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puella magi madoka magica the beginning critique

Cette critique commencera par des remerciements tout droits dirigés vers l'équipe du podcast Lol Japon qui a consacré un numéro aux magical girls. Rien de bien gaulométrisant à la base que ces séries pour jeunes filles manquant cruellement de testérone. Mais leurs avis enjoué sur la série madoka a attiré ma curiosité. Et quelle ne fut pas ma surprise à la fin du visionnage du premier long métrage. Loin de l'oeuvre naïve et simpliste, ce film m'a laissé dans l'attente de voir le suivant. Explications.




L'histoire ne déroge pas aux règles classiques de ce type d'oeuvre. Madoka Kaname mène une vie paisible au collège Mitakihara en compagnie de ses amies Sayaka Miki et Hitomi. Un jour de cours, une nouvelle élève est transférée dans la classe de Madoka et ses amies. Elle se prénomme Homura Akemi. Peu de temps après, Madoka tombe nez à nez avec une créature se faisant appeler Kyuubey fuyant Homura, usant de pouvoirs pour la détruire. Madoka ne se doute pas que cette rencontre va chambouler sa vie et la faire entrer dans un monde de magie. Ce résumé (du site nautijon) inscrit le film dans une trame narrative simple en apparence ressemblant aux autres séries du genre (Sailor Moon par exemple). Mais c'est sans compter avec le réalisateur Gen Urobuchi, auteur de visuel novel plutôt dark. Et c'est là toute la magie sans jeu de mots de ce film : en reprenant les codes narratifs du genre, Urobuchi va les faire exploser et conduire le spectateur dans des trésors de réflexion. Car le destin des magical girl est écrit dans un style digne de Faust. Chaque élue obtient des pouvoirs et la réalisation d'un voeu mais elle le paye d'un sacrifice sans prix. Et cette lente révélation transforme la série en drame. Elles peuvent aider le monde, le sauver même, ça n’empêchera pas le destin de commettre ses horreurs. Le destin est une très forte composante de tout le récit d’ailleurs. Les personnages sont liés à ce destin horrible qui les enchaine. Chacune d'elle devient une marionnette dont la lutte ne sert qu'à retarder l'inévitable. Et ce qui est très fort dans ce premier film c'est l'omniprésence de la mort, d'une héroïne, des humains. Il est très sombre montrant comment les créatures des ténèbres, les sorcières manipulent les vivants, les forcent à se suicider. Gen interroge derrière le vernis de son histoire de magical girls toutes les peurs, les dérives de la jeunesse. Son oeuvre décrit ce moment difficile du passage à l'âge adulte. Mais il va encore plus loin car à l'image de Madoka ce pouvoir n'est pas un désir mais parfois un choix forcé pour sauver un être aimé. Il règne une ambiance de fatalisme fort dans tout ce premier film, de quasi malédiction. Et Gen mène une véritable déconstruction de la figure de la magical girl  l'espoir, l'optimisme sont contrebalancés par la mélancolie, la brutalité. Une face lumineuse et une face sombre dans laquelle tombe certaines élues.
 Cette histoire riche shakespearienne sur le fond profite d'une réalisation formelle époustouflante. D'abord il y a la surperposition permanente entre le monde réelle et celui des sorcière parfois très dark, parfois hyper lumineux, colorés. Le film dispose en effet d'un design exceptionnellement riche et travaillé. Le monde des sorcières rappelle les mondes fantasmés d'un écrivain sous acide. Une tornade de couleurs et de musique, des formes entremêlées qui défient la logique. Le charadesign réussit à confirmer ce décalage entre le monde pur, doux des héroïnes et l'univers oppressant, pesant de leurs ennemis. On ne s'attend pas dans une oeuvre de ce type à autant de prise de risques visuels. De plus l'animation est sans faille, nerveuse dans les scènes de combat, fluide et parfaitement maîtrisée. Elle réussit à alternetrdes scènes de fight virevoltantes, toujours originales et des moments de pure réflexion. Et c'est d'ailleurs une des choses qui frappent après le visionnage : le nombre de scène iconiques, belles et touchantes de la transformation d'élue, à la découverte de leur enveloppe. Gen a réellement fait entrer son film dans le cercle restreint des oeuvres de référence. Une mise en scène grandiose qui ferait presque oublier que le film n'est qu'un résumé de la première moitié de la saison 1... Il faut aussi mentionner le travail de la compositrice Yuki Kajiura qui nous offre un score de haute volée alternant les passages inspirées de la musique classique et des musiques plus denses, chargées nerveuses. Ce qui marque c'est aussi des décalages entre la musique choisie (des flûtes par exemple) et la scène visuelle (des batailles).

Au bout de deux heures Puella Magi Madoka Magica se hisse au rang d'oeuvre qui réinvente le genre. Ce premier opus atteint des sommets de profondeur narrative. Une seule hâte : voir la suite.


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