La guerre de Corée : si tout avait commencé en 1919

Officiers japonais et coréens en Mandchourie (1940's)

Pour l'Occident, la guerre de Corée de 1950-1953 représente le plus meurtrier conflit de la guerre froide (3 millions de victimes au moins). Mais du point de vue coréen, c'est avant tout une guerre civile en gestation depuis 1945 et qui par le jeu, les manipulations staliniennes, dérive en conflit international qui manquera de peu de tourner en affrontement atomique. Or certaines fractures révélées par cette guerre remontent loin dans le passé de la péninsule.

La péninsule coréen est depuis le XVIIè siècle l'enjeu des impérialismes chinois, russe et japonais. La prise du contrôle par le Japon en 1905-1910 entraîne l'émergence d'une opposition interne qui se transforme en révolte à partir du 1^er mars 1919. La mort suspecte de l'ancien roi de Coroée Kojong est le point de départ de manifestations spectaculaires : une déclaration d'indépendance est lue dans le parc de la Pagode à Séoul, les écoles et les universités sont fermées, une jeune lycée Yu Gwan Sun devient l'icône martyre de la révolution (arrêtée, torturée, elle mourra le 12 octobre 1920 en prison). La répression féroce du Japon (7000 morts, 40 000 arrestations) ne fait qu'encourager les indépendantistes. Ainsi un inconnu, Kim Il Sung, s'engage dans la lutte contre le Japon dans le Nord du pays et en Mandchourie et rejoint l'Armée Unie anti-japonaise du Nord-Est. Avec son groupe il parvient en 1937 à prendre le contrôle pendant une journée de la ville de Ponchobo et échappe aux policiers japonais à qui il inflige de lours pertes.

Serment d'officiers coréens à l'empereur

Le Japon décide d'éradiquer les mouvements de guérillas en engageant cette fois l'armée. On compte beaucoup d'officiers coréens dans ses rangs et ce sont eux qui vont mener la traque féroce, efficace. L'armée Unie du Nord-Est est saignée à blanc au début 1940 et ses survivants fuient la Corée et la Mandchourie pour se réfugier en URSS. Ils reviendront en Mandchourie en 1945 aux côtés de l'armée rouge.  Ce qui frappe pendant cette "guerre civile" c'est que les lignes de fracture pro-anti japonais reprennent les lignes de fracture de la guerre de 1950.

•  Chung Il Kwon commandant de  l'armée de Corée du Sud pendant la guerre de Corée a été officier dans l'armée japoanais puis a servi dans l'armée nationaliste contre Mao
• Paik Sun Yup général pendant cette même guerre a servi pendant les années 1940 dans la redoutable force spéciale de Gando, un bataillon de Coréens qui a sévi en Mandchourie et dans toute la Chine du Nord.
  
• Park Chung-hee, général puis président de la Corée jusqu'en 1979 a étudié au sein de l'académie militaire japonaise du Manchukuo, diplômé il est recommandé pour étudier à l'académie militaire impériale au Japon (privilège rare) et promu lieutenant dans la prestigieuse armée du Kwantung peut être grâce à son adoption de patronymes japonais.

Park Chung Hee à l'école militaire impériale japonaise

• Kim Il Sung : résistant qui devient le premier président de Corée du Nord
• Choy Yong Kun : engagé dans les troupes communistes chinoises, il rejoint la résistance coréenne et sera promu vice- maréchal
• Kim Chaek : engagé dans la guérilla, il fait partie des survivants de l'Armée du Nord-Est qui trouvent refuje en URSS. Il commandera l'armée nord-coréenne en 1950 jusqu'au débarquement d'Incheon.

C'est donc le positionnement par rapport au  communisme plus que l'adhésion à la "fusion" du Japon/Corée qui anime les itinéraires individuels. Ainsi Paik Sun Yup (originaire de Corée du Nord) après la guerre s'engage dans l'armée du Sud pour lutter contre la poussée communiste. De même n 1945 les américains incorporent au sein de la nouvelle armée de Corée du Sud les vétérans de la force spéciale de Gando à l'expérience et à la connaissance  précieuse. des tactiques communistes.