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l'offensive des 100 régiments : les communistes passent à l'attaque

Nous allons inaugurer une longue série d'articles sur l'histoire de la Chine entre 1937 et le milieu des années 1970. Prenant pour point de départ la guerre sino-japonaise, nous en verrons les grands phases et les ramifications pendant la guerre froide.
 La seconde guerre sino-japonaise présente un double visage. Au Sud elle oppose les Japonais aux nationalistes et ressemble à un affrontement traditionnel entre des forces armées identifiées. Au Nord, face aux communistes, les Japonais mènent une guerre différente, des opérations de contre insurrection brutales contre la guérilla communiste retranchée dans des maquis plus ou moins pilotés par Mao. Ce dernier depuis la longue marche s'est réfugié dans son sanctuaire de Yan'an où il mène une sévère campagne de rectification (purge politique) d'où sortiront les cadres du futur PCC et de l'armée rouge.  Il entreprend également une lente et méthodique campagne de conquête idéologique des campagnes. Néanmoins la formation avec Chiang Kaï Chek d'un front uni anti-japonais (pacte de Xi'an) conduit les communistes à concentrer leurs maigres forces contre les Japonais.
Le choix se porte sur la guérilla, moins coûteuse pertes militaires mais qui reporte sur la population civile des représailles japonaises.  La stratégie ne permet cependant de détourner qu'une maigre partie des forces japonaises : 1939-1940 les Japonais lancent 109 petites campagnes impliquant environ 1.000 combattants chacun et 10 grandes campagnes de 10.000 hommes pour éradiquer les maquis communistes. En août 1940, les communistes décident de changer de stratégie.
Le choix de lancer une offensive classique répond aux critiques virulentes et fondées des nationalistes reprochant aux communistes de ne pas assez s'investir dans la lutte anti-japonaise. Il s'agit aussi de répondre aux opérations anti-guérilla des Japonais. Enfin les communistes sont assez sûrs de leur force pour mener une telle opération. De 80 000 hommes en 1939, les troupes communistes sont montées à 400 000 hommes à la veille de l'offensive d'août 1940, répartis en 115 régiments  formant la 8è Armée de route. Les officiers communistes sous la houlette de Peng Dehuai et Zhu De déclenchent une offensive dont les objectifs seront revus à la hausse  : la destruction en premier lieu des lignes de chemins de fer  pour saper la logistique japonaise puis l'attaque des villes tenues par les Japonais et leurs alliés collaborateurs. La première phase de l'offensive est un succès même si les chiffres font encore débat. 474 km de chemins de fer, 1502 km de route sabotés, 213 ponts et 11 tunnels, 37 stations détruits. d'après les communistes. Néanmoins, les chiffres japonais donnent 73 ponts, 3 tunnels, 5 château d'eau, 20 stations détruits et 44 km de chemin de fer perdus (chiffre très faible). En outre  les systèmes de communication ont été touché : 146 km de câble de communication perdus !!. Un site minier de Jingxing mine de charbon a également cessé de fonctionner pendant 6 mois. Enhardis par leur succès (dû à la surprise), les communistes décident d'affronter l'armée japonaise et vont vite déchanter : la puissance de feu japonais décime les régiments communistes. Le bilan est lourd : entre 20000 et plus vraisemblablement 50 000 pertes côtés communistes contre 3 000 côté japonais. Des pertes dans les unités combattantes les plus chevronnées. Malgré l'ampleur de la contre-offensive nippone, Mao poursuit les opérations jusqu'au mois de décembre 1940 pour satisfaire les nationalistes.

Le bilan de cette dernier affrontement frontal entre communistes et japonais est très lourd pour les premiers. Il va même s'aggraver les deux années suivants par l'opération Sanku Sakosen, "la politique des trois tout" (Tue tout, brûle tout, pille tout ") menée par l'armée japonaise sur les campagnes tenues par les communistes et se soldant par des milliers de victimes civiles. Mao en tire une leçon. Ses troupes n'engageront plus d'offensives majeures et laisseront l'allié nationaliste encaisser le choc des forces impériales. Il a déjà en tête l'avenir, la reprise de la guerre civile, qui interviendra dès la défaite du Japon qui n'est pour lui qu'une question de temps une fois les Etats-Unis entrés en guerre. Sa priorité c'est le renforcement de sa position politique en Chine et auprès de Moscou, la conquête en profondeur des campagnes.

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