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les tours géantes de Hong Kong : quand l'enveloppe transforme le bâtiment

Elles défient les yeux et marquent le regard des visiteurs. Ces immenses immeubles collectifs  ont essaimé dans la périphérie de l'ex-colonie britannique pour absorber l'incroyable essor démographique et migratoire. Ces structures monolithiques accompagnent le regard des hong-kongais. Ces tours chef d'oeuvre d'ingénierie moderne dans leur construction reprennent aussi des techniques d'ingénierie centenaires : les échafaudages en bambou et les cocons de tissu employés pour leur entretien et la captation des débris lors de la construction. Rien que de très habituel pour les Chinois mais depuis 1994 cette collision fascine le photographe américain Peter Steinhauer et devient un quasi objet d'art, un élément de réflexion sur le devenir de ces structures.

Envelopper un bâtiment n'est pas nouveau. Christo et Jeanne Claude le duo d'artistes plasticiens bulgaro-marocain ont récemment fait sensation en tissant un cocon autour du Reichstag. On note aussi que dans beaucoup de centres ville historiques, les bâtiments en cours de ravalement sont  souvent recouverts d'un voile sur lequel est peinte comme en trompe l'oeil la façade. Les impératifs touristiques et de récupération des déchets se rejoignent. Dans ces deux cas la démarche est volontaire et l'effet artistique prévu. A Hong Kong le processus est différent.

Ce qui est au mieux une curiosité artistique urbaine pour les Hongkongais, au pire un phénomène incommode pour les habitants devient pour l'observateur une relecture du paysage urbain. Ces enveloppes sont étonnantes. De couleur verte, beige, mais parfois bleue ou jaune, elles transforment l'image de ces tours cassant leur forme rigide et monotone. Jouant avec la texture, cela donne l'impression d'une tour entrain de pousser à l'intérieur de son cocon. Les angles, les vides laissent deviner la forme de la tour chrysalide. Cette sensation est aussi une réalité car c'est une tour nouvelle, restaurée qui se révèle aux regards une fois l'enveloppe retirée. On peut dès lors parler d'art involontaire qui produit une dissociation du regard. Cette captation transforme la tour en modèle que l'on habille au gré de nos envies. En elle-même jaillit un potentiel inconnu. Si elles symbolisent une architecture massive dont la priorité n'était pas l'esthétique, il apparaît aussi qu'une légère modification transforme leur image. Un travail sur la surface suffit pour casser le carcan des représentations. D'ailleurs chose intéressante certains tours se voient recouvertes le temps de leur réfection de pub géant comme celle de Calvin Klein qui a déployé sur plusieurs dizaine de mètres un modèle quasi nu.

A travers quelques clichés, ce photographe s'inscrit dans le débat sur le devenir des constructions massives. Ici une technique ancestrale d'entretien transforme durablement le paysage.

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