Depuis 2007 et l'obtention du Prix international d'architecture (IAA) pour son café en bambou à Binh Duong, l'architecte vietnamien Nghia Vo Trong a remporté près de 30 prix internationaux d'architecture : deux médailles d'or de l'Association des architectes d'Asie, cinq Architecture Awards internationaux (États-Unis), quatre Green Good Design Awards (États-Unis), deux prix Green Leadership Asie FuturArc. Et pour l'année 2014 il en a déjà remporté deux : l'Architects Regional Council Asia (ARCASIA) award pour son Dailai Bamboo Complex et le AR Houses award pour House for trees. Un tel succès récompense un architecte original par son parcours et visionnaire par ses choix.
Ecole japonaise
Nghia est né en 1976 dans une famille paysanne dans la province centrale de Quang Binh. Diplômé de l'Université d'architecture de Hanoi, il a obtenu une bourse du gouvernement japonais en 1996 pour étudier l'architecture à l'Institut de technologie de Nagoya pendant quatre ans. Ce passage par le Japon a été essentiel. Il a découvert la grande autonomie laissée aux étudiants, le prestige des architectes. Il s'est fait la main en travaillant gratuitement pour des cabinets d'architectes. Il part ensuite pour Tokyo où il remporte le prix Furuichi de l'Université de Tokyo pour son mémoire de maîtrise. Un an plus tard, il se rend à l'Université de Tokyo et en sort diplômé avec félicitations pour son travail de thèse de doctorat.
Pour sa thèse il hésite. Il s'intéressa à un projet de maison en bois de cinq étages mais finalement, choisit la thèse sur l'aérodynamique, le vent et l'eau. Il s'agit de la "formule" pour son succès à l'avenir. Car l'architecte est aussi ingénieur sensible aux questions énergétiques. Mais il ne termine par sa thèse de doctorat préférant retourner au Vietnam, sur les conseils de son professeur pour se confronter à la réalité du métier d'architecte. De ces années il tire un goût pour les projets audacieux, la volonté de relever des défis insurmontables. En cela son passage par Tokyo et la "folie" foncière est essentiel. Son parcours rappelle un autre grand nom de l'architecture asiatique : le japonais Shigeru Ban parti étudier aux Etats Unis. On va le voir la comparaison entre les deux hommes est très forte.
L'architecte des éléments
«Je suis un Vietnamien et je souhaite me consacrer au Vietnam", a-t-il expliqué à propos de sa détermination à revenir au Vietnam après dix ans au Japon et refusant de nombreuses offres attractives. Il fonde sa compagnie en 2006 avec trois architectes japonais et retourne au Vietnam en 2007. Son cabinet va être imprégné de cette double filiation, des défis et des innovations observées dans l'archipel.. Il conçoit en 2007 le café de l'eau et du vent dans la province de Binh Duong. Ce travail utilise le vent et l'eau comme climatiseurs naturels. Ce bâtiment de bambou a été largement connu à la maison et à l'étranger. Ce succès l'a paradoxalement gêné. La communauté locale l'a en effet mal accueilli, le jugeant "étranger". C'est donc vers la reconnaissance internationale de l'architecture qu'il s'est tourné. Mêlant adroitement modernisme et respect de la culture locale, son oeuvre suscite l'intérêt de la communauté. Très ouvert il invite de nombreux architectes étrangers au Vietnam pour travailler avec ses jeunes architectes, afin de former de jeunes architectes talentueux. S'il reste attaché à son goût pour le bambou, l'eau et le vent, il va sans cesse jouer avec des trois éléments comme autant de variation au service d'une efficacité à la fois énergétique et architecturale.
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Stacking Green |
Son style s'intègre alors parfaitement au nouveau courant dit des green building. Mais ce n'est pas lui qui se greffe à ce mouvement mais sa propre sensibilité et sa croyance que l'architecture en bambou va dominer le monde qui entrent en symbiose avec l'évolution architecturale. Il poursuit ainsi des œuvres architecturales respectueuses de l'environnement ou des travaux de construction écologiques. Une maison à Ho Chi Minh Ville, nommé "Stacking Green," est une merveille de synthèse entre le style japonais vertical, serré et la sensibilité de l'architecte, ; l'École Trinh Chau Phan à Binh Duong ou la Pouchen Kindergaten à Dong Nai sont des tests pour la nouvelle tendance. Ces travaux, en utilisant de nombreux arbres et des principes aérodynamiques liés au vent, de l'eau et de la lumière, ont remporté des prix internationaux.
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Stacking Green |
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Stacking Green |
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Stacking Green |
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Pouchen Kindergate |
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Pouchen Kindergate |
Maison pour tous
Nghia fait aussi des maisons à faible coût, qui sont adaptés au climat du Vietnam et le revenu de la plupart des Vietnamiens. Ces maisons de 40m ² coûte entre 16,000-24,000 $. Nghia dit que les belles œuvres peuvent être des œuvres à bas prix. Chaque œuvre architecturale doit transmettre un nouveau message et l'idée et être appropriée par tout le monde. On est loin des projets d'écocity qui se révèlent réserver à une élite économique. Une fois encore le parallèle avec Shigeru Ban et ses maison en papier saute aux yeux. Les deux hommes proposent une architecture de la retenu sans tomber dans le minimalisme.
Il en va ainsi pour the House for trees une maison prototype dans un budget serré de 156 000 $. L'objectif du projet est d'apporter un espace vert dans la ville, pouvant accueillir des habitations répondant à la forte densité dotées de grands arbres tropicaux. Cinq boîtes de béton sont conçues comme des «pots» plantées d'arbres sur leurs sommets. Avec une forte épaisseur de sol, ces pots fonctionnent également comme des bassins d'eaux pluviales captant et retenant l'eau, contribuant à réduire le risque d'inondation dans la ville.
Il reste néanmoins fortement
imprégné du passage japonais : maison étroite, maximisation de l'espace,
jardins suspendus. Mais loin d'un simple copiage, c'est une
retransposition assumée et enrichie des innovations, découvertes menées
depuis des décennies par les architectes japonais. Il en retient ce qui
s'adapte aux condition locales : l'usage de matériau écologique,
l'utilisation de tout l'espace... Un exemple : sa maison en pierre à
Hanoï. Au
Vietnam, les maisons ordinaires sont prises par le béton armé, la
brique, le plâtre alors que les ressources
naturelles
abondantes du pays tels que la pierre, le bois sont marginalisées.
L'objet de ce projet était de créer un espace qui permet d'enregistrer
les changements et les traces du temps au fil des ans par le
vieillissement des matériaux naturels, ce qui contribue à cultiver la
beauté et de renforcer l'affection habitants de la maison.
Pour atteindre cet objectif, des moellons de la province de Thanh Hoa (dite
pierre bleue) et le bois dur ("Go Huong") ont été choisis pour la
matière principale de la maison et ils sont conçus avec la verdure. C'est la composante vietnamienne du projet. Pour la partie japonaise, il faut regarder le plan. En effet une caractéristique de cette maison est la disposition des pièces dans un plan elliptique. Les chambres, composés de quatre groupes, entourent la cour ovale. Cette dernière est formée d'un petit étang et d'un arbre qui rappelle la simplicité des jardins japonais. Cette recherche de fluidité se retrouve également au niveau du toit vert, jardin suspendu qui relie l'ensemble de la maison.
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