A redécouvrir

Takeshi Castle : plaisir coupable













Il y a un avant et après Takeshi Castle. Ce jeu représente la quintessence du jeu télévisé japonais décalé, créatif et sans limites. On ne trouve aucun show télévisé réussissant à condenser des épreuves drôles, débiles et WTF, des candidats au déguisement improbable, des chutes, des gags provocant des crises de fou rire pur, un jeu dont personne n'a encore bien compris les règles et une show télé "méta" à la frontière entre le cinéma, le jeu vidéo, l'épreuve sportive, la télévision.


le jour de gloire

L'arrivée de ce programme télé japonais sur les chaînes françaises s'est fait d'une manière très discrète. Le jeu original a tourné sur la chaîne japonaise TBS entre 1986-1989 rencontrant un énorme succès national puis à l'exportation : d'abord en Asie (Philippines dès 1990, Taïwan, Thaïlande fin des années 1990), dans les pays arabes à la même période (le show s'appelle The Fort ou Al Hisn et cartonne !!), au Brésil, aux Etats Unis toujours au milieu des années 1990avant d'atteindre l'Europe et l'Afrique du Sud aux débuts des années 2000. C'est M6 qui diffuse le programme pendant les vacances de Nöel 2006. Diffusion régulière de  50 minutes du mardi au vendredi, le programme est une compilation des meilleurs moments de la "compétition". Les producteurs ont-ils compris le jeu ? on peut en douter mais ils ont décidé d'en faire autre chose. 

En de jour de décembre 2006 c'est d'abord une surprise : un jeu japonais présenté par la ravissante Moon Dailly et ......................Thierry Rolland. WTF !!! Malgré les dérapages du commentateur, il reste une personne qui nous marqué et j'allais dire même irremplaçable dans notre inconscient. Et ici il va donner le meilleur de lui-même. Son rire inoubliable et contagieux et son talent pour s'amuser à commenter le jeu comme un match de foot.  L'explication du jeu ? réduite à sa plus simple expression pour se concentrer sur la saveur du programme : le commentaire des prestations. Les deux s'en donnent à coeur joie parodiant le genre, jouant au maximum sur le décalage, les tics d'expression (tout à fait mon cher..). Et pendant 45 minutes votre cerveau s'éteint et c'est un pur plaisir coupable devant les épreuves, les chutes, les défis, les costumes..... jusqu'à la fin. Car le spectateur n'a toujours pas compris le sens du nom du jeu. Et voilà qu'arrivés devant le châeau (un décor digne de Bioman super fun) apparaît le maître du château. Et entre deux plans très rapides vous prenez le crochet de Tyson à la mâchoire. Mais c'est.....Takeshi Kitano. Monsieur Kitano, cinéaste, producteur est le cerveau derrière ce jeu décalé. 

postérité

Takeshi Castle est un paradoxe. Un succès d'audience mitigé à cause de lA période, du concept même. Imaginez un jeu télé dont personne ne comprend ni n'explique les règles dont les commentateurs apprennent en même temps que les spectateurs le sens du jeu.  Le seul but : voir des candidats se vautrer. Et pourtant un énorme impact. Le jeu comme une rumeur se répand. Il devient le programme phare de menu W9  animé par les deux compères de Michael Youn, Benjamin Morgaine, Vincent Desagnat. Sur le net des sites lui sont dédicacés et les vidéos se retrouvent par dizaine sur youtube. Tout cela pour un jeu vieux de 20 ans. Les chaînes tentent même de lancer leur takeshi maison, total Whipeout, conservant les commentaires décalés mais pas ce qui faisait la sève du programme : les costumes et les jeux WTF.

 

Mais à  ce moment du propos se pose une question. C'est quoi au juste ce jeu.  Pour le comprendre il faut aller voir le programme originale et non les versions raccourcies vues en France. Une centaine de candidats (entre 100 et 142) doivent traverser les épreuves concocter par le général Lee pour accéder au final showdown, le face à face avec le comte Takeshi et ses sbires. 1 million de yens (10 000 euros) était offert au vainqueur. La difficulté était telle que seuls 9 candidats ont remporté le jeu sur plus de 100 émissions. Rapporter au nombre de participants c'est insignifiant. Et pourtant le jeu connut un succès foudroyant dans l'archipel et même au-delà puisque plusieurs émissions japonaises firent intervenir des candidats étrangers.

le WFTisme absolu

Pour comprendre l'aspect très contagieux de l'humour débile et jouissif du jeu, il faut regarder d'abord les costumes des gardes et des accompagnateurs. Le général Lee porte un costard digne d'un forain ou d'un officier d'opérette d'une république bananière. Les reporters qui suivent et interviewent les partisans portent aussi de magnifiques tenues... coloniales !!!
Et pour l'équipe du comte c'est la totale. Pocahantas surveille l'épreuve de surf ; des gardes en tenues sorties tout droit des aventuriers de la 4è dimension ; des robots ; des sumos ; des grains de café géant ; Animal, Kibaji, et Strong, 3 gardes ultra célèbres toujours grimés de façon impossible. Une tendance à parodier les codes culturels japonais soit ancien (vielle tenue de samouraï, vieille coupe de cheveux)  ou moderne (les yakusas...). Les candidats se mettent d'ailleurs au diapason : tenue de coureur de kirin, de joueur de base ball, akidoka, cuisinier, agent de la voierie.... Et dans un esprit kamikaze nous gratifie des chutes énormes...

Et les épreuves. La liste est longue : plus d'une centaine. L'excellent site Keshiheads les a toute répertoriées avec des extraits vidéos. Ce site est la bible du jeu, une mine d'or.  Pour avoir une idée de la panoplie de jeux fous, on trouve le karaoké dans la boite de nuit avec des yakusas, la course de cheval en patin à roulette, l'attrape mouche, le tremblement de terre, le rodéo sur dinosaures, la calligraphie, le flipper, le parcours à la mario bros,  les auto-tamponneuses mais avec des véhicules improbables et le meilleur.... les cailloux fous.  Avec ce jeu c'est tout un pan inexploré de la culture nippone qui s'est révélée  : ce décalage culturel, ce statut très particulier de la TV dans l'archipel. Une curiosité qui n'a cessé de se renforcer depuis.
 
 

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