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Miss Japon contre les yakusas

Ce pourrait être un titre de nanar. Il s'agit plus prosaïquement de la prise de position d'Ikumi Yoshimatsu élue miss international 2012, un des plus grands concours de beauté. La jeune femme de 26 ans vient de briser une "loi" du silence en dénonçant publiquement les pression exercées par les yakusas. Absente lors de la remise du prix de la lauréate 2013, elle a clairement accusé la mafia japonaise d'avoir fait pression sur les organisateurs du concours. Ses problèmes avec la pègre remonte à l'année 2011. Soucieux de diversifier ses activités, la mafia s'est très vite intéressée à la jeune japonaise qui fut demi-finaliste de Miss Japon 2007, derrière une certaine Riyo Mori élue la même année Miss Univers (excusez du peu..). Elle a ainsi tenté d'imposer un nouvel agent à la jeune mannequin, Genichi Taniguchi (à la place de son agent américain) et devant les refus de la jeune femme multiplier les pressions et intimidations.

Au de-là de cette histoire personnelle, c'est la place des ces mafias de l'ombre qui resurgit alors que Tokyo vient d'être choisie pour les JO de 2020. Ces yakusas regroupent près de 80 000 membres regroupées en familles puissantes. Malgré des lois successives pendant l'occupation américaine ou en 1992 avec les lois anti-gangs, ces groupes ont non seulement continué à prospérer mais surtout garder pignon sur rue. Si les familles n'ont plus droit d'afficher directement leurs activités criminelles, elles se sont toutes achetées des façades légales :
  •  les Yamaguchi gumi, 40 000 membres et 1er syndicat  se sont renommés : Ligue nationale pour l’épuration des terres . Il s’agissait d’une association charitable à but non lucratif consacrée à enrayer l’abus de drogues. Ce qui dénote une sacré sens de l'humour
  •  L’Inagawa-kai est devenu :  Industries Inagawa
  •  Le Sumiyoshi-gumi devenait l’Entreprise Hor

Il existe une spécificité des yakusas japonais reposant sur un ancien accord tacite avec la police  : les yakusas ayant commis un crime se dénonçant, le refus de violence trop publique. De plus la grande perméabilité entre politique/économie/crimes a permis à ces groupes de s'infiltrer dans tous les rouages de la société : il était fréquent qu'une entreprise pour éliminer une concurrente face appel à eux pour saboter des installations. Yoshi Kodama, le 1er parrain du Japon, fut très lié à  l'homme d'affaire philanthrope et nationaliste  Ryoichi Ssakawa et aux homme politiques du Parti Libéral Démocrate comme Nobosuke Kishi. Le rôle social très original de ces organisations leur a permis d'être tolérées par la populatin : ainsi à Kobé (siège des Yamaguchi gumi) lors du tremblement de terre de 1995, les yakusas ont pallié les insuffisances de l'Etat !! Comme l'est leur "code" moral, le ninkyodo copié sur celui des samouraïs dont le cinéma est friant même s'il fait partie du folklore plus que de la réalité 
  1. Tu n'offenseras pas les bons citoyens.
  2. Tu ne prendras pas la femme du voisin.
  3. Tu ne voleras pas l'organisation.
  4. Tu ne te drogueras pas.
  5. Tu devras obéissance et respect à ton supérieur.
  6. Tu accepteras de mourir pour le père ou de faire de la prison pour lui.
  7. Tu ne devras parler du groupe à quiconque.
  8. En prison tu ne diras rien.
  9. Il n'est pas permis de tuer un katagari (personne ne faisant pas partie de la pègre)

Depuis les années les activités des groupes ont évolué. Des activités traditionnelles (racket, prostitution,  jeux), les yakusas se sont intéressés à l'immobilier, la drogue et surtout toutes les formes de délits/blanchiments à travers la finance. Au point que le premier syndicat aurait un poids financier équivaleur à Toyota. 
La déclaration de miss Yoshimatsu sera-t-elle qu'un feu de paille ? le contexte actuel semble être moins favorable aux mafias. Barack Obama vient en effet de signer un décret incitant les institution financières à se saisir des comptes des groupes criminels. Le gouvernement japonais a récemment placé les Yamaguchi Gumi sur la liste noires des organisations criminelles internationales. Plus important l'accord tacite entre la populatin et les yakusas se délitent du fait de la propension des jeunes yakusas à ne plus respecter la règle n° 1 : ne pas offenser les bons citoyens.

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