22 avril 2004, 13 heures en gare de Ryongchong, Corée du Nord. Une gigantesque explosion dévaste la gare et ses environs dont l'écho a été perçu en Chine et en Corée du Sud. Sur place le bilan est lourd : une centaine de morts, 1300 blessés. La gare est rayée de la carte ainsi que 1800 maisons. 6300 sont endommagés. Pendant quelques heures le gouvernement de Pyongyang coupe les lignes téléphoniques vers le reste du monde avant de demander l'aide des Nations Unies le 23 avril.
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Ryongchong avant l'accident |
Cette terrible catastrophe a d'abord été attribuée à une collision entre deux trains, l'un transportant de l'essence, l'autre du gaz de pétrole liquéfié offert par la Chine pour limiter la pénurie de carburant dans le pays. Ensuite les observateurs de l'ONU ont accrédité l'hypothèse de l'explosion due à des matériaux explosifs relégués dans des
wagons et activés lors de la collision ; les officiels chinois ont pointé du doigt une fuite de nitrate d'ammonium. Le coupable semble simple : le réseau de transport désorganisé et en mauvais état (remonte à la période où le Japon occupait le pays).
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Ryongchong après l'accident |
Pourtant derrière les faits se cache une réalité qui a échappé aux observateurs. Parmi les victimes du désastre se trouvaient 10 syriens, des techniciens travaillant à la centrale nucléaire iranienne de Natanz. Coïncidence ? Le 21 avril 2005 un cargo coréen faisant route vers le port syrien de Tartous subit une avarie et coula emportant avec lui 1400 tonnes de matériel à destination du site d'Al-Kibar en Syrie. 2006 : un officier de haut rang syrien, en voyage à Londres, prend une
chambre dans le quartier de Kensington. L’homme, visiblement naïf,
laisse son ordinateur portable dans sa chambre. Le Mossad (service secret israélien) a tôt fait de
forcer la porte, et d'installer dans l’ordinateur un « Cheval de Troie »,
ce programme qui aspire le contenu du disque dur. Les Israéliens
découvrent une vraie mine d’information. Des plans du complexe nucléaire
d’Al Kibar en Syrie, plusieurs phases du projet nucléaire syrien et une foule de données
techniques. Sur l’une des images, le Mossad remarque la présence d’un
Asiatique aux côtés d’un Arabe. Les deux hommes sont identifiés comme
étant Chon Chibu, l’un des experts nucléaires nord-coréens les plus
éminents. L’autre est Ibrahim Othman, le directeur de la commission de
l’énergie atomique syrienne.
Derrière l'explosion du 21 avril se cache une guerre secrète menée par Israël et les occidentaux pour éviter la prolifération nucléaire. Depuis 2000, le jeune Bachar al-Assad est entré en contact avec la Corée du Nord par l'intermédiaire de Kim Jong Nam, fils ainé de Kim-Il Sung. De leur entretien, le jeune dictateur comprend que pour développer un programme nucléaire militaire il ne peut pas compter sur les russes (qui respecte le traité de non-prolifération et n'ont engagé qu'un partenariat sur le nucléaire civil). En 2002 à Damas syriens et nord-coréens signent un accord pour développer un complexe permettant de produire une bombe. Les premiers composants sont livrés par navire sur le site d'Al-Zur. Dans le même temps un autre complexe secret se monte à Al Kibar, en plein désert. C'est grâce à l'opération de Londres que fut découvert le site et son réacteur à plutonium, maillon essentiel dans la confection d'une arme nucléaire. Dès lors les services israéliens secondés par les Occidentaux vont tout tenter pour freiner le programme syrien. Le cargo coulé transportait du matériel pour Al Kibar. Le 21 avril, les techniciens venaient convoyer du matériel nucléaire stocké dans un wagon. Pour preuve dans les heures qui ont suivi l'explosion le black-out imposé par les coréens du Nord leur a permis d'envoyer sur place des hommes en combinaison N.B.C pour nettoyer le site. Si l'accident du cargo semble être une action déguisée des services secrets israéliens, l'explosion de la gare semble encore être accidentelle : il est en effet difficile voire impossible aux israéliens de lancer une opération dans un pays aussi fermé. Cependant les réactions sur place confirmèrent les soupçons.
En février 2007, le général iranien Ali Reza Asgari fit défection et rejoint la CIA. Il révéla l'existence d'un second site nucléaire iranien à Natanz et que son pays soutenait financièrement et techniquement le programme syrien. En échange les syriens acceptaient que le réacteur dAl Kibar fonctionne comme réacteur de secours si les Iraniens ne parvenaient pas à produire assez d'uranium enrichi pour leur bombe. La même année un autre navire en provenance de Corée du Nord, l'al-Ahmad accostait dans le port de Tartous en Syrie avec à son bord une cargaison d'uranium. La guerre secrète ne parvenant pas à dissuader les syriens de stopper leur programme, le gouvernement israélien d'Ehud Olmert déclencha l'opération Orchard. Le 6 septembre 2007, 10 F-15 décollaient pour ce qui semblait un exercice de routine en Méditerranée avant de scinder en deux groupes. 7 appareils ont obliqué vers la Syrie, détruit une station radar avant de bombarder et de réduire en cendre le site d'Al-Kibar.
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Al-Kibar avant et après le raid |
Syriens et Israéliens n'ébruitèrent pas l'affaire, les premiers ne souhaitant pas s'attirer les foudres de l'opinion internationale, le seconds ne voulant pas accentuer les tensions dans le golfe. Ce furent les Américains qui révélèrent l'affaire, au grand dam des Israéliens. Mais pour les Etats-Unis il était utile de montrer qu'il existait un vrai risque de prolifération nucléaire dans la région et d'envoyer un message clair à l'Iran et à la Corée du Nord.
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