que faire du patrimoine de l'époque totalitaire ?

Il est un aspect méconnu de l'époque sombre des régimes totalitaires : leur vision architecturale. Les projets d'urbanisme, de logement ont eu une part intégrante dans la construction de ces dictatures. Marquer les générations actuelles et futures, bannir les styles impurs, imprimer dans la pierre la force du modèle, telles étaient les trois missions confiées aux architecture. Les trois régimes ont défini des projets les plus démesurés. Hitler envisageait de réorganiser complètement Berlin renommée Germania en construisant en son coeur un Grand Dôme ; de faire de Linz, ville d'enfance, une capitale culturelle de son empire en la dotant d'un musée gigantesque. Il a même confié des responsabilités importantes à Albert Speer, architecte devenu ministre de l'armement. Mussolini fit construire pour accueillir l'exposition universelle de 1942 (finalement annulée pour cause de guerre) un quartier tout nouveau, un forum du XXè siècle à la gloire de la dictature : E.U.R pour Esposizione Universale di Roma. Quant à Staline on peut retenir outre le métro de Moscou, les  7 soeurs, 7 gratte-ciel moscovites copiés par la suite dans tout l'empire ou le projet démesuré de Palais des Soviets abandonné pour cause de guerre mais qui entraina tout de même la destruction de l'église occupant le site.

La chute de ces régimes a donné un destin différent à chacun de ces bâtiments. En URSS, hormis la destruction d'effigie, les bâtiments sont restés tels quels. De même à Rome où les bâtiments fascistes abritent des administrations ou des musée dans le cadre de l'EUR. Il n'y a qu'en Allemagne où les traces sont plus rares dues aux bombardements subis par les villes allemandes pendant les années 1943-1945, à des destructions volontaires comme le Berghof  afin de gommer les hauts lieux du nazisme et éviter tout risque de pèlerinage . Seule Nûremberg a gardé trace de ce lourd passé avec le   Reichsparteitagsgelände, terrain du congrès du parti qui a été seulement amputé de son champs de mars. Signe que ce passé reste dur à assumer la polémique concernant le projet de restauration de la station balnéaire de Prora  inaugurée en 1939, abandonnée après guerre, en complexe hotellier  avec une vue imprenable.sur la Baltique