A redécouvrir

L'Armée Rouge Japonaise

Le Japon face à la terreur rouge

Le 11 septembre 2001, peu après les attentats, une dépêche de l'agence AFP à New York signalait que  "Un interlocuteur anonyme a revendiqué au nom de l'Armée rouge japonaise (une organisation extrémiste) la série d'attentats aux Etats-Unis  pour venger les morts d'Hiroshima " en téléphonant à un journal jordanien. Si cette piste n'a jamais été prise au sérieux, elle a révélé au grand public occidental le nom de ce groupuscule terroriste oublié des années 1970.






C'est un fait avéré. Dans le Japon, l'Allemagne et l'Italie d'après 1945, des fils et filles de bonne bonne famille ont voulu exorciser les démons du passé. Dans une forme très moderne de conflit oedipien, ils ont répondu au fascisme de leur nation, à la collaboration passive ou active de la génération d'avant en se lançant à corps perdu dans la révolution. Moins médiatisée que les brigades rouges ou la Fraction Armée Rouge, l'armée rouge japonaise a pourtant été beaucoup plus violente, survécu plus longtemps et incarné très tôt le terrorisme international.

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Le groupe a été créée par Fusako Shibenobu. Le parcours de sa créatrice est très intéressant. Son père en effet était professeur avant de servir comme Major dans l'armée japonaise de Mandchourie !!! Proche des milieux d'extrême droite pendant les années 30, il devient communiste après la guerre La naissance du groupe terroriste trouve son origine dans deux phénomènes. La vaste contestation étudiante de 1968 au Japon se développe autour des thèmes de la rétrocession d'Okinawa au Japon, de contestation de la guerre du Vietnam et de vaste affaire de détournement de fond. La répression policière entrâine la radicalisation du  mouvement étudiant et la naissance en août 1969  de la JRA. Parallèlement le groupe naît des scissions à l'intérieur du parti communiste japonais dont sa fondatrice était membre. Elle rejette à la fois les ouvertures vers l'Ouest, l'abandon de la doctrine révolutionnaire et la trop grande allégeance à l'URSS (à laquelle les étudiants la chie maoïste idéalisée). 

L'histoire du groupe peut schématiquement se divisée en 3 périodes. Entre sa fondation et 1972, le groupe sévit principalement au Japon. Il multiplie les attaques de banques et de postes, les vols dans les armureries, et attaques de commissariat pour libérer des membres prisonniers.  Nombre de ces membres participent aussi aux enlèvement de citoyens japonais par la Corée du Nord. Son coup d'éclat est le détournement du vol de la JAL vers la Corée du Nord en mars 1970. Il marque aussi un premier tournant: la police en réaction arrête plus de 200 membre du groupe dont sa fondatrice. Le groupe décapité se radicalise d'abord contre lui-même puisque près de 14 membres seront éliminés pour cause de divergence idéologique en 1972 puis contre ses ennemis en se tournant vers l'étranger. Le groupe décide en effet  de quitter le Japon pas assez sûr pour rejoindre les luttes du Moyen Orient.


La période internationale. Le 30 mai 1972 l'armée rouge arabe commet le massacre de l'aéroport de Lod-Tel Aviv. 26 personnes sont tués dont deux terroristes qui se sont tués. Cet étrange groupe est en fait constitué des membres de l'armée rouge japonaise ayant rejoint les rangs de la cause palestinienne.  Les années 1970 voient le groupe multiplier seul ou en coopération avec les groupes d'extrême gauche ou des spécialistes comme Carlos les actions violentes. 
  • Détournement d'avions : en 1973, et 1977 deux vols de la JAL.
  • Crash volontaire d'avions : le vol 653 de Malaysian Air lines est piraté en décembre 1977 et s'écrase après que le terroriste ait tué les pilotes.
  • attaque d'ambassades et de consulats: 1974 celle de la France à La Haye,  1975 consulat des Etats Unis à Kuala Lumpur, ambassade de Suède à Kuala Lumpur, 1986 ambassades du Japon, Canada et Etats Unis à Jakarta, 1987 ambassade des Etats-Unis, Angleterre à Rome
  • attaque contre des bases américaines en 1988
  • attaque contre ls biens des grands compagnies japonaises au Japon et dans le monde
La dissolution ? Les années 1980 marquent un net recul du groupe qui préfère malgré quelques actions ponctuelles se lancer dans la propagande. La chute du communisme, la récupération de la cause palestinienne par des groupes religieux entrainent la quasi mort du groupe qui sera officiellement dissout par sa fondatrice en 2001. Ses principaux membres vivent cachés notamment en Corée du Nord dans le "village de la révolution japonaise", au Proche Orient ou en Europe de l'Est. La transformation du monde fait vite exploser leur protection : Masao Adachi, Kazuo Tohira, Haruo Wako, et Mariko Yamamoto sont arrêtés au Liban, expulsés vers la Jordanie puis le Japon ; la Roumanie arrête puis extrade en 1995 Yukiko Ekita. Fusako Shigenobu elle-même est arrêtée en 2001 et condamnée à 20 ans de réclusion.

Le legs. 40 membres, une centaine de partisans qui ont tué près de 200 personnes, blessé une centaine et, le bilan est lourd. Mais c'est surtout la méthode qui a frappé : ce mélange de fanatisme idéologique et d'esprit du sacrifice hérité du samouraï. Il n'est pas exclus que leur attaque suicide à Lod ou lors du détournement de la Malaysian Airlines ait malheureusement inspiré plus tard les groupes terroristes du Moyen Orient.

A noter que la JAR ne fut pas le seul groupe terroriste des années 1970. On note ainsi l'existence de la Ligue Communiste Révolutionnaire Japonaise, le Front Armée Anti-Japonais d'Asie du Sud-Est,  la Fédération des Travailleurs Japonais, groupes moins violents mais dont certains comme la Fédération des Travailleurs Japonais sont encore actifs.

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