superhéros à la japonaise

Il existe dans les médias visuels modernes deux écoles du super-héros. D'abord la vision de DC et Marvel  qui connait depuis les années 2000 une vivacité commerciale à défaut d'une créativité toujours pertinente. La vision japonaise ensuite aussi dynamique que l'américaine mais plus récente (depuis les années 1950), confidentielle  et différente non seulement sur la forme mais sur les modes des diffusions (beaucoup plus de séries télévisées, de téléfilms que de production cinémas). Plongeons dans un univers riche, original et toujours exotique.

Parler des superhéros nippons, c'est déjà faire une typologie entre X Or, les Kamen rider, Ultraman et autres. Il est possible de dégager 6 types de personnages :

• le super sentai : Des héros en armure colorée travaillant en équipe. Les plus de 30 ans se rappelleront des mythiques Biomen
• Henshin : Des héros se transformant. Exemple : San Ku Kai
• Metal Hero : Des héros en armure métallique dont le plus célèbre ambassadeur est X-Or
• Onna Senshi : Des jeunes filles sauvant le monde telle Sailor Moon
• Kamen Rider : héros en armure en forme d'insecte style Kamen Rider
• Héros mixte Comics-style japonais : une catégorie très rare de personnages qui reprennent des uniformes de héros américains mais transportés dans l'univers japonais.

Le style

Ce qui unifie en grande partie ces productions, c'est une narration très schématisée : des méchants qui complotent, des innocents capturés, le héros qui intervient par hasard, enquête et combat final. Ici l'exemple typique  : un  épisode de X Or. Le sentai étant un genre particulièrement codifié, des séquences, passages obligés, sont attendus par les téléspectateurs qui ont intégré ces codes et connaissent par expérience le schéma traditionnel d'un épisode.

Xor - 03 - Une étrange disparition par Lars-Ulrich

Autre marque de fabrique, les effets spéciaux bon marché, un refus de représenter la violence associée à une stratégie marketing de produits dérivés souvent fabriqués par l'entreprise Bandaï. Certaines séquences sont en outre rentabilisées au maximum, puisque rediffusées dans chaque épisode : il s'agit de la transformation des héros qui revêtent leur costume de combat, ou l'assemblage du robot géant avant d'affronter le monstre de l'épisode du jour, par exemple. L'aspect martial a fait la réputation de ces productions dans le reste du monde. Notons que l'acteur de X-Or, Kenji Oba, réalisait lui même la plupart de ses cascades : il est entré à 15 ans à la Japan Action Club une école fondée par Sonny Chiba lui-même (une star de films d'action japonais des années 1970 ) formant des acteurs-cascadeurs. Star mondial, Quentin Tarantino lui rend un bel hommage en le faisant jouer l'assistant d'Hattori Hanzo lequel était interprété par Sonny Chiba!!!!

 La renommée internationale, en particulier en France peut surprendre avec le recul vue la qualité des effets spéciaux. Cependant une anecdote est assez signifiante. La série Bioman fut d'abord diffusée sur Canal + qui en fit un des produits phare de ses programmes pour enfants avant d'être rachetée par TF 1 ce qui en fit l'immense popularité. Un mot aussi sur les génériques. Le générique original ne fut jamais conservée mais remplacée par une version française. Dans le cas de Bioman il existe même 3 génériques. Le Japonais, la reprise  française qui conserve la musique japonais (diffusée sur Canal +) , la réorchestration complète par Bernard Minet pour TF 1 (Nostalgie quand tu nous tiens..)

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 Si l' idée de fond reste  toujours la même : la lutte du bien contre le mal, ces séries sont  toutefois loin d'être manichéennes, en général au moins un méchant se révèle moins méchant que prévu, certains personnages peuvent après une prise de conscience, changer de camp, et certaines intrigues sont parfois prétextes à un développement scénaristique complexe. En outre si elle est rare, la mort d'un héros peut intervenir.

Mais les séries sentai se prennent rarement au sérieux pour autant. Conscientes de sa nature très codifiée destinée à plaire au jeune public japonais ainsi qu'à certains adultes amateurs du genre, elles n'hésitent pas à inclure de nombreux éléments volontairement comiques (certains personnages, situations ou monstres), voire carrément ridicules : gestuelle, les héros qui répètes la même phrase, le cabotinage des méchants... ce qui inspira une parodie géniale des Inconnus.

