A redécouvrir

histoire par la photo : l'immolation de Thich Quang Duc provoque la chute d'un régime

Thich Quang Duc est né en 1897. A l'âge de 7 ans, il quitte la vie civile pour entrer dans un monastère. Novice à 15 ans, il devient moine à 20 ans et commence une vie de prêche et d'ermite pendant 3 ans. Au terme de son itinéraire il ouvre une pagode. 

Le 11 juin 1963 ce vieux moine marche dans les rues du centre de Saigon. Accompagné de disciples, il s’assoit en position du Lotus tandis que ses compagnons versent de l'essence du son corps avant de jeter une allumette. Le vieux moine se consume sans crier devant une foule calme où se trouvent le photographe américain de l'Associated Press Malcolm Browne et le journaliste du New York Times David Halberstam. Les deux remporteront le prix Pulitzer pour leur traitement de la crise politique au Vietnam Sud. Le geste du moine est une protestation contre la dictature du président Diem en particulier l'oppression des bouddhistes au profit des catholiques. Diem, catholique, ancien mandarin de Haut Rang devient le 1er ministre de l'empereur du Vietnam Baodai de 1954 à 1955 avant de le renverser par un coup d'état.  Il obtient  d'abord le soutien des Etats Unis qui le jugent fiable dans leur stratégie d'endiguement du communisme incarné par le Nord Vietnam de Hô Chi Minh. Le lobby des catholiques américains jouent aussi à fond pour que l'administration Eisenhower envoie à Saigon plusieurs centaines de conseillers militaires. Pourtant au tournant des années 1960, l'étoile de Diem pâlit. En effet, il s'installe au pouvoir en s'entourant de son cercle familial en particuluer de ses frères :
  •  Ngô Dinh Nhu  prend la tête du parti présidentiel
  •  Ngô Dinh Can devient gouverneur de la cité de Hué 
  •  Ngô Dinh luyen est nommé ambassadeur au Royaume uni
  •  Ngo Dinh Truc est nommé archevêque de Hué
  •  Tran Le Xuan, l'épouse de son frère Nhu, véritable première dame du régime puisque Diem est célibataire mène une politique réformatrice largement inspirée du catholicisme
Cet autoritarisme mécontente les cadres de l'armée. Sa politique surtout le rend vite impopulaire  en lui aliénant la composante chinoise de la société par l'interdiction  du jeu,  de la luxure et de la contrebande. Violemment anti-communiste, sa répression brutale renforce le parti marxiste qui enregistre de nombreuses adhésions tandis que les moines bouddhistes s'opposent à sa politique ouvertement catholique. En 1962, il échappe à un premier attentat quand des avions bombardent le palais présidentiel. Mais l'immolation et le commentaire maladroit de Madame Nhu la qualifiant de "barbecue" achèvent de convaincre la nouvelle administration Kennedy qu'elle a misé sur le mauvais cheval. En 1963, JFK ordonne à Henry Cabot Lodge son ambassadeur à Saigon de ne pas informer Diem du coup d'état préparé par ses généraux, complot organisé en réalité en coopération avec la CIA. Malgré tout Diem et son frère  Ngô Dinh Nhu ont senti les choses car le 2 novembre 1963, jour du coup d'état, ils ont quitté le palais présidentiel pour se réfugier à Cho Lon un quartier de Saigon. Découverts ou trahis, ils acceptent  de se rendre contre la promesse d'un exil. Mais à peine sortent-ils de l'église Saint François Xavier qu'ils sont abattus par les officiers qui les conduisaient à la base aérienne de Tan Son Nhat.  L'armée prend le pouvoir par l'intermédiaire du général Nguyen Khanh sans plus de stabilité puisqu'il est renversé à son tour en 1965. C'est un tandem de généraux Nguyen Cao Ky et Nguyen Van Thieu qui tentera de tenir les rênes du régimes sans éviter la défaite face au Nord Vietnam .

Hasard de l'histoire, le président J.F.K qui a désapprouvé l'exécution de Diem (et en tirera la conclusion que décidément la C.I.A est ingérable) tombera aussi sous les bales d'assassins lors de ce même mois de novembre; 





Laissons à Madame Nhu  les derniers mots de cette sombre histoire : « Whoever has the Americans as allies does not need enemies » « Quiconque a les Américains comme alliés n'a pas besoin d'ennemis. »

Commentaires