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Les aéroports de Londres : quelle alternative ?


C'est une certitude, Londres Heathrow, premier aéroport d'Europe est à saturation. Victime de son succès la plateforme logistique peine à fluidifier le trafic capté par ce hub. Les alternatives classiques -construction d'une 3è piste- ont subi les foudres des écologistes. GreenPeace réussit ainsi par son lobbying à faire annuler par le gouvernement britannique l'agrandissement en 2010.  L'avenir du transport aérien s'annonçant florissant par la croissance touristique dopée par l'Asie, il est urgent de trouver une solution capable de satisfaire les différents groupes en présence. L'actuel maire de Londres Boris Johnston a initié un projet audacieux en demandant  l'aide de trois architectes, Hawkins\Brown, Rick Mather Architectes et Maccreanor Lavington pour concevoir une nouvelle ville sur le site de l'aéroport d'Heathrow. Le projet est conçu pour obtenir le soutien pour l'autre projet du maire à savoir construire un nouvel aéroport dans l'estuaire de la Tamise, appelé "l'île Boris".  Si un tel projet devait voir le jour, cela pourrait signifier la fermeture de Heathrow et la concrétisation d'un ambitieux et révolutionnaire projet en Europe.

Répondant à l'appel d'offre de la comission du Royaume Uni pour les aéroports, le cabinet prestigieux de Normann Foster (titulaire du prix Pritzker et auteur  de plusieurs oeuvres phare à Londres) a proposé sa vision de ce nouvel aéroport situé sur l'île de Grain. Ce n'est pas sa première intervention dans le secteur : on lui doit des projets à venir à Amman ou au Koweit.  Première remarque, il porte à 4 le nombre de pistes contre les deux existantes à Heathrow. Norman Foster a déclaré: ", la nécessité d'accroître la capacité de l'aéroport est devenue encore plus urgente. Il est temps de prendre au sérieux la question de la capacité de l'aéroport. La Grande-Bretagne a besoin d'une solution efficace à long terme, pas de correctif  à court terme symbolisé par le projet de troisième piste à Heathrow. Londres a besoin aujourd'hui de suivre les traces de ses ancêtres du XIXe siècle et d'investir librement dans les infrastructures . Seule la pensée à long terme sera à même de bien servir les besoins de nos générations futures". Positionner cet aéroport sur cette île résout l'obstacle foncier : pas ou très peu de pertes en terres agricoles (argument qui fut avancée pour combattre le projet aéroportuaire de Notre Dame des Landes à Nantes). En plus ce site limite la pollution par le bruit (la zone est mois densément peuplée)  alors que l'agrandissement d'Heathrow accentuait les nuisances sur les riverains.

Le projet vise également à renforcer la compétitivité du hub londonien. En effet Londres comme toute l'Europe est encore aujourd'hui au carrefour des flux mondiaux. On constate que 94 % PIB mondial est produit dans des métropoles et des territoires à moins de 13 heures de Londres mais aussi à moins de 13 heures de Paris. Or le hub Paris a rattrapé son homologues londonien et programme des agrandissements futurs pour accueillir 30 millions de passagers d'ici 20 ans. De même Amsterdam et Francfort grignotent des parts de marché grâce à l'excellence de leur connexion avec le réseau de transports européen. Or Heathrow situé à l'Ouest de Londres souffre d'une desserte imparfaite : saturation des autoroutes, liaison ferroviaire fragile. Au contraire un nouvel aéroport dans la Tamise permettrait de le connecter rapidement au réseau ferroviaire sous la Manche et donc à l'Europe  ainsi qu'au réseau régional vers les Midlands et le Nord. De plus la connexion avec le centre Londres serait bonne : 26 minutes  d'après les calculs. . 

 Ces arguments économiques s'appuient sur des logiques architecturales et énergétiques. Les architectes prévoient d'associer en effet à l'aéroport la construction d'un nouveau barrage/digue sur la Tamise alimentant une centrale marémotrice produisant de l'énergie pour le complexe tout en protégeant Londres de la montée des eaux de la Tamise. Ceci compensera les rejets en CO2 liés au trafic aérien. De même l'aéroport moderne associera les logiques d'une plateforme multimodale moderne (verticalisation des modes de transports, fluidité du mouvement) à une gestion de l'espace assez libre. La future structure sera installée sur une plate-forme de 35 kilomètre carré construit partiellement dans l'embouchure de la Tamise. En terme de choix esthétiques, les architectes prévoient un toit ondulée et des parois de verre tout autour des terminaux tandis que l'intérieur se composera en modules ouverts favorisant la circulation et l'information.

Audacieux et moderne, le possible 3è aéroport propose une vision futuriste de l'aéroport intégrant les contraintes de la société du XXIè siècle.

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