A redécouvrir

Le dernier vol du magicien

        C'est par un au revoir plein d'espoir que j'ouvre le premier article de ce blog. Le 22 janvier 2014 sortira enfin sur les écrans français le dernier et ultime long métrage du réalisateur japonais. La troisième annonce de sa retraite qui semble cette fois-ci définitive. Grande tristesse d'imaginer les années futures sans la magie visuelle de cet artiste célébré, admiré et pourtant toujours en retrait de la "starification". Ce que représente Miyazaki, il n'y a qu'à égrener le titre de ses oeuvres : Totoro, Porco Rosso, Laputa, Mononoké ou encore Chihiro. Des oeuvres atypiques vues d'occident, oniriques, contemplatives, profondes et optimistes s'adressant à tous les âges. Que ce soit l'hymne à l'enfance (Totoro), la dénonciation de la guerre (Porco Rosso) ou les ravages de l'homme sur la nature (Nausicaa), Hayao Miyazaki évite toujours le manichéisme simpliste ou la violence excessive. Tout est distillé par touche comme une estampe, suggéré, dévoilé. Aucune de ses oeuvres n'est identique. Des thématiques se retrouvent : la nature, le rejet de la guerre, l'accomplissement personnel, la magie de l'enfance. Et néanmoins film après film la magie opère.
          Ce 22 janvier sera donc un adieu et le maître nous a gâté. Les première images sont belles, somptueuses. Il retrouve l'univers qui a constitué le décor de ces oeuvres qui m'ont plus marqué : LAPUTA et surtout PORCO ROSSO. Le monde de l'aviation. Une univers qui a baigné la jeunesse de l'auteur puisque son père et son oncle dirigeaient une entreprise produisant les gouvernes  de zéro. Biographie donc mais aussi autobiographie. Comme dans toutes ses oeuvres, sa vie personnelle est toujours présente à  l'arrière plan. Dans le magique Totoro, la maladie de la mère des enfants fait écho à la longue maladie de la mère de Miyazaki. Le message renforce l'attrait du film : une biographie du concepteur du chasseur mitsubishi zéro qui forma l'épine dorsale de l'aéronavale nippone pendant la guerre d'Asie Pacifique de 1931-1945. Dans un climat de tensions accrues entre Japon-Chine sur la question des îles Senkakku, de débats nationalistes sur la mémoire de la guerre qui empoisonnent régulièrement les relations entre Japonais, Coréens et Chinois, traiter de cet ingénieur pouvait ressembler à jeter de l'huile sur le feu des conflits de mémoire. Mais rien de tel ici comme le titre le souligne : le vent se lève, le vent des drames qui allaient emporter le Japon dans la folie belliciste, le vent de la destruction du tremblement de terre de Kanto à Hiroshima. Miyazaki a vécu la guerre A voir les premiers teasers, il y a une boucle qui relie Kaze Tachinu à Porco Rosso (que je chroniquerais bientôt) décrivant les aventures d'un ancien pilote de guerre dans l'Italie basculant dans le fascisme.
           Ce 22 janvier je vais rire, rajeunir, pleurer et remercier le magicien de m'avoir ensorcelé pendant 40 ans.

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