Dans cet univers d'une richesse incroyable et sans cesse renouvelée, sélection d'oeuvres atypiques, originales ou WTF.

No limits : X-OR

Pour les plus de 30 ans, X-Or c'est l'ADN du style. Des méchants au plan les plus tortueux et débiles, un WTF assumé assorti d'effets sonores et visuels comme la vitre qui s'ouvre toute seule pour éviter les éclats de verre et le sang. On peut critiquer la qualité des effets spéciaux mais en terme de scénario les Japonais vont loin, très loin mélangeant pêle mêle des discours écolos (épisode 7), les violences faites aux femmes (l'épisode 23 appelé les vampires de la nuit mélange Dracula et les enlèvements de femme ou l'épisode 25 où un parfum permet d'enlever de jeunes japonaises pour les marier de force!!), le malaise scolaire (épisode 27), les sectes au Japon (épisode 21) ou la malbouffe lors de l'épisode 40 où un fast food implanté en pleine campagne sert de bases ennemis.

Ici l'épisode 5 sur fond d'enfants surdoués, de pression scolaire et de doublage hilarant.

X-OR 6> LES SURDOUES par muloot

L'Hommage  : France Five

L'épopée des France Five a commencé comme une blague entre potes et s'est terminée en apothéose.  Ainsi les derniers épisodes ont été diffussés dans le cinéma Max Linder, ils ont eu droit à une couverture médiatique japonaise et une fan base sur le web démentielle. L'un de ses créateurs est à l'origine de la web chaîne No life. C'est drôle, bien joué de mieux en mieux réalisé et qualité rare c'est extrêmement respectueux de l'oeuvre originale : parodique certes mais clin d'oeil amoureux jusque dans le générique à la série originale (Bioman)  qui a bercé notre génération.

WFT absolu : Hentai Kamen

Voici le résumé du site anime-ultime.net : l’histoire nous entraîne au côté de Kyosuke, membre du club de kenpo (kung-fu japonais) de son lycée. Son point faible : Il ne sait absolument pas s’y prendre avec les filles. Par ailleurs, la nouvelle manager de son club est, Aiko Himeno, une fille qu’il a aidé la veille et dont il est éperdument amoureux. Un jour, Kyosuke découvre qu’en portant une culotte de fille sur la tête, il développe une force surhumaine. Rêvant d’être comme son père, un bon inspecteur, il décide de mettre ses nouveaux pouvoirs au service du bien. Rajoutons que la génétique perverse de sa mère (une travailleuse S&M) lui permet d'utiliser 100 % du potentiel de son corps. Série parodique issue d'un manga, c'est totalement fou.  Plus que des mots, regardez cet extrait : la Biffle fatale.

Le Cross Over nanar : Spiderman Sentai

Marvel rencontre Bio Man. Ca n'a plus rien à voir avec le produit d'origine mais que c'est drôle !! L'enfilage de costume est une perle. Il fallait oser... remarquez les Américains ont bien casté Tobey MacGuire pour les 3 premiers films... Le film étant produit par Sony doit-on y voir une réminiscence de l'esprit taquin des sentai ?





Le cross over génial : Tiger et Bunny

Un des plus grands anime de l'année 2011 tant du  point de vue de l'animation que de l'histoire. La chaîne Hero TV produit un mixte entre le jeu télévisé et la télé réalité  où sont mis à l'honneur les héros de la mégapole Stern Bild City, chacun sponsorisé par une marque. A l'issue de chacune de leur intervention, des notes et des prix sont remis selon le vote du public. Tiger un vétéran instinctif et maladroit  est obligé pour satisfaire à l'audimat de faire équipe avec un novice Bunny qui partage le même pouvoir que lui et est animé d'objectifs mystérieux. L'anime est la synthèse réussi entre l'univers des méca et celui des super-héros anglo saxons. Enorme succès, la série sa décline maintenant sur papier tandis deux longs métrages sont sortis/prévus.