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relations russo-chinoise acte II : les îles du fleuve Amour

Rien ne va plus entre les deux géants du camp communiste au début des années 1960. 

Les divergences nombreuses aboutissent à la rupture de l'alliance tissée par Staline. A l'origine il y a  l'idéologie. Mao n'apprécie ni la déstalinisation ni la politique de détente amorcée par Khroutchtchev. Il y a des considérations stratégiques. La ligne de Moscou ne sert par les intérêts stratégiques chinois en particulier la reconquête de Taïwan rendue caduque par la coexistence pacifique. Il y a aussi la question du leadership sur le tiers monde et le bloc communiste. Or non seulement la Chine entend jouer les premiers rôles mais elle devient aussi le porte parole des déçus du bloc de l'Est, Corée du Nord, Nord Vietnam qui ne veulent pas de pause dans le conflit avec leurs rivaux du Sud. Notons aussi que la guerre du Vietnam va heurter la susceptibilité chinoise car c'est vers Moscou que Hanoï se tourne et non vers Pékin. Mao ressuscite de plus de vieux conflits frontaliers avec la Russie datant du XIXè siècle. Ce sont aussi des objectifs intérieurs qui vont motiver l'attitude chinoise  : provoquer l'URSS permet de remobiliser les foules, d'éliminer les rivaux au sein du PCC et de faire oublier les désordres nés de la révolution culturelle.

Entre 1964 et 1969, 4 000 incidents et escarmouches se produisent le long du fleuve Amour et près des îles Damanski dans une escalade dangereuse
  • le 30 avril 1965 : Moscou renforce ses forces dans la région en y concentrant 15 divisions
  • 5 janvier 1968 : 4 chinois sont tués lors de l'incident de l'île de Qilin
  • décembre-février 1968 incidents réguliers sur l'île de Damanski
  • 8 mars 1968 : incident/accident du K 129
  • 19 février 1969, l'Etat Major chinois approuve un plan d'embuscade sur l'île de Damanski
  • 2 mars 1969 : première attaque de l'île Damanski repoussée par les russes
  • 15 mars 1969 : deuxième attaque de l'île repoussée
  • 29 mars 1969 :Moscou menace Pékin, de contre-attaque nucléaire en cas de nouvelle agression
  • 13 août 1969 : une patrouille chinoise est détruite à Tielieketi (à la frontière entre le Kazakhstan et le XinJiang
  • 28 août 1969 : la Pravda menace la Chine d'une attaque nucléaire, les Chinois mobilisent aux frontières.
  • 11 septembre 1969 : rencontre entre diplomates russes et chinois. La crise est désamorcée mais 30 divisions russes restent sur la frontière
  • 19 mai 1991 : l'île de Damianski redevient chinoise sous le nom de Zhenbao
Pendant toute la crise, ce qui frappe c'est la retenue des soviétiques. Seul le ministre de la défense, le maréchal Gretchko est partisan d'une frappe nucléaire, les autres dignitaires sont partisans de laisser la crise se calmer. Ils sont donc surpris par les manifestations de masse devant son ambassade à Pékin et la menace nucléaire ne suffit pourtant pas à calmer la Chine. En effet si Mao ne veut pas d'une guerre pour une si insignifiance cause, il  fait pourtant évacuer les responsables politiques de Pékin et déclare qu'il faut se préparer à un conflit majeur. C'est finalement Moscou qui va être conciliant en acceptant le reprise des négociations et des contacts. En définitive Mao sent qu'il est passé tout près du désastre et lorsqu'en septembre les Américains se proposent d'ouvrir des négociations en vue de se rapprocher, ils recevront contre toute attente une réponse positive.

C'est là la postérité étonnante de ces conflits. D'avoir montré au monde l'ampleur du fossé entre les deux puissances communistes et ainsi d'avoir rendu possible le grand retournement stratégique de 1971.

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