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saint seiya : legend of the sanctuary


J'ai longtemps hésité avant de regarder le nouveau long métrage sur l'univers iconique de Saint Seiya (les Chevaliers du zodiaque) tant les avis étaient partagés voire négatifs. Certains n'hésitaient pas à parler de trahison à comparer ce long métrage animé à Dragon Ball évolution (l'énorme nanar américain qui a assassiné l'univers du dessin animé éponyme). Mais il y avait tellement de nostalgie dans ce projet, d'envie de revoir ces chevaliers qui ont bercé notre jeunesse que je n'ai pas résisté porté aussi par l'espoir d'une claque visuelle et par la belle surprise constituée par le récent Albator. Et je ne regrette pas mon choix malgré une immense frustration.

Commençons pas ce qui fâche. Le sanctuaire c'est le meilleur arc narratif de la série qui compte plus de 100 épisodes. Une succession de combats à travers les 12 maisons zodiacales servie par un dessin et une animation encore grandioses permettait aux scénaristes un ambitieux cross-over entre mythologie grecque, religion asiatique et mysticisme lié aux signes. Cet arc nous a marqué car il nous offrait des combats dantesques (l'affrontement entre Camus et le Cygne), un chara-design d'armures splendides (celle du scorpion !!!) et des confrontations où le spirituel l'emportait sur la force (le face à face avec le chevalier de la Vierge). Il faut se rendre compte que certains combats (Vierge, Cancer, Poisson, Verseau...) s'étendaient sur 2 voire 3 épisodes entiers (d'une durée de 25 mn). Alors apprendre que le long métrage allait tout compiler pour tenir en 1h 30 !!! Il était logique de craindre le pire. Et pourtant si l'histoire se tient, si les combats ne sont pas bâclés mais peu nombeux (à part celui du Verseau qui est sous-exploité) on ressent une énorme frustration. On aurait bien repris une demi-heure de plus minimum. Et ce choix des producteurs japonais est vraiment étonnant si on regarde ce que font leurs homologues américains qui n'hésitent par adapter en 2  films les derniers volets des sagas littéraires (Harry Potter, Hunger Games) voire à étirer sur trois long films l'adaptation d'un petit livre (The Hobbit). Excès de prudence, volonté de toucher un public plus large que les fans de l'époque en proposant un condensé d'actions. Le problème c'est que la partie réflexion mystique est trop absente (exceptée pour le face à face avec le Taureau et le Cancer) et surtout on enrage à ne pas avoir eu l'ampleur de la rencontre avec la Vierge, le Verseau ou le Poisson (merveille Aphrodite). De même ce choix de durée survole l'aspect psychologique des chevaliers de bronze et d'or. La relation Ikki/Andromède, plus rien ; Camus/Cygne, rien. Et balayer tout cet aspect spirituel c'est passer à côté de ce qui a fait le charme et le succès de la série : des combats certes mais surtout des relations quasi shakespeariennes à vous arracher des larmes. Pour le reste le film a suscité des critiques dans le traitement ado des héros. C'est un avis sévère car nos chevaliers de bronze (Pégase en l'occurrence) retrouvent leur caractère d'origine, modernisé certes mais sans trahison.

Mais ce qui surprend dans ce film et le sauve c'est d'abord sa beauté. Je m'incline devant les chara-designers. Les armures sont somptueuse, parfaitement modernisées, lumineuses, détaillées. On retrouve l'esprit de la série d'origine (les cornes du Taureau, la queue du scorpion)  L'idée des casques qui cachent le visage est une très bonne idée. Il faut aussi évoquer l'architecture du sanctuaire. Au sanctuaire terrestre de la série de base, Kei'Ichi Sato préfèree des îles volantes reliées par des arches lancées dans le Ciel. Visuellement c'est vertigineux et d'une beauté quasi hypnotique. De même pour le décor interne de chacune des maisons. Une richesse de détails, l'esprit à la fois grec et oriental est ici enrichi d'un travail sur les couleurs pastels et l'univers propre à chaque maison est même approfondi. La splendide maison du Verseau, maison marine aux teintes bleues..... Niveau animation c'est une belle claque. Fluide, énergique, lisible, il y a un vrai effort pour moderniser l'esprit de la série sans en faire trop. Et ceci se retrouve d'ailleurs dans l'histoire. On sent que le réalisateur est un vrai fan de l'objet de base. Il connait très bien la série, les liaisons, les évolutions des personnages. Il réussit en 1h 30 à  tisser une intrigue qui se tient. A part l'évacuation rapide du Verseau sans parler du Poisson, il réussit grâce à des artifices narratifs à donner une place au chevalier de la Vierge, du scorpion, du Capricorne ou des Poissons tout en limitant voire ne leur offrant pas de combats (la Vierge). La mort même d'Aphrodite est différente du manga mais tout aussi touchante. Il rajoute un personnage féminin qui ne sera du goût de tous mais qui ne choque pas. En évoquant intelligemment les différents personnages il réussit à parler de l'ensemble des chevaliers. Au prix d'une énorme trahison du matériau d'origine.  Mais avec une telle contrainte de temps il n'y a avait d'autres choix. Il se permet même d'explorer des pistes que la série d'origine n'avait que peu exploité : les combats urbains par exemple. Il ose même des innovations (le chevalier du Cancer et son univers sonore) qui ont déchaîné la foudre des puristes à tort car c'est à nouveau une très belle trahison. 

Il y a des films que l'on s'attendait à détester et qui vous rappelle de se méfier des jugements hâtifs. Legend of the sanctuary est une trahison à moitié réussie. Je l'ai pris non comme un film mais comme une super bande annonce pour entrer dans l'univers de Saint Seiya. Mais à cause de sa trop courte durée  il risque de décevoir  les fans de la première heure et les nouveaux.



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