A redécouvrir

la fondation Pathé : l'art de la reconversion et d'insertion

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé  installe ses quartiers dans  nouveau siège au coeur du XIIIè arrondissement de Paris. Elle a pour mission de préserver le patrimoine de Pathé, acteur historique et majeur du cinéma hexagonal et de promouvoir l'art cinématographique. Le lieu choisi est un résumé de l'histoire culturelle récente : un ancien théâtre du 19è siècle transformé une première fois en cinéma au début 1900 avant d'être changé radicalement dans les années 1960.  C'est aussi un site difficile : un bâtiment étroit incrusté dans un bloc d'immeuble du XIXè siècle. C'est à Renzo Piano, le célèbre architecte italien spécialiste des musées et des équipements publics à qui l'on doit le Centre Pompidou qu'échoit la réalisation du centre.

Le défi d'une telle construction réside dans son insertion au coeur d'un paysage historique marqué. Il n'est pas question d'envisager un bâtiment trop moderne surgi ex nihilo. Il faut au contraire engager un dialogue avec le bâti préexistant. Il a donc fallu construire sur ce qui existait déjà, rénover l'espace tout en engageant une nouvelle lecture/appropriation de l'espace. 

Le siège fonctionne donc à travers une structure double. Les deux bâtiment anciens ont été en partie démolis pour laisser la place à cette structure organique. La façade sur l'avenue des Gobelins a été restaurée et préservée en raison de la valeur historique et artistique des colonnes et surtout des sculptures exécutées par le jeune Auguste Rodin. Une façade en trompe l'oeil à l'arrière de laquelle se déploie un superbe volume courbe flottant dans la cour extérieur, une bulle dont on ne perçoit de la rue sur la partie supérieure. Ce nouveau bâtiment est relié à la façade par un "corridor"  transparent  une gigantesque serre avec vue sur le jardin intérieur. Il permet l'accès du public au coeur même du siège. La bulle architecturale est le coup de maître audacieux de l'architecte. Ce choix a été dicté par les contraintes du site, l'obligation de respecter les distances avec les constructions voisines et la nécessite d'offrir un espace accessible, lumineux pour exposer les archives, accueillir les visiteurs du musée et installer les espaces de travail. Ce que l'on perd au niveau du sol est récupéré par la verticalité et l'évasement de la bulle. L'arrière de la construction a été totalement repensée pour permettre  à la fois ce gain d'espace, cette modernité sans entrer en collision visuelle avec le paysage. Ce volume serpente dans l'espace vide. Il rappelle certains constructions temporaires comme si cette toile de tente attendait d'être démontée. Le jeu avec des perspectives permet de la rendre attractive et non intrusive.  Pour les utilisateurs le nouveau site possède des qualités de légèreté, de lumière, de circulation. La partie dôme offre une vue magnifique sur les toits du quartier. A l'arrière du complexe un bosquet de bouleaux et des parterres de fleurs permettent de casser la minéralité de l'environnement urbain.

Insérer de la nouveauté dans un paysage hérité, ce siège est une métaphore du cinéma qui ne fait que raconter des histoires en employant des artifices visuelles.

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