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Hiroshima

Hiroshima il y a 70 ans
Ce 6 août 1945 ce n'est pas une bombe qui est lâchée sur Hiroshima mais la "bombe" dont la puissance, l'aspect, les effets font entrer la guerre dans une autre sphère psychologique et morale. Little boy lancé depuis Enola Gay a la puissance de 16 000 tonnes de TNT. C'est l'aboutissement d'un projet initié le 9 octobre  1941 et confié au physicien Oppenheimer dans le cadre de l 'opération Manhattan définie en septembre 1942.  Le 16  juillet 1945 à 5h 30 le premier essai atomique est réussi à Los Alamos et le 17, Truman somme le Japon de capituler sans condition. Dès le 20  juillet des attaques d'entraînement avec des bombes factices ont lieu sur le Japon. 


La bombe  fonctionne sur le principe que certains noyaux de métaux lourds comme l'uranium 235 ont la particularité de se scinder en deux ce qui conduit une infime quantité de matière à émettre une forte quantité d'énergie et à l'émission de neutrons qui peuvent casser d'autres noyaux. A condition de posséder une masse dite critique d'uranium 235, il est possible d'augmenter la production de neutrons générant une réaction en chaîne multipliant les fissions et l'énergie émise devient alors exponentielle. Afin de contrôler cette réaction la masse critique à l'intérieur de la bombe a été scindée entre un projectile de 39 kg et une cible de 26 kg placés aux deux extrémités d'un tube de 1,8 mètres. A 9500 mètres d'altitude la bombe est larguée et 43 secondes plus tard c'est à dire à 600 mètres d'altitude le détonateur déclenche la charge qui propulse le projectile d'uranium vers la cible à une vitesse de 300 mètres par secondes. 1,7 % de la masse d'uranium entre en fission ce qui suffit à produire une énergie considérable.  

On ne saura jamais le nombre exact de morts à Hiroshima : de 90 000 à 160 000 victimes sur les 350 000 habitants, une fourchette large car si une partie des victimes furent vaporisées quelques secondes après l'impact, d'autres moururent dans les jours, les semaines voire les années des effets des radiations. Dans un rayon de 3,5 km autour du point d'impact, tout le monde a été tué et les incendies s'étendent sur 11 km². Au sol l'impréparation est totale. Shuntaro Hida médecin raconte qu'ils ne sont que trois médecins pour 30 000 blessés. En déplacement à 7 km de la ville, il voit une lumière blanche, sent une chaleur intense et voit de violentes rafales de vent s'abattre sur le village renversant les panneaux de bois. Sur place c'est l'horreur, les cadavres s'empilent et les blessés s'amassent : on ne sait pas bien les soigner, on les badigeonne d'acide borique alors qu'aujourd'hui on se contente de les laver sans rien mettre sur la peau.


Pourtant dans les jours qui suivent l'état de certains blessés s'améliorent : les nuées de mouche et d'asticot dévorent les peaux gangrenées et nettoient les plaies. Mais soudain les patients sont atteints d'un mal soudain : forte fièvre, hémorragie, tâche sur la peau, pourrissement de la peau, chute des cheveux. Ce sont les premiers effets des radiations que les médecins associent à une épidémie de typhoïde ou de dysenterie. Ce n'est que quelques jours après que la radio impériale parle de bombe atomique, un terme inconnu. Les médecins découvrent aussi avec horreur que des personnes non touchées par la bombe meurent à leur tour tel cet homme protégé de la bombe par son abri au fond de son jardin qui après avoir fui sa maison y  retourne pour sauver ce qui peut l'être. Il se lave dans le puits de sa cour et aperçoit des cloques sur sa jambe : ce sont les radiations résiduelles qui vont emporter des milliers de vies. Et puis les médecins vont découvrir une troisième vague de malades, des gens sans symptômes apparents mais très fatigués éprouvant une lourdeur qui les force à rester couchés jusqu'à leur mort. Ce sont encore les radiations et les médecins observent que chacun réagit différemment. Ainsi deux lycéens étaient à 2 km de l'impact, l'un est mort au bout d'une semaine l'un est toujours en vie en 2015. Et pour les survivants le drame n'est pas terminé car dans le Japon de l'après guerre ceux qui portent les stigmates de la bombe deviennent les Hibakusha stigmatisés par leurs compatriotes qui se méfient de leurs blessures supposées contagieuses et héréditaires.

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