A redécouvrir

une suite réussie ?

Une série de qualité


La chaine de TV Fuji pensait-elle marquer aussi durablement les esprits lorsqu’elle a sorti sur les écrans en 2009 le premier volet des aventures du diplomate Kuroda pour fêter ses 50 ans ?  succès commercial et critique, le film a poussé la chaîne à rebondir sur le succès en lançant en 2011 un drame, une série Diplomat Kosaku Kuroda. Alors simple exploitation du filon ou œuvre indépendante ?

Une intrigue passionnante
Premier intérêt de la série, sa longueur : 11 épisodes de 50 minutes environ. Assez long pour développer une intrigue sans trop tirer sur sa longueur. La série prend son temps au sens noble du terme. L’intrigue se développe a deux niveaux : les affaires diplomatiques courantes de Kuroda et une enquête plus complexe, plus sombre centrée autour d’un ami de Kuroda, Shimomura directeur d’une ONG et suspecté d’avoir empoisonné un médecin. Si le second axe est le cœur de la série, les petites affaires sont essentielles dans l’introduction de personnages importants. Ainsi dans l’épisode pilote Kuroda croise à San Francisco Mikami Shoko, la Vice-Ministre des Affaires Étrangères à qui il « sauve » la vie et dont l'influence grandit au cours des épisodes. Jamais donc ces affaires ne jouent le rôle de bouche-trou utilisés pour remplir de la pellicule.


Deuxième intérêt la réalisation. Si le réalisateur a changé, l’esprit de l’œuvre original a été conservé. La série se partage entre Etats Unis et Japon et met en scène le monde très opaque de la diplomatie. Elle est l’occasion d’égratigner le monde politique japonais. Comme dans le film original  elle tourne autour d’une affaire de corruption impliquant le monde pharmaceutique et médicale. sans  pour autant être un copier/coller. Elle se construit comme une enquête autour de Shimomura prétendu coupable, prétendu mort par suicide mais dont on retrouve la trace au Japon. L’homme semble poursuivre un but étrange soutenu en sous-main par des officiels d’Amérique du Sud. La série surprend par la simplicité de ses choix artistiques : pas d’effets spectaculaires outranciers, beaucoup de réalisme dans les scènes d’action.  Ainsi même dans l'épisode final où la tension atteint son paroxysme, la violence est verbale, psychologique non visuelle.

Des personnages riches
Le troisième intérêt de la série concerne la profondeur apportée aux personnages. D’abord Kuroda. La série revient largement sur son passé, sur ses liens avec les Shimomura. Collègues  à l’ambassade de Mexico,  Kuroda a échoué à résoudre la prise d’otage de l’ambassade qui a abouti à la mort «accidentelle » de l’épouse de son ami. Il semble porter cet échec sur ses épaules et l’on comprend dès lors son détachement, sa volonté de ne pas s’attacher ni se fixer. De même la  série insiste sur le double voir le triple jeu de Kuroda : diplomate, enquêteur mais aussi agent infiltré au service d’un service de sécurité japonais.  Le personnage sans être noir accentue sa part d’ombre : pour qui travaille-t-il vraiment ?


 D’autre part la série met en avant d’intéressants personnages féminins. La  jeune collègue maladroite rencontrée dans le film amalfi devient un élément essentiel, compétent, drôle. Elle est l’occasion d’envoyer quelques tacles au machisme ambiant dans la société japonaise. De même la vice-ministre occupe une place importante, ambitieuse, manipulatrice même  et en proie aux luttes entre lobbys. Un mot aussi sur la fille de Shinomura, très beau rôle fait de fragilité et de doute sur l’amour paternel. Dans la galerie de personnages, un mot sur une guest-star,  le coréen Lee Byeong Heon, vu dans la série Iris ou dans le film le bon, la brute et le cinglé. Il ajoute une touche de classe, de séduction mystérieuse, une sorte double de Kuroda. Très bon choix d’acteur qui ajoute au côté cosmopolite de la série.

Au final une très bonne série, très japonaise dans son rythme, qui tout en capitalisant sur  le succès du film, lui offre un vrai développement. Peut-être pourrait-on lui reprocher son côté large public lui interdisant de montrer une certaine forme de violence. En tout cas le risque était grand de tomber sur une trahison de l’œuvre originale, les producteurs l’ont évité  avec brio.

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