La province du Jeolla du Sud a été le théâtre d'une violente répression orchestrée par l'armée sud coréenne en 1948. Les villes de Yeosu et Suncheon furent particulièrement touchées ce qui donna le nom aux évènements d'octobre 1948.
Les causes sont directement liées à la révolte de Jeju Island. La féroce répression menée sur l'île voisine a entraîné une forte critique dans la province. Ainsi en octobre 1948, des soldats du 14è régiment de la garde nationale de défense refusèrent de partir sur l'île participer à la contre insurrection et se mutinèrent. Soutenus par une partie de la population, ils prirent le contrôle de plusieurs villes, défilant sous les couleurs du drapeau rouge, installant des communautés populaires. 800 soldats et 4000 sympathisants défièrent le gouvernement. Sur place des tribunaux populaires jugèrent de nombreux policiers, politiciens et propriétaires fonciers tandis que les exécutions sommaires se multiplièrent. De nombreux témoignages ont en effet gardé trace de ce premier cycle de violence. A Yosun, 20 à 30 officiers ont été exécutés. Le ministère de l'Intérieur estime que 100 policiers sont morts dans Yosun 400 autres dans Sunchon. A Sunchon le chef de la police a subi un supplice atroce. Ses yeux furent arrachés et il a été traîné en voiture le long des rues. Son corps a été attaché à un poteau et brûlé. Quelque 900 personnes, en plus des 400 policiers, ont été tuées dans Sunchon par les rebelles. Les lieutenants américains' M. Stewart Greenbaum et Gordon Mohr, observateurs à Sunchon , échappèrent de justesse à la mort. Le
sergent qui devait les tuer était un vieil ami. Il les emmena dans un champs, tira dans le sol plusieurs fois
puis les a conduits à la Mission presbytérienne du Dr John Curtis Crane. 2 000 à 3000 personnes furent ainsi massacrées.
Cette violence populaire est illustrée par l'engagement des étudiants et de leurs enseignants. Le
chef du Comité populaire de la Yosun était Song Uk, principale du
collège des filles (on comptera 70 enseignants dans les rangs des rebelles). Les élèves ont été décrits comme « plus
rouges que l'intérieur d'une pastèque " et l'ont prouvé quand, armées de fusils
japonais, elles se sont battues dans la vaine défense de la ville.
Le seconde cycle de violence fut organisé par l'armée régulière appuyée des Etats -Unis. Les Américains durent à nouveau agir discrètement. En effet le
commandant américain à Séoul a déclaré que la rébellion est " une
affaire interne coréenne " et que les Américains n'ont pas à agir de leur propre initiative, sauf pour protéger les biens et
la vie américaine. Il
est à espérer que le gouvernement Rhee peut gérer la situation et que
les États-Unis ne sera pas obligé d'intervenir militairement. Cette
intervention risque en effet de favoriser les Russes, qui voudraient
l'utiliser à des fins de propagande devant les Nations Unies . Ils en profiteraient pour rappeler leur retrait de Corée du Nord comme preuve de bonne foi tout en citant l'action américaine
comme une preuve que nos troupes restent en Corée dans le seul but
d'imposer notre volonté sur le peuple. Le commandant
américain planifia et coordonna les opérations militaires, des
conseillers militaires américains accompagnèrent les unités de l'armée Sud-Coréenne et des avions américains ont été utilisés pour transporter des
troupes. La commission vérité et conciliation estime qu'entre 439 et 2000 civils au moins ont été massacrés sans parler des combattants communistes. Dans les témoignages recueillis on trouve ceci :
- "L'école primaire Nord de Sunchon a été transformée en site d'interrogatoire et d'exécution de civils soupçonnés de prendre le
parti des insurgés. Les victimes ont été exécutés sans jugement sur la levée d'une rizière derrière l'auditorium de l' école."
- "Des
femmes avec leurs bébés sur le dos regardaient sans expression leurs maris et
leurs fils être battus à mort avec des bâtons, des crosses de fusil et des
casques d'acier . Elles ont vu 22 d'entre eux ont marché loin derrière l'école primaire et entendu une salve de fusils."
Une répétition tragique de la future guerre civile coréenne. A noter que des reporters du magazine life suivirent de près les opérations de reconquête et prirent des clichés saisissants de la violente répression.
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