Oubliez tout ce que vous saviez sur Lara. Crystal Dynamics a entamé le plus audacieux des dépoussiérages de l'histoire des jeux vidéos. Les deux précédents jeux ont restauré l'image de l'héroïne passablement écornée par un Tomb Raider VI mal conçue et un passage au cinéma dont on se serait dispensé. Révolutionnaires dans le game play et le graphisme, ces opus étaient fidèles à l'esprit du jeu : ballade au tour du monde. Renforcé par leurs succès commerciaux et critiques, le studio Crystal Dynamics a décidé de lancer une mue complète de la saga avec ce numéro 9. Finie la globe trotteuse sur-humaine, le studio se concentre sur la jeune Lara encore étudiante et sur l'expérience qui signifiera la "fin de l'innocence". Un virage à 180 degré qui débouche sur un jeu passionnant, captivant sur une île japonais
Un survival au large du Japon.
2011, Lara Croft fraichement diplômée en archéologie sort
tout juste de l’Université et embarque à bord de l’Endurance afin de se
rendre sur un lieu de fouille particulier. Le voyage se passe bien
jusqu'à ce que le navire soit pris dans une tempête au large des cotes
nipponnes dans le triangle du dragon. A la merci des caprices des flots, le navire tangue et fait
souffrir les passagers qui se trouvent à l’intérieur dont notamment une
certaine jeune archéologue britannique. Lara Croft est prise de panique,
elle qui pensait faire un voyage tranquille se trouve maintenant en
pleine catastrophe maritime. L’Endurance s'échoue sur une île sauvage, Lara se retrouve isolée et confrontée à une population indigène sauvage, fanatique révérant une étrange déesse solaire.
Le point fort du jeu, c'est la nouvelle Lara faible qui doit développer ses compétences tout au long de l'aventure. Le jeu est donc à la croisée entre le récit initiatique et le survival game. Et le cadre choisi est admirable, clin d'oeil à peine voilé à Battle royale. L'île est somptueuse alternant le relief escarpé, dur, des falaises taillées par les mouvements tectoniques et l'érosion. Toute la côte est une subtile ballade dans cet archipel le plus dangereux au monde. L'intérieur des terres est formé de forêts littorales apaisantes traversé par des torrents. Une évocation de la richesse des paysages japonais. Notons que la faune n'est pas en reste et réalise : on trouve beaucoup de cerfs peu effrayés par l'homme comme pour l'île (réelle) de Miyajima qui a servi de modèle.
Architecture
Au de-là du paysage, le jeu brille par son ambiance nippone médiévale. L'île est en effet le siège de l'ancien royaume du Yamatai de la légendaire reine Himiko. Ainsi pendant toute l'exploration nous rencontrons des tombeaux anciens dotés de statues du bouddha, des monastères bouddhiques, des forteresses dont l'architecture reprend celle des châteaux féodaux nippons et de nombreux anciens villages typiques. Nous tombons aussi sur de nombreux détails savoureux : fontaines, fûts pour saké et de nombreux vestiges de la vie quotidienne (éventails, masque de théâtre Nô). L'immersion est complétée par la présence de samouraïs déchus très réalistes et d'oni !! Et même pour les villages plus modernes, ils sont tous faits à partir d'éléments anciens et proposent des sites vertigineux : la palme pour le village de la falaise et une traversée acrobatique clin d'oeil au passage similaire dans le film Tintin de Spielberg.
Histoire
La qualité du jeu tient enfin à l'histoire dans la grande Histoire. Le parcours de l'héroïne permet de découvrir ou redécouvrir l'histoire du Japon. D'abord la légende d'Himiko et du royaume Yamataï, le premier du Japon et dont la localisation est encore flou. Ensuite le Japon des années 1940. Car sur l'île nous rencontrons les traces d'une base de l'armée japonais où ont été pratiquées des expériences rappel des tristes unités 700. De même beaucoup de vestiges, casque, uniformes, épaves se retrouvent sur l'île et pas seulement japonais. Car en situant ce royaume perdu dans le triangle du dragon, les programmeurs nous installent dans l'équivalent asiatique du triangle des Bermudes d'où la présence de galions ou de bombardiers américains.
Le jeu est grand. Les niveaux sont tellement excellents qu'il est difficile d'en sortir un du lot : le village dans les falaise, la fuite en tyrolienne, le château, la plage des épaves. Au de-là de la qualité technique, il faut saluer l'immersion dans l'univers japonais qui fait de cet opus l'un des meilleurs (pour ne pas dire le meilleur avec le premier) et c'est ici ma sensibilité asiatique qui parle. Un extrait du jeu pour ressentir ce que ces lignes n'ont pas pu dévoiler : l'univers sonore porté par les tambours !!
Pour découvrir les articles précédents, cliquez sur les liens suivants
L'Asie dans les jeux vidéos (I)
L'Asie dans les jeux vidéos (II)
Commentaires
Enregistrer un commentaire