Je vois d'ici vos regards inquiets. Incheon, Taïwan ? quel rapport, aurait-il perdu tout sens de l'orientation ? Que nenni. Retour sur un guerre méconnue, the forgotten war pour les américains et sur les effets géopolitiques inattendus.
Juin 1950, après des mois de provocations de part et d'autre, la république de Corée du Nord envahit le Sud. Le statut de la péninsule depuis la défaite japonaise ne convient à personne. Divisés, antagonistes politiquement, les deux Etats affirment leur volonté de se réunir et c'est la Corée du Nord qui franchit le pas, soutenue plus que poussée par l'URSS qui vise des objectifs plus vastes : détourner l'attention des Occidentaux de Berlin, impliquer indirectement la jeune Chine maoïste. Dès le surlendemain, l'ONU condamne l'invasion et une semaine plus tard autorise les pays membres de l'ONU à intervenir grâce à l'absence de l'URSS qui pratique la politique de la chaise vide depuis que le siège de la Chine au conseil de sécurité est dévolu à Taïwan.
|
division nord coréenne |
L'attaque nord coréenne balaie les forces sud-coréennes ainsi que les premières formes américaines débarquées pour une opération de police. Plus entraînée grâce à sa lutte dans les maquis communistes et la guerre à côté de Mao, motivée et endoctrinée, les divisions rouges, en particuliers les divisions blinbdées opèrent des percées spectaculaires mélangeant les principes de l'art opératif et les tactiques d'infiltration propres au relief de la péninsule. Le sud-coréens sont refoulés, Séoul prise en quelques jours. Les premiers renforts américains sont aussi sévèrement étrillés : débarqués du Japon ils pensaient réaliser une simple opération de police. Il ne reste plus qu'une maigre poche de résistance autour de Pusan qui devient un camp retranché. Profitant de la proximité du japon transformé en arsenal, dépôt et porte avion insubmersible, la logistique américaine se met en place et bloque les Nord coréen. La chanson veut que les lignes de logistiques s'étirent et que les forces de l'ONU ont un quasi contrôle des airs bombardant sans discontinuer ses minces lignes de ravitaillement. Les divisions du Nord après des semaines de combats incessants sont à bout de force.
|
Marines à Incheon |
Germe alors dans l'esprit du général MacArthur un plan audacieux. Débarquer à Incheon et prendre les troupes nord coréennes par surprise. Une manoeuvre sur les arrières que n'aurait pas renié le grand Napoléon. L'expérience acquise pendant la guerre du Pacifique et la maîtrise des mers sont les atouts de la manoeuvre préparée en secret. Il faut toute l'aura du gouverneur du Japon pour emporter la décision. Trop sûrs d'eux mêmes, les coréens négligent les rapports des services de renseignement chinois et se font surprendre. Le débarquement, le miracle d'Inchon est une réussite totale. Séoul est reprise, les divisions nord coréennes se replient. Le 38è parallèle est franchi et l'armée de l'ONU fonce vers la frontière Nord de la Corée du Nord.
C'est alors qu'intervient fin octobre 1950 la Chine. Pour protéger son allié un peu, un peu pour les barrages nord coréens du fleuve Yalu qui alimentent son industrie de Mandchourie, un peu pour rendre la pareille aux camarades nord-coréens qui ont combattu dans l'armée communistes pendant la guerre civile, un peu aussi pour montrer à Moscou sa fidélité. 500 000 volontaires chinois passent la frontières et rétablissent le front. Près d'1,5 millions de soldats chinois périront pendant cette guerre dont l'un des fils de Mao.
|
volontaires chinois de l'Armée Populaire de Libération |
Quand l'armistice est finalement signé le 27 juillet 1953, la situation est revenue à son point de départ. Pas de vainqueur ? Si l'URSS pour des raison diplomatiques : pour la Chine, les USA deviennent l'ennemi héréditaire. Surtout Taïwan qui voit s'éloigner le spectre d'une invasion communiste. En effet en 1950 nul doute que les nationalistes auraient été incapables de repousser l'invasion que Mao planifiait comme l'a montré la conquête de l'île de Hainan en 1950. Or engagé en Corée, Mao épuise ses forces et son économie. Il n'a plus les moyens de tenter le débarquement. De plus l'intervention américaine en Corée rassure Taïwan : les Etats Unis ont clairement montré qu'au-là d'une ligne rouge, la politique d'endiguement impliquait une intervention militaire massive. Taïwan gagne donc sa tranquillité, le spectre de l'invasion s'éloigne même si face au voisin chinois des conflits sporadiques pour une poignée d'île vont éclore au milieu des années 1950.
Commentaires
Enregistrer un commentaire