A redécouvrir

Critique de Amalfi, rewards of the godess: God bless Japan

Bon baiser d'Italie


Il existe de ces films que l'on choisit sans trop s'attendre pourquoi.  Un titre étrange, un projet dont on ne sait pas trop penser, des acteurs inconnus et vous vous dites : ça occupera la soirée.
C'est un peu dans cet état d'esprit que j'ai regardé Amalfi : reward of the godess d'Hiroshi Nishitani (2006). A dire vrai je connaissais un peu le réalisateur pour avoir apprécié son polar Suspect X. Mais son nouveau film semblait trop beau pour être vrai. Un thriller politique japonais se déroulant en Italie dans deux de ses plus magiques sites, Rome et la côte Amalfitaine. De quoi rappeler les trop nombreuses productions hollywoodiennes se révélant  vite des films promotionnels à la gloire de l'office du tourisme du coin.
Quelle claque à la fin des 2h 05  de visionnage

Jeu de piste à Rome

Kuroda Kosaku  est un diplomate chargé d'assurer la sécurité de ses concitoyens à l'étranger. En mission à Rome pendant le G8, il est chargé d'aider une touriste japonaise dont la fille a été enlevée pendant la visite du musée. Obligée de collaborer avec la police locale, il doit très vite agir seul et démêler cette ténébreuse affaire dont les ramifications l'entraîneront au bord du chaos.


Ce qui domine dans le film c'est la qualité exemplaire du scénario, limpide, complexe, bien mené. L'affaire dans l'affaire prend un tour éminemment politique et la machination brillante se découvre lentement. Beaucoup de détails échappent au début au spectateur, des personnage secondaires, de simples figurants croit-on. Le film se construit selon deux schémas. D'abord le jeu de cache-cache entre les ravisseurs et la police dans Rome puis entre Rome et Amalfi. Le réalisateur évite tous les écueils du genre : scènes répétitives, intrigues cousues de fils blancs. Il nous embarque dans cette course poursuite, multiplie les scènes de double, les fausses pistes comme la fin où il égare volontairement le public entre l'ambassade et le palais présidentiel. Ensuite l'itinéraire de Kuroda diplomate chevronné, un peu suffisant et sûr de son instinct. D'abord peu passionné par cette affaire, il s'y plonge par compassion pour la mère et aussi par orgueil au point de se faire déborder par l'ampleur du complot qui égratigne d'ailleurs l'image du Japon et de sa classe politique.

Gloire à la ville italienne
Le film est remarquable par l'écrin : Rome et Amalfi. Il y a de l'amour pour ces deux villes à chaque seconde. Ce n'est pas une ballade touristique mais une déclaration d'amour à l'Italie : Rome n'a jamais été aussi bien mise en valeur (même dans Anges et Démons). C'est d'Italie dont nous parle, avec le son, la démesure, la poésie du pays. Par certains côtés on retrouve toute la délicatesse des anime japonais de Miyazaki qui prennent souvent comme cadre l'Europe. Rome de jour, la nuit, l'hiver. Amalfi... C'est simple, c'est beau, c'est magique. Et petit clin d'oeil sonore - la chanson Con te Partiro d'Andre Bocelli- sert de thème au film. Et cela passe très bien, on redécouvre même cette chanson splendide. Appliquée à la beauté romaine, à la force de l'intrigue elle redevient magique.


Quant aux acteurs, c'est la classe à l'état pur. Le personnage central Oji Oda incarne la perfection, une élégance inégalée (un Denzel Washington japonais), un jeu juste, posé, calme, maîtrisé. Il nous emporte à chaque seconde. Amami Yuki livre une excellente partition de la mère : triste, manipulatrice, perdue. Elle offre un contrepoint à la toute puissance du héros dont elle révèle les failles. Toda Erika; l'assistante de Kuroda est somptueuse dans son composition faite de maladresses, de timidité et de professionnalisme. Les acteurs secondaires sont tous très bons et mention spéciale aux italiens : une sacrée direction d'acteurs a dû s'imposer pour passer du Japonais à l'Italien sans fausses notes.

Vous l'aurez compris ce film fait partie de ces grandes oeuvres qui font aimer le cinéma. Le Japon ne s'y est pas trompé puisque suite au succès critique et commercial du film, un drama (voir la chronique bientôt) a été réalisé et une suite Andalucia : revenge of the godess a été produite en 2011.

Commentaires