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Terror in resonance : explosion de joie

C'était l'anime le plus attendu de l'année 2014. Le génial créateur de Cowboy Bebop, Samouraï Champloo ou space Dandy se lance dans un thriller sur fond de terrorisme. Loin de ses séries space opéra ou du chanbara, l'oeuvre était surprenante par son propos : "Nine" et Twelve, deux lycéens, l'un souriant l'autre toujours sérieux provoquent une explosion au coeur de Tokyo en faisant s'effondrer l'immeuble de la mairie de Tokyo et annoncent via des énigmes postées sur youtube leur prochaine cible à la police. Pour compliquer la situation ils ont mis la main sur du plutonium et une agence de renseignement américaine vient aider la police japonaise. Sujet sérieux, high tech, réaliste, l'anime est d'une ambition rare et d'une densité forte puisqu'il ne dure que 11 épisodes. Tuons tout suspense elle est une réussite.

D'abord le travail Watanabe sur l'animation est digne d'un virtuose. Les décors de Tokyo sont extrêmement crédibles, la peinture de la ville proche de tableaux. Le dessin est merveilleusement travaillé alternant les plans urbains, très géométriques et des passages tout en douceur et en courbes sur les collines de Tokyo ou hors de la ville. L'animation est comme pour chacune de ces oeuvres excellente. Les scènes d'actions sont rythmées, dynamiques et très lisibles, le suivi des enquêteurs est très posé, les scènes ultra fortes comme la destruction de la mairie sont parfaitement rythmées. D'ailleurs la fin de l'épisode 1 et le début du n° 2 sont une référence presque un hommage au drame du 11 septembre. On est saisi par le réalisme de l'effondrement et sur le paysages de destruction. A noter que toutes les scènes urbaines, soit par vue aérienne,soit par vue au sol n'ont rien à envie au cinéma traditionnel. Quant à la musique c'est à nouveau une énorme claque. Composée par Yoko Kano elle nous prend à contre pieds. Des morceaux de guitare alliant saturation et distorsion, des pistes chantées planantes d'une poésie rare, un score qui joue la carte de la mélancolie. Une composition brillante à l'image du score Walt.


Il y a ensuite l'histoire elle même. Quel jeu de pistes formidable. La série oscille entre Akira et 24 heures chrono. Des jeunes adolescents quasi deus  ex machina et des policiers tentant de gagner une course contre la montre pour éviter la destruction de Tokyo. Ce qui frappe c'est que le thème de la série est inscrit complètement dans le monde récent. Ces deux apprentis terroristes diffusant leurs énigmes sur le web rappellent ces djihadistes utilisant les réseaux sociaux. La destruction de Tokyo est à mi-chemin entre le drame des Twin Towers et l'attentat au gaz sarin. D'ailleurs plus qu'une énième variation sur le 11 septembre la série plonge dans l'âme du Japon. La peur de l'atome, les débats sur l'arme nucléaire, les sectes, les jeunes perdus, loups solitaires, la police maladroite, les compromissions... Les références sont distillées en petite touche : Shibazaki le policier qui les traque est originaire d'Hiroshima, un attentat vise le métro de Tokyo. Watanabe n'en oublie pas le côté animé. Une savante dose de mystères entoure ces deux adolescents dont les motivations s'éclairent par leur passé. C'est là où le film lorgne vers Akira (tout en restant un série de fiction et non de science fiction). 

11 épisodes d'un pur chef d'oeuvre. Une réflexion intense sur le terrorisme, l'embrigadement et sur les peurs du japon moderne.

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