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Project National Glory : les rêves chimériques de reconquête


La déclassification de documents officiels en 2009 à Taïwan a soulevé le voile sur une étonnant projet lancé par Jiǎng Jièshí ou Chiang Kai Chek : le projet Kuokang ou projet de Gloire Nationale. En substance, la reconquête de la Chine continentale depuis Taïwan. Le plus étonnant dans ce plan, c'est le secret qu'il a entouré, secret dirigé non seulement contre la Chine mais aussi contre l'allié étatsunien qui s'opposait à tout conflit ouvert entre les deux parties. Une opération clandestine débutée au début des années 1960 et qui s'est piteusement éteinte en 1972.
 Si Jiǎng Jièshí ambitionne dès 1949 un retour en force sur le continent, ce n'est qu'avec le lancement du grand bon en avant que l'idée va recevoir un début d réalisation. La catastrophe économique, démographique et politique de la réforme de Mao a plongé la Chine dans le chaos. Le pays est désorganisé, les tensions internes s'accumulent. Mao lui-même est contraint à un retrait partiel de la scène politique. Ajoutée à cela, la lente mais inévitable rupture entre l'URSS et la Chine, et vous obtenez un contexte favorable aux désirs de revanche du leader nationaliste. Il faut dire qu'avec la proximité de la flotte américaine, la survie de son régime n'est plus menacé. L'opération début par une opération classique de propagande. Une chanson patriotique est largement diffusée sur le thème de la reconquête dont voici le refrain


Allons récupérer le continent

Le continent est notre patrie, le continent et notre territoire

Notre patrie, notre territoire

Nous ne pouvons laisser les communistes l'occuper, les russe le tyranniser

nos devons revenir en arrière et le récupérer 
 La partie militaire débute par la construction près de base de Cihhu d'abri anti-aériens et de nouveaux bureaux pour la planification. La forte mainmise policière sur le continent, la terreur maoïste a éliminé nombres de réseaux d'espions. Pour la collecte d'informations, Jiǎng Jièshí ne peut compter que sur deux unité aériennes d'exception : 



  • le Black bat squadron : un escadrille de reconnaissance de la CIA qui a opéré au-dessus de la Chine de 1953 à 1967
  • le Black Cat squadron : un escadrille d'avions U2 basé à Taoyuan dans le Nord de Taïwan qui opéra de 1961 à 1974

Grâce aux avions espions U2, et au prix de 15 avions américains abattus et 5 U2 taïwanais, il a pu disposer d'informations précises sur les déploiements militaires chinois et sur le programme militaire. Le travail des officiers de Jiang a consisté alors à tenter de lever le principal obstacle : le débarquement. Le détroit de Taïwan, ce petit bras de mer, qui fut la principale muraille de Taïwan lors des tentatives chinoises des années 1950, est particulièrement surveillé. Il faut donc entraîner les hommes à résister, mener un débarquement. Il faut aussi également lancer des opérations de reconnaissance/sabotage sur les côtes chinoises, opérations rendues difficiles par la surveillance. Les choses difficiles commencent alors :

  • le 24 Juin 1965, une dizaine de soldats sont morts lors d'un exercice simulant une attaque communiste. 
  • En Août, deux navires qui se préparaient à transporter des troupes pour une mission de reconnaissance le long de la côte chinoise ont été interceptés par la marine chinoise et coulé au large de l'île de Dongshan dans le Fujian. Environ 200 soldats ont été tués. 
  • En Novembre, un navire taïwanais, le Lin Huai, a été torpillé par la marine chinoise alors qu'il tentait de récupérer des soldats blessés. 90 marins sont morts 
  • pendant toutes les années 1970, Taïwan échoue à acheter suffisamment d'armes pour soutenir une attaque d'enverguer d'autant que les traités signés par les Etats-Unis en 1968 et appliqué en 1970 rendent impossible l'acquisition d'armes atomiques.
Surtout comme le montrent les torpillages de navires taïwanais, les services de Mao ont infiltré Taïwan et l'opération pourtant secret. Avec la reprise en main de la Chine par Mao en 1965 et le rapprochement sino-américain, le chimérique retour sur le continent est jeté aux oubliettes.

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