A redécouvrir

Shenzhen performing arts facility


En l'espace de 30 ans, la ville de Shenzhen a opéré une mue stupéfiante. A la mort de Mao, c'est une cité modeste de 20 000 habitants en face de l'île de Hong Kong qui vit principalement d'activité de la pêche. Le programme de modernisation lancé par Deng Xiaoping a transformé cette modeste ville. Première zone économique spéciale, la région accueille les capitaux des chinois d'Outre-Mer (de Hong Kong principalement au départ) et le ville s'étend au rythme des installations d'industrielles. Aujourd'hui elle est une métropole dont l'aire urbaine regroupe 15 millions d'habitants. Cette croissance exponentielle a modifié le tissus social et architectural. De la ville des temps maoïstes il ne reste plus beaucoup de témoignages. Signe de ce changement spectaculaire, la réalisation d'un nouvel espace communautaire culturel.

C'est le cabinet hongrois Zoboki-Demeter qui a mené le projet. Ce choix vient de la visite en 2007 de plusieurs fonctionnaire de Shenzhen à Prague où ils furent impressionnés par le palais des Arts créé par le cabinet. Il fut ainsi invité à Shenzhen pour examiner la possibilité d'intervenir comme consultant intérieur pour le futur design intérieur du centre culturel de Nanshan. Très vite il est devenu dépositaire de l'ensemble du projet jouant à la fois sur la polyvalence de ces fondateurs -Zoboki est architecte et musicien par exemple- et sur l'excellente relation de confiance et de respect entre eux et les officiels. Très vite le projet a pris de l'ampleur associant un théâtre, une salle de concert, une bibliothèque, un théâtre en plein air et les salles dédiées aux artistes tout en gardant une dimension humaine.
La force de ce projet réside d'abord les modifications apposées par le cabinet au projet d'origine. Ils ont ainsi d'abord convaincu de réviser à la baisse la capacité d'accueil de la salle de concert (1 400 au lieu de 3 000) en mettant en avant l'expérience musicale procurée par une atmosphère intime et une acoustique parfaite sans le recours à des amplificateurs. Ce fut une vraie prouesse que d'imposer cette conception européenne de la salle de concert. Ce souci du son a conduit d'ailleurs à création d'un plafond réglable permettant de dessiner 7-8 types de salles à partir du même espace original. C'est la clé pour générer non seulement une expérience visuelle unique et non répétitive mais aussi pour adapter le lieu à la musique et non l'inverse. De plus ils ont transformé le cinéma de la petite salle en théâtre pour enfants insistant sur la nécessité dans une ville comptant 5 millions d'enfants de posséder un lieu pour accueillir les spectacles de marionnettes et les productions artistiques pour les enfants.
  

Une fois ces obstacles levés ils ont pu délivrer un bâtiment fascinant. Le travail extérieur évoque symboliquement la fonction du bâtiment.  La façade est légère et translucide, une paroi de verre surmonté d'un toit d'aluminium en grille, flottant, évocation élégante de la partie supérieure d'un micro. Le bâtiment ressemble vue du ciel à un losange. L'intérieur sur plusieurs niveaux est connecté par différentes allées en forme de ruban. Encore une fois la métaphore artistique transparaît dans l'architecture. A l'intérieur le design fait appel à la culture traditionnel chinoise à travers de grands masques de théâtre chinois et de grands murs colorés. Une place important a été consacrée au choix de la couleur, rouge, jaune, typique de la culture chinoise. A noter que la bâtiment se veut évidemment durable par la pose de capteur solaire.

C'est donc une vision d'une architecture non grandiose mais soucieuse des besoins des citoyens qui a prévalu dans ce projet unique.

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