Absorber la modernité 1914-2014 est un des trois axes de l'exposition "fundamentals" de la biennale de Venise dirigée par Rem Koolhas. Le pavillon de la Corée propose une réponse intrigante à ce thème en offrant un point de vue globale de l'architecture de la péninsule.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la péninsule coréenne a été divisée en deux. Une société unifiée depuis plus d'un millénaire a évolué en deux systèmes économiques,
politiques, idéologiques radicalement divergents. Accentué par le traumatisme, le regard extérieur tend à exagérer le fossé entre les deux nations. Dans le pavillon coréen, l'architecture du Nord et la Corée du Sud
est présentée comme un tout. Comme un symbole le
nom du pavillon coréen est inspiré par un poème par l'architecte devenu poète avant la division du pays, Yi Sang (1910 -1937 ) "vue depuis l'oeil de la corneille", un regard qui dépasse les illusions idéologiques. Il se décompose en quatre sections : Reconstruction de la vie , l'État Monumental, frontières et ballades utopiques.
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Séoul |
Reconstruire la vie : les créateurs partent du constat que la guerre a dévasté de nombreuses villes nord-coréennes. La guerre a fait table rase du vieux
Pyongyang et cela a formé le substrat intellectuel de l'architecture :
construire une nouvelle nation sur les ruines de l'ancien, permettre au
rêve socialiste de s'incarner dans la pierre sans contraintes. Au Sud, le même phénomène a co-existé : le
paysage historique de Séoul a été détruit par des
bulldozers. Après trois décennies de forte croissance la capitale est devenue une métropole hybride. Ainsi malgré la frontière les deux capitales ont été écartelés entre mémoire, héritage, désir de modernité et fièvre immobilière.
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place Kim Il Sung, PyongYang |
État monumental : Pyongyang est la ville monumentale par excellent incarnation des idéaux socialistes. En
outre, la Corée du Nord est unique dans le monde pour l'engagement
profond de son plus puissant leader politique dans la définition de
l'architecture. A contrario, poussée
par des forces économiques divergentes, l'architecture en Corée du Sud
s'est déplacée sur une trajectoire différente. Mais la concurrence avec
le Nord a conduit le gouvernement a confié aux monuments une visée
similaire à ceux du régime communiste. Par conséquent, la formation historique de l'architecture dans les deux Corées est structuré par l'absurde. Alors
que l'architecte nord-coréen s'est donné avec la tâche héroïque de la
construction d'une société socialiste sous l'égide des préceptes du Guide, l'architecte du Sud bien que plus libre dans sa créativité a célébré la gloire du capitalisme triomphant.
Frontières : Incarnée par la zone démilitarisée, la frontière entre le Nord et la Corée du
Sud est la plus surveillée, la plus militarisée du monde. "Frontières"
étend les préoccupations architecturales de l'exposition à des limites
physiques, conceptuelles et émotionnelles qui séparent et relient les deux
Corées. Le Nord et la Corée du Sud montrent des
mécanismes complexes qui impliquent des interconnexions entre
l'appareil d'Etat, les entreprises , les ONG, les groupes religieux et
universitaires. La DMZ est présentée
comme un espace riche en potentiel d'imagination et comme le laboratoire d'une réconciliation initiée par
un groupe diversifié d'artistes, architectes et écrivains.
Ballades utopiques : Cette section estt composée d' une sélection d'images des collections
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fabrique collective de soie |
de Nick Bonner . En
1993, Nick Bonner a co-fondé Koryo Group, une société basée à Pékin
qui se spécialise dans le voyage, le cinéma et la production culturelle en
Corée du Nord. Depuis
plus de deux décennies, Koryo Groupe s'est engagé dans des projets qui font découvrir la vie quotidienne de la Corée du Nord. En
regroupant une variété de documents - peintures, affiches,
photographies, des oeuvres d'artistes coréens anonymes - cette exposition
nous fait naviguer à travers l'univers d'une société utopique
transformée par l'architecture.
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