déformations architecturales

Le rôle de l'architecture est de définir le cadre d'un espace. Si la structure qui soutient cet espace peut créer sa propre forme,  il n'y a aucune raison pour que l'exagération, la déformation ne viennent altérer et remodeler notre conception de l'espace. Distendre les axes, tordre la matière, poussez à l'extrême la dissociation remodèlent l'écrin dans lequel se vit et s'inventer l'espace. Deux constructions illustrent comment cette déformation modifie et améliore notre relation à l'espace.

Gilmosery,  Séoul. 

 L'ensemble de 7 étages composé de bureaux et d'entreprises a été conçu par le cabinet Kim In Cheul.  Contraint de respecter des règles strictes par rapport au quartier résidentiel limitant la hauteur, devant s'implanter sur un terrain restreint au sein d'un métropole marquée par le manque de d'espace, devant s'adapter au tracé des rues,  obligé d'offrir une surface commerciale cohérente, l'architecte a dû concevoir une nouvelle approche conciliant les besoins de contrôler la densité du bâti urbain avec la théorie de l'architecture. En résulte l'adoption d'une forme atypique, une façade convexe, sorte de bulle sur le point d'exploser. Au lieu de restreindre l'espace, il le libère en étirant les lignes et en atteignant les limites de la rupture. Ce bâtiment distendu annule ainsi les contraintes originelle du projet.

Jockey Club Innovation Tower, Hong Kong

 Réalisée par Zaha Hadid, ce coeur de l'université polytechnique devait encourager les différentes facultés et écoles de l'université à développer des initiatives inter-disciplinaires, stimuler les synergies entre la communauté universitaire, le gouvernement, l'industrie, les ONG, symboliser le dynamisme de l'établissement en s'implantant sur un site étroit, à la forme irrégulière à l'extrémité Nord-Est du campus de l'université, bordé par terrain de football de l'université au Sud, et l'échangeur autoroutier Chatham -Kowloon corridor au Nord.  Le tout au coeur d'un campus qui s'est considérablement agrandi au cours des 50 dernières années donnant à l'ensemble une style original mais sans réelle cohérence. On ne pouvait faire plus compliqué et plus stimulant pour cette architecte douée et visionnaire. On peut même dire que son goût pour l'ellipse et le cercle lui donnait des atouts pour résoudre l'équation.

A l'intérieur, le style ressemble aux précédentes créations de l'architecture : transparence, circularité, fluidité, structure "liquide" ;  sans sacrifier à la fonctionnalité de la construction : grands forums d'exposition, des studios , du théâtre, des installations récréatives, espaces communs grands couloirs. Extérieur c'est une façade qui s'évase vers le haut tirant parti de l'exigüité du terrain, qui déploie dans les étages les baies vitrées évitant ainsi l'ombre porté par les arbres du terrain de sport et la vue sur l'autoroute voisine. Cet écrin déformé permet de déployer 15 000 mètres2 de surface sur 15 étages !!!