C'est à l'architecte japonais Ryuichi Ashizawa que l'on doit une réalisation qui fera date dans le domaine de l'architecture industrielle. Il a décidé d'adapter les normes de construction verte, habituellement réservée aux habitations ou bureaux, à l'extension d'une usine à Johor en Malaisie. Une innovation important inscrite dans la démarche de développement et de limitation des rejets en carbone.
L'esprit de la construction répond à un objectif fort. Selon ses propres mots : "Les usines du 19ème siècle ont donné la priorité à la rationalité et à la productivité, de sorte que nous voulions dépasser la typologie de l'usine par des éléments qui rendraient les travailleurs fiers du nouvel environnement de travail (...). Grâce à la puissance de la nature comme'eau de pluie, le soleil, le vent, la chaleur géothermique et de la végétation, nous voulions minimiser les émissions de carbone nuisibles en réalisant une usine durable."
L'usine combine en effet une recherche maximale d'efficience énergétique associée à une expérience visuelle unique. Le choix du toit végétal répond à l'enjeu d'isolation thermique passive et durable. Dans le même ordre d'idée l'usine a été construite pour réfléchir la lumière naturelle venant du haut et donc réduite l'usage de lumière artificielle. Dans une zone tropicale, le plus gros chantier a consisté à optimiser le recyclage de l'eau de pluie. Le toit a été conçu pour capter et conduire cette eau dans un réservoir de stockage souterrain à travers des conduites intégrées dans les piliers soutenant la structure. Cette réserve est employée pour arroser les plantes installés sur la façade végétale. Une autre idée a été aussi de profiter de l'inclinaison du toit et du vent pour pouvoir rafraîchir les personnes présentes sur le balcon courant tout autour du bâtiment.
Visuellement le toit jardin et la façade végétale s'intègrent au paysage de jungle qui constitue l'environnement proche. Tout le complexe se déploie en souterrain ou derrière une façade de verdure. De même le choix de pilier hexagonaux, s'ouvrant comme des palmiers, ou d'arabesques au plafond est un hommage clair à l'art islamique qui est très présent en Malaisie. L'enjeu de créer un complexe industrielle audacieux est donc atteint. L'expérience ici se déploie sur une terrain encore largement effleuré : le monde de l'usine. Il offre aux ouvriers une expérience unique qui tente de tirer un trait sur deux siècles de tradition architecturale industrielle en s'inspirant des réalisations menées dans les espaces de travail du tertiaire. L'usine est dès lors vue non comme astreinte, asservissante mais comme expérience sensitive.
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