Vous recherchez
une comédie sentimentale douce-amère, parfois cruelle, déjantée et drôle à
souhaits. My sassy girl de Kwaek Jae Yong est pour
vous. Carton au box-office coréen, remakée pour son grand plus grand malheur
par Hollywood, ce film illustre l’étonnante vigueur du cinéma coréen dans un
genre mois connu internationalement : la comédie romantique.
La fille du train
Le scénario
décrit l’improbable histoire d’amour entre une exubérante et craquante jeune
fille et un garçon gentil, timide et maladroit. Leur rencontre aussi improbable
que drôle et cruelle se passe dans le métro, un soir. La jeune fille
terriblement éméchée tient à peine sur ses jambes et vomit sur un passager, un
vieil homme dont la perruque est passablement souillée. Le jeune garçon décide
d’aider et le voilà aux yeux de tous
les voyageurs intronisé petit ami de l’inconnu. Sans ressources il la porte sur
son dos et trouve un hôtel lugubre (servant à l’occasion d’hôtel de passe) pour
passer la nuit. Mais au réveil la belle a repris du poil de la bête, le frappe,
appelle la police et le traite de pervers. Voici qui lance le film et la suite
poursuit sur le même rythme.
La fille s’accroche à ce jeune homme dont la
gentillesse le perd. Assez cruelle elle lui fait des tours pendables comme
celui d’échanger leurs chaussures puisque les siennes ont perdu leur talon.
Elle l’accoste en pleine rue, lui inflige la honte quand d’autres filles
l’approchent. Le film dans une pure tradition asiatique ose. Pas de politiquement
correct. L’amour est un sport surtout quand l’un des deux ne veux pas. Ce qui
est vraiment novateur c’est ce personnage féminin excessif, quasi baroque qui
mène la danse. Cette inversion des attributs masculins/féminins fournit tout le
ressort de la partie comique du film. Et pourtant entre les deux le courant
passe. Un courant à forte tension mais
qui laisse passer des moments de purs beauté : la scène des fleurs.
Rires et larmes
Comme tout film
asiatique la comédie cache une autre histoire. D’abord une satyre des meurs du
mariage et de la pression familiale. Entre le père de la fille qui fait passer
un véritable entretien au prétendant ou la mère du jeune qui essaie de le caser
à tout moment, la sacro-sainte institution du mariage devient un fardeau trop
lourd à porter pour ses deux âmes pures. Surtout le film apporte son lot de surprises
dramatiques dans le passé de la fille : une histoire triste sans tomber
dans l’excès qui donne la clé de sa folie et permet au film de rebondir. Car
pendant deux heures le spectateur est tenu en haleine. D’abord par le rire,
ensuite par la tristesse, la nostalgie (la scène de l’arbre).
Et choses rare,
voire unique pour un film coréen, la fin est presque un happy end mais réussi,
intelligent et non plaqué pour faire plaisir à son public ou son producteur. Cette comédie
profite outre son histoire d’un excellent cinéaste. Il alterne des plans très
travaillés (dans la nature) quasi oniriques, un travail plus serré et nerveux
dans les scènes de comédies et urbaines. Il apporte surtout une touche, une
patine à son image. Celle-ci évolue, vieillit, s’éclaircit avec l’avancement de
l’histoire. L’utilisation de plan subjectif ménage aussi des surprises surtout
sur la fin du film. Film d’ailleurs qui est porté de bout à bout par deux
acteurs superbes tour à tour touchants, fragiles, maladroits.
My sassy Girl donne à la comédie romantique ses
lettres de noblesse. Drôle, touchante, intelligente, elle montre qu’avec de
l’inspiration ce genre ne se limite pas à de mièvres productions.
Vu, pas mal
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