette d'honneur a marqué les esprits pour deux raisons : la fin où un avion de ligne piloté par un japonais se jette sur la maison blanche (vision prophétique 7 ans avant le 11 septembre) et une vision moderne d'un nouveau Pearl Harbor. Enfin on peut cite le très mauvais remake de du film  l'Aube  Rouge où la Corée du Nord envahit les Etats-Unis.

Quand on parle d'invasion on ne peut pas oublier l'album BD Le Secret de l'Espadon d'E.P Jacobs où un empire jaune tapi au Tibet se lance à la conquête du monde. La BD avec le recul multiplie les clichés/stéréotypes sur l'Asie derrière le dessin simpliste des asiatiques ou la description de leur cruauté. On lit à travers cet empire toutes les peurs incarnées par le Japon des années 1930 et la Chine de Mao. 

Dans tous ses récits il n'y en a qu'un qui évite l'écueil des stéréotypes, la série fleuve  et magistrale Zhongguo de David Wingrove. La raison : l'auteur aime la culture chinoise et son livre critique à la fois la domination du monde par les Tangs que la faiblesse, la lâcheté, la décadence de l'Occident.



à suivre

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