A redécouvrir

les camps d'internement des americano-japonais

C'est une page de l'histoire des Etats-Unis qui n'est pas souvent feuilletée. L'internement à partir de 1942 des citoyens américains d'origine japonaise. Je parle bien de citoyens américains et non de citoyens japonais. Ces derniers furent dès l'entrée en guerre soit expulsés soit internés par mesure de sûreté. Il s'agit de Japonais émigrés et installés aux Etats-Unis : Les "Nisei" des Japonais américains de seconde génération donc de citoyenneté américaine et des « Issei », c'est-à-dire des Japonais de première génération résidents aux États-Unis. 110 000 personnes furent ainsi internés, 62 % de Nisei, 38 % d'Issei dans une dizaine de camps à l'Ouest des Etats : 2 en Californie (Manzanar et Tule Lake), 2 en Arkansas (Jerome et Rowher), 2 en Arizona (Poston et Gila River), 1 dans l'Idaho (Minidoka), 1 dans l'Utah (Topaz), 1 dans le Wyoming (Heart Moutain) et 1 dans le Colorado (Grand Apache).


 
Les raisons officielles de cet internement sont des impératifs de sécurité nationale. L'Etat Major américain est terrifié par l'existence d'une éventuelle 5è colonne capable  d'opérer des
sabotages de grande ampleur. C'est cette peur qui conduisit les commandant de la base de Pearl Harbor à regrouper ailes contre ailes les appareils de la base ce qui facilita l'attaque des pilotes japonais... La paranoïa prend de l'ampleur au début 1942 face à l'avancée nippone dans le Pacifique. Une invasion de la côte Ouest est réellement prise au sérieuse entraînant une panique (Spielberg la parodiera dans le magnifique 1941). En réalité si des réseaux d'espions japonais ont existé, ils n'ont pas représenté un vrai danger. La communauté japonaise a été peu réceptive si l'on prend le cas de celle de Hawaï : sur 150 000 résidents, 1200 ont fait l'objet d'une surveillance accrue. Pour preuve nombre d'américano-japonais ont servi dans les forces américaines et c'est même l'un d'eux, transducteur qui intercepta le message qui permis abattre l'avion transportant l'Amiral Yamamoto au de-dessus des Salomons.  Ce qui étonne c'est cette focalisation sur les Japonais alors que dans le même temps les communautés germaniques et italiennes ont été laissées tranquilles alors même que quelques réseaux nazis furent appréhendés... Il faut trouver des raison dans le racisme anti-asiatique qui agite la population américaine. 

Des 1941 on peut lire de la part de fonctionnaires l'idée que les japonais sont non-assimilables, qu'un "jap est un jap". En 1906 le maire de San Francisco Eugene Schmitz participa à un meeting réclamant l'exclusion des écoles des japonais et des coréens. Le résultats de ce mouvment fut en 1942 fut la déportation de 110 000 japonais, la totalité de ceux de l'Ouest. Seuls les 150 000 résidant à Hawaï furent très peu affectés puisqu'ils représentaient 1/3 de la population. D'abord informés de la décision présidentielle du 19 février 1942 d'autoriser des zones d'exclusion ethniques, ils furent concentrés dans les "centres de regroupement" avant d'être envoyés dans les camps d'internement dans conditions allant d'étables aux villes fantômes du désert. Ces camps étaient entourés de miradors et de fil de fer barbelé au nom de leur protection. Ces camps d’internement étaient alors nommés de « camp de relocalisation ». Ils acceptèrent la décision au nom du Shikata ga nai "on ne peut rien y changer" mais renforcèrent leur identité japonais contre celle de leur patrie d'origine.

Signe du racisme de la décision, il fallut attendre 1944 et 1945 pour que les internés soient libérés alors que depuis 1943 le spectre de l'invasion avait reculé. Chacun reçut un ticket de bus et la somme de... 25 dollars (la même somme que celle allouée aux criminels !!!!). En 1988 le congrès décida d'accorder 20 000 dollars à titre de réparation aux survivants.

Commentaires