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Comment j'ai aimé l'animation japonaise

On ne dira jamais assez l'influence de la Chaîne CanalPlus au début des années 90 dans la formation d'une culture cinématographique. En ce temps, la chaîne cryptée centrait sa stratégie de communication sur le 7è Art, sur tout le 7è Art. Le journal des abandonnés s'apparentait ainsi à un mini magazine de cinéma proposant des chroniques sur chaque film du mois, les block Busters et aussi les films méconnus étrangers et les nanars. L'émission cinéma de quartier du Grand Jean Pierre Dionnet offrait des analyses fines sur des films rares, des séries B.  C'est danc ce bouillonnement culturel que l'animation japonaise a fait une timide mais décisivie entrée.
Comme toute la jeunesse des années 80, les mangas du club dorothée m'ont bercé mais avais-je conscience de leur origine japonaise, pas sûr. Et à l'adolescence ces dessins animés étaient de doux souvenirs au moment où débarque la première Bombe Akira de Katsuhiro Otomo. Une petite chronique (un quart de page dans le magazine des abonnés je crois) et une photo, voilà ce qui a retenu mon attention. La surprise fut immense. Le film de science fiction absolu, un anime pour adultes dont j'avais vaguement entendu parler, en mal surtout dans la presse française. Il est difficile de décrire ce qui  a retenu mon attention Je crois que ce fut la musique, les premières  note d'unes OST fulgurante, mélange de percussions, de chants typique et de composition moderne. La scène d'ouverture, course poursuite et guérilla urbaine entre bandes de motards a achevé de me capter. Le reste ce sont deux heures d'un vertige visuel, d'une histoire dense, complexe (dont je n'avais pas saisi l'enjeu et qui nécessitera encore quelques visionnages), steampunk, post apocalyptique. Ce que le cinéma de nous donnait pas (il faudra attendre Matrix), Otomo l'imprimait à chaque seconde sur ma rétine. Les personnages sont devenus dès lors des figures iconiques : Kaneda, Tetsuo, Kay. La beauté du dessin, le description du Néo Tokyo, mégalopole du futur tiraillée entre dictature, ghettos, milices et explosion démographique résonnait d'autant de thèmes modernes. A la fin, pas de happy end mais une ouverture et une sensation de spleen jamais ressentie. L'écran éteint il ne restait plus qu'une chose  à faire : attendre la prochaine diffusion, découvrir l'univers du manga papier et apprendre que le film loin d'être une adaptation live se présentait comme une autre version de l'histoire. 

Et quelques années plus tard se présente Porco Rosso de Miyazaki. Le magazine lui a consacré une page entière, des photos splendides, une chronique dithyrambique. Je suis prêt, exigeant et dans l'attente d'une possible déception (quand on vous promet monts et merveille). Le choc est à la hauteur de l'attente. Le film est beau, tendre, drôle, profond, poétique. Sur fond d'Italie fasciste, nous suivons les tribulations d'un chasseur de pirates des air aux grand coeur, ensorcelé pendant la guerre mais qui refuse de se soumettre aux légions de l'ordre noir. Le décor d' l'Italie est un ravissement de tous les instants, les îles, les villes, le Ciel. Miyazaki aime l'aviation et il le prouve. Il aime encore plus l'Europe et cela se voit. Les personnages forment un tableau complexe et non manichéen entre Porco Rosso le solitaire au coeur tendre, les Pirates de l'Air douces brutes, Curtis l'ambitieux maladroit, les femmes, quelles femmes, deux caractères qui font ce qu'elles veulent des hommes. Il faut un instant s'arrêter sur les rôles féminins loin des standards américains. :  gravité incarnée par la veuve de pilote, amoureuse secrète du héros éponyme ; grande énergie et courage chez la jeune ingénieur.  La musique accompagne merveilleusement l'ensemble (le temps des cerises !!!!) et sans oublier la VF. Je vais être sacrilège mais elle dépasse la VO !! Jean Reno prête parfaitement sa voix grave au personnage central et tous les autres doubleurs sont une dream team. C'est simple je n'ai vu le film qu'une fois en VOST, je ne peux m'y faire.

En deux films je tombais dans le bras de l'animation japonaise et depuis je n'ai jamais touché terre.

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