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the longest journey : les légionnaires perdus de crassus

2000 ans avant l'histoire de ce coréen capturé par les Américains en Normandie en juin 1944, voici une autre épopée en sens inverse cette fois-ci : des romains en Chine.

Pour comprendre ce périple il nous faut remonter aux dernières années de la république romaine lorsque de triumvirat César-Pompée-Crassus présidaient aux destinées de la cité. Si les deux premiers sont connus par la guerre civile qui les a opposé, le 3è a disparu de la mémoire collective. Or s'il n'a pas les talents militaires de ces deux concurrents, Crassus est à l'époque l'homme le plus riche de Rome. Influent, il est aussi autant ambitieux que ses deux concurrents Or ce sont les victoires militaires qui font la renommée Rome : César et Pompée l'ont bien compris et multiplient les campagnes victorieuses en Orient ou en Gaule. Crassus dont les qualités stratégiques ne sont pas évidentes (son seul fait d'armes est d'avoir vaincu la révolte des esclaves menée par Spartacus) décide de profiter de son nomination à la tête de la province de Syrie pour satisfaire sa soif de gloire et aussi son appât pour l'or en déclenchant une guerre contre l'empire parthe d'Iran. Il se lance dans l'aventure avec 40 000 hommes, de jeunes conscrits pour la plupart secondés de 4000 cavaliers légers, armée imposante mais qui ignore tout de la nature de son adversaire. Le 9 juin -53 la confrontration a lieu entre ces 7 légions et 11 000 cavaliers (9000 archers montés et 2000 cataphractaires ou cavaliers en armure lourde). La bataille s'apparentent plus à une embuscade. Incapables d'atteindre les archers adverses, les légions doivent s'abriter derrière leur bouclier tandis que leur cavalerie tentant de poursuivre les redoutables archers tombent dans un piège et est décimés (le fils de Crassus est tué et sa tête est planté sur une pique). Régulièrement approvisionnés par une noria de caravanes, les archers pilonnent les romains qui en plein soleil se protègent en formant la tortue. La nuit interrompt momentanément la bataille mais le lendemain c'est la retraite qui devient une débandade. Crassus qui a demandé une entrevue avec le général adverse Suréna tombe dans une embuscade et est tué. Les parthes lui versent de l'or fondu dans la bouche pour punir sa soif de richesse. Le reste de l'armée se débande : 20 000 morts, 10 000 prisonniers.

Qu'est-il advenu de ces prisonniers ? les Parthes avaient l'habitude de transférer leurs soldats prisonniers à l'Est pour qu'ils combattent contre leurs adversaires Huns. Il seraient alors devenus mercenaires et certains auraient rejoints le camps de Huns. Or en 36 avant Jésus Christ, les armées chinoises capturent la cité de Dzhambul, près de Taschkent dans l'Ouzbékistan actuel. Elles ont la surprise de découvrir des fortifications faites en palissade de troncs (comme pour les camps romains), de voir des guerriers adversaires adoptés une formation style tortue. Les Chinois acceptèrent la reddition de ces redoutables guerriers et en engagèrent 145. Ils furent installées dans la province du Gansu dans une ville qui fut par décret impériale renommée Li Jien. Il s'y implantèrent, servant de garnison face aux raids des Tibétains.

Cette thèse romantique s'appuie aujourd'hui par quelques faits troublants. D'abord linguistique. Le nom Li Jien qui sonne en chinois comme le mot latin legio, mot par lequel était nommée Rome. Ensuite physique. Les paysans de cette région ont des traits qui les font souvent appelés "européens" : nez aquilin, grande taille, peau claire, yeux marrons, peau claire, cheveux roux, bouclés. Si le doute est encore permis sur cette filiation romaine, la région ayant été un point de passage des caravanes et autres mouvements de population, l'hypothèse intrigue au point d'inciter les chercheurs chinois a lancé des travaux de recherche archéologiques et génétiques.
Dzhambul,

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