Autre temps, autre moeurs. En septembre 1972, 27 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, le Japon et la Chine normalisent leurs relations. C'est le premier ministre Kakuei Tanaka qui effectue ce voyage historique.
Cette rencontre historique est née en réalité à Washington. En février 1972, le président Nixon se rend en Chine, officialisant le tournant majeur de la diplomatie américaine : la reconnaissance du gouvernement et la normalisation des relations sino-américaines, étape à une détente des relations diplomatiques en Asie/Pacifique. La décision japonaise suit alors de très près la démarche américaine. Tanaka a le profil idéal. Peu impliqué dans le Japon militariste, il fut réformé de l'armée en 1937 à cause d'une pneumonie contractée en Mandchourie et s'occupa de sa carrière dans le bâtiment. La guerre l'enrichit et par chance ses biens sont épargnés lors des bombardements de Tokyo. Il parvient même à rapatrier de Corée une partie de ses capitaux. Homme d'affaire influent, il rentre dans les rangs du parti libéral dont il gravit les échelon, ministre, puis candidat avant de devenir premier ministre. Malgré plusieurs affaires de corruption il s'affirme et mène une ambitieuse politique étrangère.
La visite à Pékin débouche d'abord sur le rétablissement de relations diplomatiques et la reconnaissance officielle du gouvernement de Mao ; étape nécessaire à la signature d'un traité de paix qui sera officialisé en 1978. Des concessions sont aussi faites de part et d'autres : la Chine renonce demander au Japon le versement de dommages de guerre ; le Japon rompt ses liens diplomatiques avec Taïwan. Les deux puissances discutent également des îles Senkaku devenus 40 ans plus tard une pomme de discorde entre les deux nations. Répondant à son interlocuteur japonais, le premier ministre Zhou Enlai répond : "Je ne veux pas en parler pour le moment. S'il n'y avait pas de pétrole, ni Taiwan, ni les États-Unis s'en préoccuperaient".
Pour la Chine cette reconnaissance s'inscrit dans sa stratégie de volte-face diplomatique. En se rapprochant du Japon, elle confirme sa rupture avec l'URSS laquelle n'a pas signé de traité de paix avec le Japon et accentue l'isolement diplomatique de Taïwan. Pour le Japon cette normalisation ouvre des perspectives économiques intéressantes qui se matérialiseront dans les 80 au moment de l'ouverture économique du littoral chinois aux investisseurs étrangers. Il est à noter qu'en 2002, les dirigeants des deux nations - le président chinois Hu Jintao et le premier ministre japonais Ryutaro Hashimoto- se sont rencontrés pour célébrer les 30 ans de cette visite historique.
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