Toyko 2020, pour la 3è fois le Japon accueille les JO après les jeux d'été de 1964 et d'hiver en 1998 à Nagano. Pour une fois cette attribution ne soulève aucune critique (Pékin 2008), n'est entachée d'aucune rumeur de scandales et de corruption (Londres 2012), ni d'incertitudes sur la sécurité des sportifs (Rio 2016). A bien des égards le CIO a choisi la sécurité : financière en écartant Madrid et l'Espagne de la dette ; politique en n'éliminant Istanbul et le vent contestataire et en manquant peut être un rendez vous historique avec les pays musulmans. Pour Tokyo, c'est l'occasion de se relever de Fukushima, de montrer l'image d'un
Japon renaissant à nouveau de ses cendres. Mais qu'en est-il exactement des retombées ?
En terme de politique, l'impact des JO est ambigu. D'un côté le CIO s'est toujours accordé avec les contraintes démocratiques. Les JO de Pékin, de Séoul en 1988 un an à peine après la fin de la dictature, de Mexico en 1968 quelques mois après le massacre des étudiants le rappellent. Il ne faut pas oublier qu'au sein de ce CIO siégeaient des personne comme Juan Antonio Samaranch ancien membre de mouvement franquiste et soupçonné de népotisme et corruption. Les phénomènes de boycott même pendant la guerre froide n'ont jamais empêché la tenue des JO, Moscou en 80 par exemple. D'un autre côté les JO sont devenus volontairement ou involontairement le réceptacle des soubresauts du monde : Séoul 1988, Barcelone 1992 symboles de deux jeunes démocraties naissantes ; Mexico 1968, Munich 1972 rentrés dans l'histoire pour le bras levé des black panthers et la tuerie des otages israéliens. Et ces jeux de 2020 offre au Japon l'occasion de révéler le dynamisme retrouvé de son économie, de montrer le "cool japan" et surtout la place essentielle de l'Asie dans l'économie monde.
L'impact médiatique est lui indéniable. Les audiences des JO sont vertigineuses et rappelons qu'en 1964 les jeux avaient provoqué un boom dans la vente des téléviseurs. La bourse de Tokyo se s'y est pas trompée car dès l'annonce de la sélection de Tokyo elle a bondi de plus de 2,5 %. Ces JO seront en outre l'occasion idéale pour lancer de nouveaux produits multimédias.
En terme économique l'impact est beaucoup plus complexe. Rappelons que Montréal ville hôte en 1976 n'a fini de payer la dette contractée pour organiser l'événement que 30 ans plus tard, que la Grèce ne s'est toujours pas remise du coût des JO de 2004 (5% de son PIB à l'époque). En moyenne le coût des JO excède de 176 % le budget initial d'après une étude d'Oxford, et dans un Japon où la dette représente 230 % du PIB, cela laisse songeur. Sans oublier l'avenir des infrastructures une fois les compétitions achevées (ex à Albertville). Alors certes le budget présenté par les Japonais est très modeste : 3,5 milliards soit 3 fois mois que celui de Londres; 10 fois moins que Pékin. Les organisateurs misent sur un boom de la construction, du tourisme, des services : 20 milliards de retombées espérées. Tout ceci est positif. Mais s'il faut trouver de vraies retombées, elles se situent surtout dans la modernisation des transports, de la signalétique favorable aux acteurs économiques et aux touristes (Tokyo présente désormais un affichage en japonais et en anglais) et dans la confiance qu'engendrent
ces manifestations dans l'inconscient collectif. Comme toute l'économie repose sur la confiance, c'est peut être là que le gouvernement japonais peut espérer trouver les sources d'un rebond de son économie.
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