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le mausolée de l'empereur Qin Shi Huangdi : la découverte majeure du prochain siècle

Qin Shi Huangdi occupe une place unique en Chine. Unificateur, despote, visionnaire impitoyable, son image a traversé les siècles au point que que le grand Mao se référait sans le dire à son oeuvre. Or comme Alexandre le Grand ou Gengis Khan sa dernière demeure est nappée encore de mystère.



En effet une fois les grandes mesures de son règne mises en application, le premier empereur de Chine se concentra sur une question qui le hantait : l'immortalité. Dans les chroniques de son règne on apprend que les seigneurs des recettes (des devins-nécromanciens-médecins) se mirent au service de cette quête : "dans l'océan se trouvent trois îles enchantées où vivent les immortels. Nous vous supplions de nous envoyer à leur recherche avec quelques jeunes hommes et jeunes filles, après un temps de jeûne et de purification". On ne sait ce qu'il advint de cette expédition. Mais en 210 avant J-C peu de temps avant sa mort l'empereur se mit lui même en route vers la côte de Chine Orientale où  se trouvaient ses îles et les fameuses herbes d'immortalité gardées par des baleines féroces !!! Derrière la légende se cache une réalité : la mise en chantier d'un des plus grandioses projets architecturaux de l'histoire de l'homme, le Mausolée impérial.

Pour avoir une idée de l'ampleur de la réalisation, il faut regarder ce qui a été déjà trouvé de cet immense complexe funéraire près de Xi'an. L'armée de Terre cuite découvert par un paysan creusant un puits renferme 8 000 guerriers. Quatre fosse ont été mises à jours. Ce qui continue de stupéfier les spécialistes c'est le degré de détail des guerriers : expressions du visage, coiffure, armement. Chaque guerrier possède des traits uniques. Ce qui fait que s'ils ont été produits en séries, les artisans/artistes ont pris le soin d'accorder des signes distinctifs à chacun d'entre eux. Autre élément remarquable les armées. Les guerriers étaient dotés à l'époque d'armes réelles, lances et épées en bronze ans oublier les arcs, flèches, arbalètes et bouclier. On en a retrouvé 10 000  soit une infime partie de l'équipement d'origine puisque le tumulus fut pillé par les troupes rebelles des Hans en 206 ce qui explique la destruction des statues d'origine. Cette fosse n'est pas la seule découverte. Près de l'enceinte extérieur du complexe a été mis à jour une fosse contenant des animaux rares, une autre des cuirasses de pierre, des costumes faits de plaques de pierre percées de trous, cuirasse décoration car elles sont composées de 612 plaques de 20 kilos reliées entre elles par du fil de bronze. Une autre fosse recelait des statues d'acrobates, 12, en céramique grandeur  nature. Ont été aussi trouvés dans le périmètre deux quadriges de bronze pesant 1000 kilos chacun et décorés de 7 kilos d'or et d'argent.

Pourtant ceci n'est qu'un aperçu du plus beau. Le mausolée proprement dit de l'empereur. Commencés dès son accession au trône, les travaux s'accélérèrent à partir de 212 avant J-C. 700 000 prisonniers et ouvriers furent enrôlés sur le chantier du palais-tombeau. La sépulture est une pyramide de 120 mètres de haut à l'origine (64 aujourd'hui suite à l'érosion) sur 350 mètres de côté,  toujours très visible dans le paysage. Une question hante les archéologues : a-t-elle été pillées par les Han en 206 avant notre ère ou est-elle intacte ?

La description de l'historien Sima Qian du second siècle avant notre ère nous laisse rêveur : "on creusa le sol jusqu'à l'eau; on y coula du bronze et on y amena le sarcophage; des palais, des (bâtiments pour) toutes les administrations, des ustensiles merveilleux, des joyaux et des objets d'art y furent transportés et enfouis et remplirent (la sépulture). Des artisans reçurent l'ordre de fabriquer des arbalètes et des flèches automatiques ; si quelqu'un avait voulu faire un trou et s'introduire (dans la tombe), elles lui auraient soudain tiré dessus. On fit avec du mercure les cent cours d'eau, le Kiang, le Ho et la vaste mer   [c'est à dire que l'on dressa une carte hydrologique de l'empire] ; des machines le faisaient couler et se le transmettaient de l'une à l'autre. En haut étaient tous les signes du ciel, en bas toute la disposition géographique. On fabriqua avec de la graisse de phoque des torches qu'on avait calculées ne pouvoir s'éteindre de longtemps. D'immenses précautions entourèrent la construction. Eul-che (Qin Er Shi le fils et successeur éphère de Qin Shi Huangdi) dit : « Il ne faut pas que celles des femmes de l'empereur décédé qui n'ont pas eu de fils soient mises en liberté. » Il ordonna que toutes le suivissent dans la mort ; ceux qui furent mis à mort  parmi les ingénieurs et architectes. furent très nombreux. Quand le cercueil eut été descendu, quelqu'un dit que les ouvriers et les artisans qui avaient fabriqué les machines et caché les trésors savaient tout ce qui en était, et que la grande valeur de ce qui était enfoui serait donc divulguée ; quand les funérailles furent terminées et qu'on eut dissimulé et bouché la voie centrale qui menait à la sépulture, on fit tomber la porte à l'entrée extérieure de cette voie, et on enferma tous ceux qui avaient été employés comme ouvriers ou artisans à cacher (les trésors) ; ils ne purent pas ressortir. On planta des herbes et des plantes pour que (la tombe) eût l'aspect d'une montagne."

Si l'on  comprend bien repose sous terre en plus de la dépouille impériale, une carte de son empire, des rivière de mercure, un plafond étoilée, un palais,  des administrations.... plus des joyaux et objets d'art... La fouille à l'extérieur de l'enceinte de la nécropole de tombes de riches personnages donnent la mesure de ce qui fut enfoui : mobilier luxueux en jade, or et argent.  Furent aussi découvertes des fosses communes où reposent les corps de centaines d'ouvriers... Et le tombeau impérial n'a jamais été ouvert. Des sondages ont été effectués révélant de forte teneur en mercure dans le sol. Récemment les équipes du professeur Duan Qingbo grâce à la télédétection confirmèrent la présence de structure sous le tumulus :

 « Ce bâtiment, enterré à 51 mètres de profondeur dans un espace en forme pyramide au-dessus de la principale construction souterraine, est entouré de quatre murs semblables à des escaliers, chaque mur ayant neuf marches. Il est difficile pour les chercheurs d’avoir une image complète de l’édifice, qui se trouve sous terre. Il pourrait avoir été construit pour laisser sortir l’âme de l’empereur. » Mais pas de fouilles encore. Car si le tombeau a échappé aux pillards, une menace bien pire peut le faire disparaître : les dommages au contact de l'air, la lumières. 

Alors si l'armée de terre cuite a réchappé aux dommages du temps, on peut se prendre à rêver que le tumulus soit aussi intact. Le grand respect pour les morts, les légendes de pièges tortueux, l'oubli, l'improbabilité vont peut être nous offrir la découverte majeure du millénaire  à venir?

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