Les andalucia Papers
Troisième et ultime (pour le
moment) chronique des aventures du diplomate. Après un premier film excellent,
une série très bonne, les producteurs décident d’achever le cycle. Changement
de décor : place à l’Espagne.
La couleur de l'argent
Alors
que le diplomate Kuroda Kosaku est à Paris en mission auprès du Ministre
japonais des Finances à l’occasion d'un sommet international du G20, il est
appelé en urgence en Andorre car le cadavre d'un ressortissant nippon y a été
retrouvé. L'homme décédé, un investisseur dénommé Kawashima, est mort d'une
balle dans la tête. Shindo Yuka, une employée de banque qui travaillait soit
disant avec lui, se présente comme la personne qui a découvert le corps mais
elle semble cacher autre chose.
Il ne faut pas en dévoiler plus tant le film
repose sur cet habile de jeux de piste. Le ton
est donné dès la scène d’introduction. Une magnifique descente de ski
sur des pentes noyées dans le brouillard s’achève par le plongeon
(volontaire ?) d’un inconnu dont on apprend l’identité : Kawashima.
Voyage dans le brouillard voilà comment il aurait pu s’appeler tant il nous perd sur des pistes. Il y a en fait trois histoires qui s’entremêlent.
L’affaire Kawashima et de son interprète : magouille financière,
escroquerie, vengeance ? Toutes les hypothèses s’entrechoquent. L’affaire
bancaire qui nous plonge au cœur de l’opacité financière, des liaisons
douteuses avec le crime, le terrorisme et le blanchiment d’argent. L’affaire autour
de Shindo Yuka : elle en sait beaucoup, trop même et nombreux sont ceux
qui veulent sa mort.
Une suite qui brouille les pistes
Voyage dans le brouillard aussi
au niveau du titre. Comme le précédent long métrage (Amalfi mais qui se passait
presque exclusivement à Rome), d’Andalousie il est peu question : pour une
seule séquence vers la fin du film mais ô combien importante car elle fait
basculer toute l’histoire (un peu comme dans le précédent film où le court
passage à Amalfi permettait à Kuroda d’y voir plus clair). En effet
le film se déroule surtout en Andorre (paradis bancaire) et à Barcelone. Grande qualité du réalisateur que de prendre
le contre-pied de l’opus précédent. Qu’est ce qui peut faire moins rêver,
sembler plus calme que cette minuscule principauté coincé entre la France et
l’Espagne ? Il nous propose une
plongée dans ce micro-Etat aberration politico-économique permettant tous les
funestes jeux et compositions financières.
La surprise est le maître mot de
cette « suite ». Résultat s’il conserve le style Kuroda, la
narration, le rythme, le réalisateur modifie le côté course poursuite. Ici pas
de complot politique, pas de traque à travers la ville, mais un jeu mortel
entre des groupes, entre des individus : police, banques. L’histoire tient
beaucoup par les concurrences entre personnages. Entre police/interpol/et Kuroda dont la
mission trouble, le caractère mystérieux gêne l’enquêteur japonais d’interpol.
Entre le passé et le présent de chaque personnage surtout de Kuroda et
son « double » d’interpol : tous trainent une blessure, un échec
passé, qui peut être définitivement soigné par cette enquête.
Il faut ici insister sur la
nouveauté de ce film : le personnage féminin joué par la superbe Meisa
Kuroki. Son rôle est complexe : fragile, manipulatrice, traquée,
charmeuse. Elle offre un vrai rôle de femme forte qui manipule tout son monde y
compris Kuroda. Très difficile d’anticiper jusqu’au dénouement final qui elle
est et pour qui elle travaille. Le film tourne ainsi dans ce jeu de
séduction/affrontement.
Côté réalisation c’est toujours
très propre, léché. Le passage catalan est par exemple somptueux. Comme pour
Rome pas de carte postale juste un amour fou pour les paysages, le son, la vie
catalane qui est évoquée autour de quelques symboles, quelques clins d’œil. Il y
a une classe folle dans tout le film qui réussit le miracle d’être haletant
tout en gardant un rythme lent.
Bilan ANDALUCIA clôt superbement le cycle Kuroda, très original sur son
fond et sur sa forme. Alors meilleur que le 1er non car Rome et ses
paysages sont indépassables. Mais ce second opus est une suite magistrale qui
ne trahit pas l’esprit de la série.
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