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Dongtan, la cité verte s'arrête au rouge

C'est en 2005 que la république annonce le lancement d'un projet pharaonique, ambitieux et hors norme. Dongtan, cité située à l'Ouest de la Chine sur le fleuve Yangzi, près de Shanghai, devait devenir la première cité écologique : chaque bâtiment construit selon des normes nouvelles auraient consommé 70 % d'énergie en moins que les tours de Shanghai, les habitants se seraient nourris de légumes bio, la ville aurait fonctionné aux énergies renouvelables et aux transports en commun propres. 25 000 habitants auraient dû y prendre place en 2010 et 500 000 en 2040. La date de 2010 coïncidant avec l'exposition universelle de Shanghai. 

8 ans plus tard le projet est mort, seule a été ouverte la réserve ornithologique. Pourquoi ce fiasco ? des raisons de politique interne évidemment avec la condamnation à 18 ans de prison de Cheng Liangyu, chef de file du parti communiste à Shanghai (la clique de Shanghai) et porteur du projet. Plus profondément une remise en cause non de l'impératif du durable mais de se mise en application. Construire une ville ex nihilo est une vraie arme de communication mais n'est pas la solution. Comme l'ont très bien expliqué les architectes consultés pour le projet du Grand Paris, il ne s'agit plus de détruire, de construire mais de modifier l'environnement actuel pour l'adapter aux nouveaux besoins. Dongtan se définissait comme  la première étape avant de toucher au noeud du problème : les villes chinoises qui ont le triste record d'être les plus polluées au monde. Au delà d'un effet de communication le projet ne paraissait pas tenable, utile.  Peut être aussi faut-il envisager des problèmes techniques autour de l'eau, de la qualité de l'air sans oublier le financement du projet dont  l'investissement initial se montait à seulement 700 millions d'euros.
La fin de Dongtan ne signifie pas l'abandon des projets d'éco city : un projet doit voir le jour à Abu Dhabi à Masdar piloté par l'architecte Norman Foster. Il ne signifie pas un ralentissement de la politique verte en Chine qui a connu des progrès spectaculaires en 10 ans. Il faut plutôt l'interpréter comme un recentrage. Le durable devient un enjeu financier colossal or beaucoup de projets ne portent de durable que le nom, coûte énormément cher (projet nexity en France) et ne propose pas de solution réellement durable c'est à dire accessible pour la majorité des citoyens. Dongtan restera un mirage dont on peut encore voir  les merveilleuses esquisses.

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